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1 décembre 2009 2 01 /12 /décembre /2009 14:26

René Madec nait le 27 février 1736 à Quimper. Il est le huitième enfant de François Madec et Marie Corentin Mélin. Son père est à la fois maître maçon et maître d’école tandis que sa mère tient une petite auberge.


On sait peu de choses de son enfance qui se passe à Quimper et tout au plus peut-on imaginer que le jeune garçon rêve d’aventures en mer, cette mer si bleue qu’il voit chaque jour.


Mais au XIX° siècle l’enfance ne dure pas longtemps. Son père décide que son fils sera marin et à 9 ans il effectue son premier voyage en bateau sur un caboteur bordelais qui transporte du vin. Il sera ainsi absent 4 mois.


Son père l’oblige, à son retour, à suivre des cours d’hydrographie et de navigation ; il espère que son fils pourra un jour intégrer, comme officier, la Bataillon de l’Orient et de la Compagnie des Indes. Mais le jeune Madec n’est guère attiré par ces cours et rêve de partir loin de sa famille et de vivre sa vie.


Il n’a que 11 ans lorsqu’il fait son deuxième grand voyage à bord de "La Valeur", un bateau négrier qui transportera des esclaves du Sénégal à St-Domingue.


A 15 ans (nous sommes en 1750), il s’embarque, sans prévenir ses parents, sur "l’Auguste" pour un long voyage de 6 mois qui le mènera de Lorient à Pondichéry.


René est subjugué par ce qu’il voit à Pondichéry, l’ambiance qui règne dans ce comptoir français. Il s’habitue facilement à la foule et apprécie la gentillesse des tamouls.  Il est impressionné par la demeure de Dupleix.

Il rentre à Quimper mais n’y restera que 8 mois. Il ne pense qu’à une chose, retourner sur la côte de Coromandel.


En 1752, il s’embarque sur « Le Lys » et retrouve Pondichéry. Il s’engage comme cadet dans les troupes de Dupleix. Nous avions évoqué la situation des comptoirs français à cette époque dans l’article consacré à Dupleix ; nous sommes juste avant la révocation de Dupleix (1754) et Dupleix multiplie coups de force et intrigues pour prendre le pas sur les anglais.


René Madec découvre la guerre ; il participera au siège de Madras (Chennai) et sera fait prisonnier. Plutôt que  d’espérer une évasion incertaine, Madec accepte de s’enrôler dans les troupes anglaises et est envoyé au nord-est de l’Inde. Mais quelques mois plus tard, il « file à l’anglaise » et s’engage comme mercenaire à la solde du prince Shuja, d’origine persane. Madec découvre la ville sainte de Bénarès.


Très marqué par les traditions et coutumes locales, il porte la tenue traditionnelle composée d'une longue tunique, d'un pantalon bouffant et d'un turban. Au contact des Indiens il apprend leur langue.


A 28 ans, Madec devient un véritable chef de guerre. Il constitue une armée de 1.500 combattants dont une centaine d'Européens. La fortune commence à sourire au jeune Breton qui, quelques mois plus tard, se marie avec Marie-Anne Barbette, la fille d'un des conseillers du prince Shuja.


La jeune mariée, une Créole, n'a que 13 ans. Les noces sont célébrées avec beaucoup de faste comme l'a écrit Madec lui-même. "Tous les grands du pays m'accompagnaient. Une populace innombrable suivait le cortège. Je fermais la marche passant entre deux haies de feux d'artifice et d'illuminations, vêtu d'une magnifique robe d'argent". Ces festivités, qui entraîneront des dépenses somptuaires, dureront une semaine.

En 1767, la jeune Marie-Anne met au monde une fille qui meurt peu de temps après. Ensuite Madec rejoint les Jats en guerre contre les Rajputs dans la région d'Agra. Il reforme ses troupes et achète des éléphants. Ses victoires lui vaudront d'être récompensé en monnaie sonnante et trébuchante, en diamants et en étoffe d'or et d'argent. Il rachètera et fera entièrement restaurer un palais à Bharatpur où il s'installera avec sa femme et Balthazar, son fils âgé de quelques mois.


