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30 octobre 2008 4 30 /10 /octobre /2008 12:00

Profondément ébranlé par la Première Guerre mondiale, Rolland s’est instinctivement tourné vers l’espace indien pour y trouver nourriture et lumière. Tout comme ses deux idoles, Beethoven et Goethe, il s’était toujours intéressé à l’Inde, à « la ruche de son esprit antique, [à] sa divine polyphonie ». Pendant ses années normaliennes, il avait lu la traduction de Eugène Burnouf de « la Gîta – un volcan », dont il avait griffonné des passages sur une page du manuscrit de sa pièce Danton. Déjà, en 1908, il écrivait à Cosette Padoux : « Dites a la terre, à la mer, et à l'air : Romain Rolland vous salue. Peut-être irai-je là-bas un jour, dans cette vie ou dans une autre. » Mais ce n'est qu’après le désastre de la Première Guerre mondiale qu'il s'est réellement tourné vers « l'Inde – Notre Mère ». La première référence faite à l'Inde dans le journal de Rolland date de 1915 ; c'est une citation d'un article sur « une Politique mondiale pour l'Inde », écrit par Dr Ananda F.Coomareswamy et paru le 24 décembre 1914 dans l'édition de The New Age consacrée à Rolland. Ils ont échangé quelques lettres, et, le 12 février, Coomareswamy lui a envoyé un exemplaire de la Bhagwadgita ainsi qu'un livre intitulè Arts et artisanats de l'Inde et de Ceylan. La réponse de Rolland était exaltée : « Cet univers est trop riche, trop plein ! Ma poitrine éclate. Elle est trop petite pour le contenir. »

 

Rolland avait lu L'Offrande lyrique de Tagore (grand poète indien) et n’en aimait pas la célèbre traduction en français d'André Gide. Tagore, quant à lui, était – comme la plupart des Indiens – fasciné par Jean-Christophe. Mais ce qui a vraiment déclenché le dialogue entre Rolland et l'Inde, c'est le discours anti-nationaliste et universaliste que Rabindranath Tagore avait prononcé à l'Université Impériale de Tokyo, en octobre 1916, et que Rolland avait scrupuleusement recopié dans son journal sur l’Inde commencé depuis peu, en le qualifiant de «tournant dans l'histoire du monde ». « Les Asiatiques sont maintenant conscients de la dégénérescence de l’Europe »,

 Peu après, Tagore et Rolland signent avec Bertrand Russell, Benedetto Croce, Henri Barbusse, Stefan Zweig, et d'autres, La Déclaration d’Indépendance de l’Esprit. Quelques jours plus tôt, suite au massacre de Jalianwallahbag, Tagore a montré au monde sa force de caractère en refusant le titre de Chevalier que lui avaient décerné les Anglais. Rolland et Tagore se sont enfin rencontrés le 19 et le 21 avril 1921, d’abord dans le minuscule appartement de Rolland à Montparnasse, puis à Boulogne-sur-Seine où Tagore logeait avec son fils, au 9, quai du 4 septembre. Tagore parla de son projet d'Université à Santiniketan, au Bengale, où il souhaitait opérer la synthèse des différentes cultures d’Asie. Ils se sont tous deux dévoilé leur irrésistible passion pour la musique. Tagore a chanté ses chansons et parlé de Bach. Rolland écrit dans son journal : « Il est fort beau, presque trop. Toute sa figure rayonne d’une joie abondante et tranquille, qui se traduit dans toutes ses paroles.»

Romain Rolland et Tagore



L’hypocrisie de Moscou à l’égard de Gandhi le mettait hors de lui. Son admiration pour des Indiens tels que Tagore ou Gandhi, puis, à la fin des années vingt, pour Sri Ramakrishna et Swami Vivekananda, à un moment crucial de l’histoire, est inextricablement liée à sa haine pour ces dieux moribonds et ces assassins. En parlant de Tagore et de Gandhi, Rolland écrivait en février 1923 :
   « On ne sait qui admirer le plus, du saint ou du sage génie. Bonheur unique pour l’Inde d’avoir possédé en même temps ces deux grands hommes qui sont, chacun, l’expression d’une des faces de la plus haute vérité ! Nul ne mérite davantage une place dans cette galerie de héros. Je n’en connais pas de plus pur, de plus simple et de plus véridique. Vous pouvez être fier de posséder cette "grande âme". L'Europe n’en a aucune qui l’approche, de bien loin ! En dépit des réserves qu’on peut faire sur certaines conceptions et sur leurs dangereuses déformations dans l’esprit des disciples, j’admire et je vénère Gandhi. »