A la suite d'une bataille contre les Marathes il obtient le titre de Panchazari, titre qui donne le droit de porter timbales sur un éléphant et d'avoir 14 chevaux portant trompettes.

A 33 ans, Madec est à la tête d'une fortune colossale. Il envisage alors de revenir en France pour poursuivre une carrière militaire. Les événements viendront perturber ses plans.

A la demande du gouverneur français de Chandernagor qui veut sceller des alliances avec les princes indiens pour chasser les Anglais du Bengale, il se retrouve combattant pour le compte de Shah Alam, empereur des Mogols. Pour le récompenser de ses exploits militaires, l'empereur le fait nabab.


Madec s'installe à Delhi et se retrouve à la tête d'une forte armée de 6.000 hommes. "Dans cet état, je pensais à la misère passée et me félicitais de m'être fait moi-même ce que je suis dans ce pays-ci" écrira-t-il bien plus tard.


Madec a parfaitement conscience du pouvoir qu'il a acquis : "Il n'y a aucun prince ou seigneur puissant de l'Hindustan qui ne recherche mon amitié ou qui ne craigne mes ressentiments".

Le Quimpérois et sa famille s'installeront à Haidarabad, puis rejoindront Pondichéry. Le nabab quimpérois est las de cette vie trépidante. Il n'a qu'une envie : rentrer en France. Encore une fois, ses projets seront contredits par de nouvelles offensives anglaises : le blocus et le siège de Pondichéry qui dureront 70 jours.


Le 11 janvier 1779, enfin, Madec embarque à bord du "Brisson" qui met le cap sur l'île Maurice où il doit faire escale. Ses bagages se résument à 8 caisses et "quelques autres objets". Au large de l'Espagne le bateau sera abordé par des corsaires anglais. Madec sera retenu captif pendant 2 mois en Irlande. De là, il regagnera Lorient puis Versailles où il remettra au gouvernement le rapport du siège de Pondichéry rédigé par le gouverneur Bellecombe. Madec y apprendra que, depuis le 1er janvier 1777, il a été promu colonel et qu'il a été décoré de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis.


L'aventurier breton fait figure d'intrus à Versailles où sa rudesse et sa tenue vestimentaire choquent les manières des courtisans. Pourtant le nabab quimpérois aura l'honneur d'être reçu par Louis XVI en personne.


Madec rentrera à Quimper où il possédait un hôtel particulier. A 45 ans il sera anobli et achètera deux domaines : ceux de Coatfao et de Prat-an-Ratz où il fera construire un beau manoir.

En 1782 Marie-Anne lui donnera une troisième fille. En 1784, considérablement affaibli par le paludisme, et victime d'une chute de cheval, il est emporté au printemps par la gangrène. Sa femme vécut à Quimper jusqu'à sa mort en 1841.


A la fin de ses jours, l'ancien gamin qui rêvait d'aventure se promenait à cheval le long de l'Odet, revêtu de son costume de colonel, suivi de près par un esclave portant le costume traditionnel mogohl.

 

En 1982, Irène Frain publiera un livre, « le nabab », retraçant la vie de René Madec. En 1987, Jean Coué sortira un livre sur le même sujet « Le Nabab du Grand Mogohl ».

 

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30 novembre 2009 1 30 /11 /novembre /2009 13:47

Comme beaucoup de bloggeurs de Bombay nous allons régulièrement visiter les blogs de nos amis bloggeurs de Bombay.

Et là nous devons rendre hommage à tous ces bloggeurs car bien souvent c’est un regard intelligent, observateur et plein d’humour qui est posé sur la vie en inde.  Nous ne vous cachons pas que nous sommes (depuis tout petit) admiratifs de cet esprit français ! Mais là où c’est vraiment chouette c’est que ces bloggeurs sont plein d’humour.

Alors allons ensemble faire une petite promenade chez nos amis bloggeurs.

Il ya tout d’abord le blog de Thomas (http://www.hindigo.net ), dans lequel on trouve l’écho des campagnes indiennes avec des histoires comme celle-ci : « Une jeune fille de 12 ans a été immolée par son voisin après que celui-ci l’eut accusée de lui avoir dérobé 1400 roupies (30 dollars). Puis il s’est rappelé qu’il les avait donnés à la jeune fille pour faire son repassage ». Hé oui il s’en passe tous les jours des choses comme çà en Inde et Thomas les collectionne.

On lit aussi régulièrement le blog d’Emilie (depuis 3 ans en Inde) et si vous vous posez des questions sur les moustaches en Inde, alors lisez cet article :

http://indiansamourai.hautetfort.com/archive/2009/10/26/6f777e6addcbd496de91c4145beb5de1.html

Emilie a l’art de prendre un sujet et de le décortiquer !

Julie, étudiante à Bombay, a un blog http://welcome-to-india.over-blog.com/ dans lequel elle raconte ses expériences et découvertes. On vous recommande l’article « comment j’ai raté ma carrière à Bollywood » et le dernier article intitulé « sur le chemin de l’école » dont nous citons cet extrait : « Mais la journée a été enrichissante car dans notre nouveau cours "Indian management thought and practices", nous avons appris que nous sommes fait pour être végétariens car nous buvons l'eau comme les vaches qui sont végétariennes et pas comme les lions par exemple qui lapent l'eau... Moi j'ai encore jamais vu de vache boire dans un verre d'eau mais je médite encore là-dessus ». Vraiment hilarante cette explication et nous en avons déduit que l’ordinateur d’Olivia était carnivore car il lap top.

Une autre étudiante, Mathilde, raconte ses expériences et on vous invite à lire son récit de voyage en train (http://apprentieindienne.over-blog.com/article-hommage-a-uncle-ji-39825947.html) au cours duquel elle sera prise en charge par une famille de 70 personnes !

Il existe aussi un blog vraiment très drôle qui est celui de Pikh, la panthère rose ! Ne manquez surtout pas l’article http://pikh.blogspot.com/2009/11/stars-ou-animaux-rares.html.

Voilà nous voulions tirer un coup de chapeau à nos collègues bloggeurs, car quelques fois dans cette vie de fous, s’il n’y avait pas ces blogs nous irions droit dans l’humour !

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29 novembre 2009 7 29 /11 /novembre /2009 13:10

Plus tard, je parviens à attraper un des trois bus mensuels qui se rendent dans la vallée de la Rupshu, près de la frontière tibétaine. Le village de Korzok s’accroche à la rive du Tso Moriri, superbe lac aux eaux turquoises entouré de pics enneigés et de mélancoliques dunes de limon balayées par le vent mordant.

La « vallée » étant à plus de 4500 mètres, la hauteur des pics qui se dessinent à l’horizon laisse songeur. Il fait froid, très froid. Pour lutter contre la température, rien de tel que le chhang, sorte de bière tibétaine à base d’orge ou de millet fermenté et les momos, savoureux ‘ravioli’ au mouton, au fromage ou au chou, cuits à la vapeur et qui peuvent ensuite être frits pour en faire de croustillants beignets. Hors du village, on trouve dans la vallée quelques campements de nomades Khampas vivant de leurs troupeaux de yaks, de dzos (hybride de yak et de vache) et de chèvres. Le reste n’est que désolation.

 

Et puis la route reprend. Plus au nord, cette fois, vers la vallée de la Nubra isolée du reste du Ladakh par le Khardung La, dont les 5602 mètres d’altitude en font le plus haut col carrossable du monde. Dans le bus, les enceintes crachotent à pleins décibels des tubes de Bollywood des années 1990, quintessence du kitsch musical. La route zigzague, deux chèvres placides sont allongées dans l’allée centrale, les roues frôlent le précipice à chaque virage.