 

Rolland que Mahatma Gandhi, Tagore, Nehru, Lajpat Rai, Rajendra Prasad, Sir Jagadish Chandra Bose et Netaji Subhash Chandra Bose vinrent voir dans la Villa Olga, à Villeneuve. Si Rolland n’a jamais pu se rendre en Inde, les meilleurs esprits de l’Inde sont venus le voir, lui, le meilleur poète, le meilleur penseur politique, le meilleur savant. Pendant une cinquantaine d’années, Romain Rolland, plus que tout autre, a complètement dominé et influencé la vie intellectuelle de l’Inde.
Pour les indiens, il fut « la grande âme », « le vrai créateur ».

 

Le « Jean-Christophe » de Rolland fut traduit en plusieurs langues en Inde et très lu et beaucoup d’articles à cette époque dans les revues indiennes sont consacrés au grand écrivain français.

 

Ses oeuvres étaient lues dans les prisons par des combattants de la lutte pour l'indépendance. Parce que, pendant tout ce temps, l’Inde brûlait. Mahatma Gandhi écrit le 19 mars 1928 :
« Je m'empresse de voir Romain Rolland. Il me semble être l’homme le plus sage de l’Europe. Il serait vraiment tragique que nous ne nous rencontrions pas. C'est ça qui m’ébranle le plus. »
Il a écrit ailleurs que l’objet principal de son voyage en Europe était de rencontrer Rolland. Nehru, « très impressionné » par Rolland lors de ses nombreuses visites à Villeneuve, a noté la communion d’esprit qui existait entre Rolland et Gandhi.

 La réaction de Gandhi à sa mort (1944) est révélatrice de la place qu’occupe  Rolland en Inde. « Pour moi, et pour des millions d’autres, Romain Rolland n’est pas mort. » La dernière référence de Gandhi à Rolland est l’hommage ultime du plus grand penseur social de l’Inde. Lorsqu'un éditeur lui a demandé d’écrire la préface de l’autobiographie de Rolland, il ne s’est pas senti à la hauteur de la tâche.

On retiendra pour terminer que Romain Rolland fur le fut le premier à faire connaître la vie de Gandhi avec son livre Mahatma Gandhi en 1924.

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29 octobre 2008 3 29 /10 /octobre /2008 15:02

Parmi les grands écrivains français qui se sont intéressés à l’Inde il y a Romain Rolland. Retour sur ces liens très forts tissés entre ce grand écrivain et l’Inde.

 

Tout d’abord un bref rappel de la vie de Romain Rolland : Romain Rolland naît le 29 janvier 1866. Elève de l’Ecole Normale Supérieure, agrégé d’Histoire, docteur ès lettres, Romain Rolland deviendra célèbre dans le monde entier comme penseur, philosophe, littérateur, auteur dramatique etc.

 

Jeune étudiant, il se forme à l’école de Tolstoï (à qui il écrira, et qui lui répondra) et de Spinoza. Musicien passionné (il joue d’ailleurs du piano), il admire Bach et Mozart et vénère Beethoven et Wagner.

 

Son œuvre littéraire est considérable : 3 ouvrages dramatiques commencés en 1898 et réunis en 1913 sous le titre général de « Tragédies de la Foi ». Puis en 1899, il publie « Les Loups » sous le pseudonyme de Saint Just, « Danton » en 1901, « Le 14 juillet » en 1902. Ce « Théâtre de la Révolution » par lequel il souhaitait dégager la vérité morale et rallumer l’héroïsme et la foi de la Nation aux flammes de l’épopée républicaine, n’a pas le succès qu’il attendait.

 

Mais son « Jean-Christophe », roman fleuve de 10 volumes, écrit entre 1904 et 1912, lui fait une réputation mondiale. Les deux personnages principaux symbolisent la France et l’Allemagne. Olivier personnifie « la France idéaliste, guerrière, impérialiste, généreuse et fidèle ; tandis que Jean-Christophe représente « une Allemagne sentimentale, rêveuse, artistique et savante. Cette œuvre est couronnée par l’Académie Française en 1913 ; traduite en allemand, l’éditeur de Francfort prédit que cette somme moderne amènerait Français et Allemands à s’aimer les uns les autres. La guerre 1914-1918 allait en fournir un cruel démenti.