On m’offre des khurmani, de délicieux abricots séchés à la chair ferme et parfumée. Fermée jusqu’aux années 1994-1995, la vallée de la Nubra était jadis une des étapes de la route de la soie sur la route du Karakorum qui reliait Yarkand, en Chine, aux caravansérails d’Asie centrale. Quoique malheureusement défigurée par la trop visible présence militaire, la vallée demeure intéressante si l’on parvient à sortir des villages principaux. La Chine voisine, ne dérogeant pas à ses velléités expansionnistes et revendiquant de nombreuses parties du Ladakh, annexa entre 1958 et 1962 la partie est de la Nubra. Plus récemment, en septembre 2009, des soldats chinois pénétrèrent dans le secteur de Chumar, à l’est de Leh, écrivant des messages de propagande en cantonais sur les murs des maisons avant de se retirer prestement.

 

Après une semaine passée dans la Nubra, je décide de mettre le cap vers l’ouest.

Au cœur d’une petite vallée étonnamment fertile se nichent, entouré d’abricotiers, de jardins potagers, de peupliers et de champs d’orge, des petits villages brokpas. Les Brokpas font partie de l’ethnie darde, d’origine aryenne et que l’on trouve aussi bien en Afghanistan, près de Gilgit dans l’Azad (partie du Cachemire contrôlée par le Pakistan) que dans certaines parties nord du Ladakh. Alors que les Brokpas d’Azad perpétuent la tradition sunnite, ceux du Ladakh font partie des rares ethnies bönpo (pratiquant le Bön, religion préexistant au bouddhisme, avec son propre panthéon de divinités et ses immémoriales traditions animistes et chamanistes), ce qui les différencie de la majorité des Ladakhis, convertis au bouddhisme à partir du VIIe siècle. Un peu plus à l’ouest, dans les vallées de Dras et de Kargil connues comme le Baltistan, perdure la culture baltie, descendant à la fois des tribus dardes musulmanes et des nomades Khampas bouddhistes et qui étonne par sa singularité : les mosquées mêlent architecture tibétaine et iranienne, le soufisme est encore prégnant, les maisons sont de type ladakhi, l’écriture tibétaine côtoie l’alphabet perse.

Je décide de rester dans un de ces villages brokpas, où je suis hébergé chez Tashish, une grand-mère ridée comme une vieille pomme et au sourire édenté, et Chemba son mari. Tashish porte la coiffe traditionnelle : de longues nattes noirs lui descendent jusqu’aux reins, agrémentées de fleurs (amour en cage), de bijoux, de perles, et d’anciennes pièces de monnaie. Les Brokpas parlant le Shina (sous-dialecte de la langue darde), la communication est difficile. Alors, on s’assoit, on mime, on gesticule, on se contorsionne, on rit de l’absurdité de la situation. Chaque phrase est une victoire arrachée ; lorsque les mots sont muets, les sourires sont éloquents. Et pourtant, quelle déception de ne pouvoir avoir de ‘vraie’ conversation. Si, comme l’affirmait Wittgenstein, « les limites de ma langue sont les limites de mon monde », comment, dès lors, appréhender ce monde étranger ? Comment l’approcher ? Comment mettre un pied dedans, ou ne serait-ce qu’un orteil ? Sous quel angle le regarder ? Par quel bout le saisir ? Il faut pourtant se résoudre à l’observation curieuse en acceptant l’incompréhension étonnée.

 

Puis, je remets mon sac à dos sur les épaules, direction la vallée du Cachemire. Tariq et Altaf, deux routiers, me prennent en stop et la route reprend, toujours. La route reprend, et je pense à ces mots de Nicolas Bouvier empreints de sagesse : « on ne voyage pas pour se garnir d'exotisme et d'anecdotes comme un sapin de Noël, mais pour que la route vous plume, vous rince, vous essore, vous rende comme ces serviettes élimées par les lessives qu'on vous tend avec un éclat de savon dans les bordels ».

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28 novembre 2009 6 28 /11 /novembre /2009 13:36
Cet homme est connu en Inde et une ville porte son nom.

De qui s'agit-il ?

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27 novembre 2009 5 27 /11 /novembre /2009 13:51

Witold est étudiant à Sciences Po et effectue une année dans une école indienne à Bombay. Il revient d'un long voyage au Ladahk (nord de l'Inde) et nous lui avons demandé de nous faire un récit de son voyage.

Jeudi 24 septembre 2009, je laisse derrière moi Bombay, ses rickshaws, frétillante armée de scarabées noirs et jaunes, ses klaxons discordants, son gigantisme et sa démesure, son indécence et sa frénésie. Bandra Terminus, quai numéro 1, est le point de départ d’un périple de six semaines qui me mènera, je l’espère, en terres bouddhistes et dans le Cachemire. J’ai avec moi sac à dos, matelas de sol, une carte périmée et un recueil de poèmes d’Hafêz. Le reste sera improvisation.

 

La vallée de la Spiti est ma première étape himalayenne.

Terre indépendante à l’origine placée sous le sceau des seigneurs ‘Nonos’, la région fut, au fil des siècles, alternativement rattachée nolens volens au Tibet ou Ladakh, dont les rois respectifs se livrèrent à des guerres picrocholines dès le VIIe siècle et jusqu’à ce qu’un traité de paix signé en 1684 mît fin aux incessantes invasions mutuelles. Suite à l’Indépendance en 1947, elle est rattachée au Punjab puis à l’Himachal Pradesh, dont elle forme aujourd’hui un district avec le Lahaul, et fait partie de ces régions qui nécessitent un permis pour y rentrer.

 Lors de mon passage au check-point de l’armée, le militaire m’accueille en pyjama, dans son duvet, bonnet vissé sur les oreilles. Résolu à ne pas mettre un pied hors de son lit, il se redresse lymphatiquement contre son oreiller, jette un regard paresseux au précieux sésame auquel j’attachais une importance religieuse, griffonne quelques mots sur une feuille de papier qui doit tenir lieu de registre, et me voilà au Spiti. S’isoler dans ses paysages rocailleux aussi hostiles que les villages sont hospitaliers, c’est suivre la route qu’empruntaient les caravanes de la soie ralliant le Turkestan chinois, c’est aussi découvrir un monde où les traditions chamaniques sont encore vivaces et dont l’isolement a su préserver d’ancestraux héritages. Au milieu de ces étendues arides couleur terre de Sienne, quelques maisons chaulées se dressent parfois.

Aux alentours, de vieilles femmes voûtées portent sur leur dos des fardeaux d’herbes sèches et de maigres lichens. On entre alors dans une maison pour prendre le thé et chercher le réconfort d’un peu de chaleur. A 4200 mètres d’altitude, les températures nocturnes sont glaciales. Alors on se presse autour du poêle, et on tend les mains vers les flammes. Des rires fusent. De temps à autre, on ravive le feu avec une bouse séchée, qui se consomme rapidement en une gerbe de petites flammèches. Une grand-mère prépare, dans la baratte traditionnelle, le classique thé salé tibétain au beurre de yak, dans lequel on rajoute un peu de tsampa, la farine d’orge grillée locale. Dans un autre coin de l’unique pièce, un vieil homme tourne son moulin à prière d’une main, égrène son chapelet de l’autre et du bout des lèvres, il murmure quelques prières. Majoritairement bouddhiste, la population de Spiti serait la descendante sédentarisée de nomades himalayens – les Khampas, venant essentiellement de la région de Kham au Tibet – et de peuplades indo-aryennes. Spiti est de ces terres de démesure qui vous saisissent, vous déstabilisent, vous réduisent au silence, vous mettent à nu. De ces terres qui invitent à l’humilité. Je continue mon chemin, au fil des jours, jusqu’au Ladakh.