 

Romain Rolland s’installe en Suisse dans la Villa Olga à Villeneuve sur les bords du lac Léman. Toujours fidèle à son amitié pour la vieille Allemagne, il écrit « Au dessus de la mêlée » en 1915, où il réaffirme ses convictions pacifiques, ce qui provoque un véritable scandale en France.

 

En 1916, il reçoit le Prix Nobel de Littérature pour « l’ensemble de son œuvre ».

 

En 1920, il lance avec Duhamel et Barbusse l’appel au premier congrès de l’Internationale Intellectuelle. A noter que Romain Rolland n’a jamais appartenu à aucun parti ; mais il peut être considéré comme « compagnon de route » du Parti Communiste.

 

Il est en rapport avec toutes les grandes personnalités de cette époque. Freud a une grande admiration pour Romain Rolland, qu’il ne rencontrera qu’une seule fois en 1924. A la même période, Rolland s’intéresse à la philosophie indienne ; il publie la vie et l’apostolat de « Gandhi, Messie de l’Inde », homme exceptionnel,  partisan  de la non violence, qui souleva son pays contre la domination anglaise. Le Mahatma rendra visite à Rolland, toujours résident à Villeneuve.

 

Dans quelles circonstances et pour quelles raisons, cet écrivain révolté et engagé va-t-il s’intéresser à l’Inde et pratiquement se laisser convertir par ce pays dans lequel il n’aura jamais l’occasion d’aller ?

A SUIVRE

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23 octobre 2008 4 23 /10 /octobre /2008 09:40

Nous trouvons sur le site www.canalacademie.com un article intéressant relatant la rencontre, en 1936, entre Malraux et Nehru. Les deux hommes se sont rencontrés à plusieurs reprises. Retour sur ces rencontres entre deux personnes exceptionnelles.

Dans La découverte de l’Inde, Nehru rapporte que Malraux lui posa une question à laquelle il ne s’attendait pas...

« Qu’est-ce qui a permis à l’hindouisme, d’expulser des Indes un bouddhisme bien organisé, il y a plus de mille ans, sans grave conflit ? » demande Malraux à Nehru.  « C’est une question que je me pose moi-même fréquemment. » répond Nehru.

Loin du voyage de 1958, les deux hommes parlent entre autre de leurs expériences en prison. Ils évoquent aussi Gandhi, le Bouddha, brossent un parallèle entre l’Orient et l’Occident. Leur dernier entretien prolonge cette réflexion sur les civilisations : comment accorder une civilisation de la machine à ce qui fut une civilisation de l’âme ? Et sur le rôle que pensent jouer la culture, l’art dans le monde moderne.

Ce qui est étonnant, c’est qu’aussi bien en 1936 qu’en 1958, les deux hommes ne parlent pas de politique immédiate. La politique chez eux est d’entrée de jeu incluse dans une réflexion plus vaste sur l’histoire, les civilisations, l’éthique, le sens que l’homme donne à sa vie. Malraux confie à Michel Droit en 1967, lors de la sortie des Antimémoires, que la place qu’occupe Nehru n’est majoritairement pas politique. Et comme le confirmera Indira Gandhi, les deux hommes s’entendaient à merveille pour parler de l’essentiel.

En 1958, plutôt que de parler de l’Algérie, ils engagent le dialogue sur les grands axes de l’action entreprise en Inde, sur les principes qui guident cette action, sur son ancrage dans la tradition, enfin sur le ménage dont l’Inde peut être porteuse dans le reste du monde. Tout cela n’était possible que parce que les deux hommes étaient liés par de grandes affinités de personnalité et de pensée. Pour Malraux, Nehru fait partie de ce qu’il appelle : les hommes de l’histoire.

L’occidental Malraux est pénétré par l’Orient hindou et l’oriental Nehru est attiré par la modernité. Après la mort de Nehru en 1964, Malraux affirma : « Sans doute jamais l’Inde n’aura été plus grande que lorsqu’il était là pour en témoigner. » Une histoire d’amour existe entre la France et l’Inde ; Malraux et Nehru en sont des témoins exceptionnels.








Pandit Nehru (1889-1964)

 

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20 octobre 2008 1 20 /10 /octobre /2008 17:13

  Nous publions in extenso un article écrit en 2006 par M Danino et paru dans la Revue de l'Inde la même année.