Le Ladakh, enfin !, le « pays des cols », dont le nom seul est une invitation au voyage. Les dizaines de bases militaires, tristes balafres défigurant la vallée de l’Indus, contrastent avec la virginité sauvage de Spiti. Cette déception s’éclipse bien vite dès lors que l’on s’enfonce dans des vallées plus reculées.
On découvre de multiples vestiges décrépis de palais en pisé, imposants héritiers déchus du Ladakh féodal, lorsqu’au XVe siècle, la région était divisée en deux royaumes : le Haut-Ladakh avec ses capitales de Leh et de Shey, et le Bas-Ladakh dont le pouvoir était sis à Basgo. Ces villes, quoique peu intéressantes en elles-mêmes, conservent des traces de leur grandeur médiévale. L’Islam est également fermement implanté à Leh depuis qu’en 1647 le roi Delek Namgyal sollicita l’aide du Cachemire face aux invasions mongole et tibétaine et dut en échange se convertir à la religion du prophète. On découvre les gompas, ces monastères cramponnés aux flancs de montagnes nues où vivent parfois jusqu’à plus d’une centaine de moines. Dans le du-khang, la salle de prière, trône Bouddha, l’Illuminé, entouré de dizaines de bodhisattvas, les « êtres sur la voie de l’Eveil ». Tous les jours, à l’aurore, y résonne la mélopée lancinante des prières matinales. Au rythme des tambours et des trompes s’élève une litanie de voix d’hommes récitant les mantras, formules liturgiques évoquant la sagesse, la compassion, la perfection, la longévité.

A SUIVRE

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26 novembre 2009 4 26 /11 /novembre /2009 02:45

Aujourd’hui nous devons nous souvenir des attentats de Bombay qui ont eu lieu du 26 au 28 novembre 2008.


Un groupe de fanatiques, entraîné au Pakistan, arrive de nuit prés de Bombay et vont semer la terreur pendant trois jours.

 Le bilan aura été effroyable avec 192 tués et près de 300 blessés. Deux Français, Louimia Hiridjee,  la fondatrice de la marque Princesse Tam-Tam et son mari sont tués au restaurant de l'hôtel Oberoi.


Ce groupe de terroristes, en contact radio avec leurs commanditaires pakistanais, s’en prendra successivement à la gare VT (tirs et grenades), au restaurant Léopold Café (tirs), au Taj Mahal Hotel et à l’hotel Oberoi/Trident (tirs, fusillades, incendies et prise d’otages) et au centre juifs de Nariman point (fusillades et otages).


La violence de ces attentats est extrême ; à l’hôtel Taj Mahal, deux terroristes prennent quinze personnes en otages dont sept étrangers. Les terroristes tirent sur les clients du restaurant de l'hôtel, achevant les blessés à terre.





















En janvier dernier, l’Inde publie des preuves de l’implication du Pakistan qui reconnaitra à peine sa responsabilité et qui refusera de livrer à la justice indienne les instigateurs pakistanais. La publication de ces « preuves » suscitera beaucoup d’émoi en Inde comme on l’imagine ; les preuves sont nombreuses et parmi elles le contenu de ces conversations téléphoniques confirme, si besoin était, la froide détermination des terroristes.

 

Quelques extraits de ces conversations :

 

Donneur d’ordre pakistanais : « n’éteignez pas votre téléphone portable, nous voulons entendre les rafales de mitraillette ».

 

Donneur d’ordre pakistanais : « Tout est filmé par les média. Infligez le maximum de dégâts. Continuez à tirer. Ne vous faites pas prendre vivant ».

 

Un autre échange téléphonique :

 

Donneur d’ordre pakistanais : « Frère Abdul, les media comparent votre action à celle du 11 septembre. Un des chefs de la police a été tué »


Un terroriste : « nous sommes au 10° et 11° étage ; nous avons 5 otages »

Donneur d’ordre pakistanais : « Tuez- les tous, sauf les musulmans ».

 

Les terroristes semblaient devoir attendre des instructions avant de tuer les otages ; c’est ce que laisse penser une autre conversation téléphonique :

Terroriste : «  On a 3 étrangers, dont 2 femmes de Singapour et de Chine »

Donneur d’ordre pakistanais : « Tuez-les ».

Bien évidemment, les forces de police et de sécurité indiennes ont mis du temps à réagir et à s’organiser. L’équivalent des forces spéciales, unité aux dimensions modestes basée à Delhi, a mis des heures avant de trouver un avion pour venir à Bombay. L’Inde n’était absolument pas préparée à ce scénario terroriste.

Un an après le procès du seul terroriste capturé vivant n’est pas achevé.

 

Ces attentats ont marqué le pays, la ville de Bombay et les français de Bombay.

 

Si la sécurité a été renforcée en Inde et si des mesures ont été prises pour améliorer la protection et la réaction face à ces menaces terroristes, le pays reste encore vulnérable.

Vulnérable et toujours menacé.

Aujourd'hui nos amis ou collègues indiens se sont souvenus de ce qui s'est passé il y a un an. Leur pays, une grande démocratie, a été cruellement attaqué l'année dernière et a fait preuve d'une grande dignité. Leur regard de ce matin était digne et triste.

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25 novembre 2009 3 25 /11 /novembre /2009 13:26

Om Shanti Om,  est un film réalisé en 2007 par la réalisatrice Farah Khan avec la star planétaire Shahrukh Khan et la toute jeune et nouvelle Deepika Padukone, ainsi que de nombreuses guests stars qui jouent leur propre rôle comme Amithabh Bachchan. Le film sorti pendant Diwali connut un succès immédiat en Inde et à l’étranger notamment aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et au Pakistan.

L’histoire d’Om Shanti Om est basée  sur le thème de la réincarnation. Meurtre et vengeance sont également au rendez-vous mais l’intrigue ressemble plus à une énorme comédie musicale. Certaines scènes sont très drôles, remplies d’humour comme celle où Om Prakash Makhija (Sharukh Khan) se fait passer pour un acteur du sud de l’Inde. Comme dans beaucoup de films où il joue, Sharukh Khan porte complètement le film, il se déchaîne et nous offre pour notre plus grand plaisir une version jubilatoire du star system. Je le trouve cependant moins émouvant  que dans les films montrant les habituelles intrigues de mariages contrariés qui ont contribué à son succès.

Dans les années 1970, Om Prakash Makjhija, un jeune figurant court les castings avec son copain et tombe amoureux de Shanti (Deepika Padukone), merveilleuse star dont le visage orne tous les panneaux publicitaires, ses espoirs fleurissent mais il trouve rapidement la mort en essayant de sauver son amour. Durant cette première période de l’intrigue Farah Khan, la réalisatrice sait nous émouvoir en faisant des clins d’œil à des films du passé et représente avec habilité la magie du cinéma pour les indiens.

Trente années plus tard Om Kapoor, star et fils de star, finit par réaliser qu’il est bien la réincarnation de Om Prakash Makhija. Il fera la lumière sur son assassinat et retrouvera l’amour de sa vie Shanti. Dans cette seconde partie, Farah Khan à travers de nombreuses scènes comiques parodie Bollywood, la machine à rêves, et même Sharukh Khan y participe !

Om Shanti Om oscille entre hommage et pastiche de l’univers de Bollywood ;  le scénario qui allie comédie, drame, romance, action et effets surnaturels reste toutefois un peu faible et ne semble être qu’un prétexte pour mettre en avant les enchainements musicaux et de danses qui sont vraiment impressionnants comme dans cette chanson Deewangi qui est devenue un des clips les plus diffusés en Inde où trente stars de Bollywood sont réunies sur une même scène. J’espère que vous pourrez en reconnaitre certaines comme Kajol, Salman Khan, Saif Ali Khan ou bien encore Priyanka Chopra, 9 minutes remplies de légèreté et de gaieté !

Om Shanti Om est un délicieux divertissement sur Bollywood, les danses, les chansons, Sharukh Khan, contribuent pleinement à cette magie et cela marche !!!

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24 novembre 2009 2 24 /11 /novembre /2009 11:23

Dans l’Himalaya, Chewang Norphel est préoccupé par l'environnement. C'est pourquoi il a décidé de construire ses propres glaciers afin de lutter contre le réchauffement climatique.

Agé de 76 ans, Chewang Norphel est un ingénieur indien à la retraite. Inquiété par le réchauffement climatique et la fonte des  glaces, il a décidé de fabriquer lui-même ses propres glaciers.

L'eau en provenance des glaces fondues est dirigée vers des lacs artificiels situés dans les montagnes de l'Himalaya et construits sur des sites recevant très peu de lumière et donc sous des températures moyennes en dessous de zéro. Dans ces lacs, les eaux restent gelées jusqu'au printemps puis elles fondent et vont alimenter les rivières en contrebas. Ces rivières sillonnent ensuite les terres, irriguant les cultures.

Ces glaciers artificiels stockent plus de 300.000 mètres cubes d'eau, ce qui permet d'irriguer 200 hectares de cultures.

Le gouvernement indien vient de lui allouer près de 18.000 euros afin de construire cinq glaciers de plus.


Voilà qui mériterait un prix Norphel !

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23 novembre 2009 1 23 /11 /novembre /2009 13:31

Cet après-midi, je me trouve pendant une bonne heure, en voiture, en compagnie d'un cadre supérieur d'une grande institution indienne avec laquelle nous avons un projet en commun. Ce n'était pas prévu, mais bonne aubaine car voilà une bonne occasion de mettre un peu de pression sur mon compagnon de voyage ; en effet notre projet commun avance à la lumière d'un escargot filmé au ralenti. Situation au demeurant courante dans la région !

Je veux savoir quand la phase 1 de notre projet démarrera, sachant que cela fait déjà deux mois que cette institution a donné son accord pour démarrer.

Prenant l'air de quelqu'un qui va dire des choses sans importance, je lance : "Mais vous pensez que cela va démarrer dans combien de semaines ?". A dire vrai, cette première phrase n'est pas anodine et j'avais hésité un instant à remplacer le mot "semaines" par "jours". Mais là mon compagnon n'aurait pas compris une telle hâte. J'aurais pu dire aussi "combien de mois", mais là je risquais de passer pour ironique alors que je n'avais pas encore assez de raisons pour l'être.

J'obtins une première réponse qui me rappela un vieux professeur féru de grammaire éculubrant sur la forme interro-négative. Il me dit : " Je ne pense pas que cela prenne too many weeks". Me voilà plongé dans une grande perplexité. Dans ces cas apparemment désespérés je me raccroche à la bouée de la reformulation. "Ah bon, cela va prendre several weeks !"

Mon compagnon, réalisant sans doute mon désarroi, me précise : "Hopefully, cela devrait prendre a couple of weeks". Ah mais voilà quelque chose de plus précis. Un couple normalement c'est deux. Encore que depuis que l'on parle de ménage à trois, cela devient discutable.

Secrètement je suis plein de gratitude pour cette marque de précision. Il aurait pu me dire "cela va prendre some time" ou pis encore "cela va prendre some weeks". Mais sa phrase était précédée du fameux "hopefully", l'indispensable précaution qui confirme la variabilité du temps...

Et moi combien de temps me faudra-t-il pour m'habituer à cela ?


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22 novembre 2009 7 22 /11 /novembre /2009 13:22

Lentilles jaunes


Voilà une recette qui vous surprendra ! Pour les végétariens c'est un plat principal, mais pour nous ce plat peut parfaitement accompagner un poisson ou une viande.

Pour 4 personnes

Ingrédients

150 grammes de lentilles jaunes (oranges), rincées et trempées 30 minutes dans de l’eau froide
2 tomates, pelées, épépinées et coupées en en petits cubes
Une pincée de sel
½ cuillère à café de curcuma en poudre
10 grammes de gingembre frais hâché
Une poignée de coriandre fraîche ciselée
15 grammes de beurre
1 cuillère à café de cumin en poudre
Une pincée de piment rouge en poudre

Préparation

Faire cuire les lentilles dans un quart de litre d’eau avec du sel et du curcuma pendant environ trente minutes.

Ajouter au mélange précédent les dès de tomates, le gingembre râpé, la coriandre fraiche et faire bouillir pendant deux minutes.

Incorporer le beurre, le cumin et le piment rouge, servez bien chaud !

 

 

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