C’est d’une ironie quasiment voltairienne : voici le plus grand sceptique qu’ait produit la France, théiste frisant l’athée, esprit acéré, acerbe à l’occasion, apôtre de la raison, cinglant critique des religions (surtout les monothéistes, et surtout le christianisme). Et que voit-on ? — un engouement subit, une fascination, une curiosité insatiable pour un pays lointain, irrationnel, incompréhensible, débordant de dieux et d’adoration, de rites et de temples : l’Inde. Voltaire tombe bêtement amoureux de l’Inde ! Pas si bêtement : là comme en Égypte, en Chine et ailleurs, il cherche à prouver par tous les moyens que les Européens ne sont pas les premiers civilisés, qu’il y a eu bien des sagesses plus anciennes, et plus sages aussi : plus tolérantes, pacifiques, innocentes de ces bains de sang qui ont rougi à jamais le christianisme et l’islam. Voltaire entend donc remettre à sa place une Europe agressive, conquérante, méprisante des « sauvages » : Je suis convaincu que tout nous vient des bords du Gange, astronomie, astrologie, métempsycose, etc. ... Les Grecs, dans leur mythologie, n’ont été que des disciples de l’Inde et de l’Égypte. ... Ce n’est pas à nous, qui n’étions que des sauvages barbares, quand ces peuples étaient policés et savants, à leur contester leur antiquité.

     Et pourtant, à son époque, les informations sur l’Inde qui parvenaient en Europe étaient des plus fragmentaires, voire fantaisistes. Voltaire se méfiait des récits des voyageurs, souvent à juste titre ; pourtant il se fera prendre au piège lorsque l’un d’eux lui remettra une « traduction » de l’Ezour-veidam, soi-disant texte sacré indien, en réalité un faux composé par des Jésuites afin de tourner en ridicule les croyances hindoues — qu’importe, Voltaire s’en servira avec enthousiasme pour établir la supériorité de la sagesse indienne sur le christianisme !

     L’Inde surgit partout dans son œuvre, et il en est peut-être bien le premier interprète français de substance : elle a droit à plusieurs chapitres dans son Essai sur les mœurs et l’esprit des nations, se faufile dans le Dictionnaire philosophique, et fait même l’objet d’une étude : Fragments historiques sur quelques révolutions dans l’Inde (1773), étonnant petit ouvrage qui tente de pénétrer le génie indien, y trouve une philosophie sublime, quoique fantastique, voilée par d’ingénieuses allégories ; l’horreur de l’effusion de sang ; la charité constante envers les hommes et les animaux... et considère que ce sont les premiers « brachmanes » qui ont inventé les bases des mathématiques, de l’astronomie, la sculpture, la peinture et l’écriture.

     Bien sûr, Voltaire est persuadé que les Indiens d’aujourd’hui ont déchu de leur grandeur passée, enfouis sous une masse de superstitions, d’aberrations et d’indolence. (C’est seulement une dizaine d’années après sa mort en 1778 que les premiers textes sanscrits seront traduits en langues européennes.) Mais il ne leur en veut pas trop, puisque, au moins, ils ne cherchent à nuire à personne. En cela, il est remarquablement en avance sur son époque, heure de gloire des expansions colonialistes. Voltaire ne se lasse pas de railler l’avidité des nations européennes, prêtes à mettre l’Amérique et l’Asie à feu et à sang pour fournir quelques épices aux tables des bourgeois de Paris, de Londres... Les Albuquerques et leurs successeurs ne purent parvenir à fournir du poivre et des toiles en Europe que par le carnage. Il aimerait, sans se faire d’illusions, qu’on laisse l’Indien en paix : Nous avons désolé leur pays, nous l’avons engraissé de notre sang. Nous avons montré combien nous les surpassons en courage et en méchanceté, et combien nous sommes inférieurs en sagesse. Nos nations d’Europe se sont détruites réciproquement dans cette même terre, où nous n’allons chercher que de l’argent, et où les premiers Grecs ne voyageaient que pour s’instruire.

     Mais ce qui attire Voltaire par-dessus tout, c’est cette profondeur qu’il sent confusément, en dépit des océans, des siècles et des langues qui séparent ces deux mondes. La religion du brachmane est celle du cœur, celle de l’apôtre convertisseur est la religion des cérémonies. Il fallait que ce convertisseur fût bien ignorant pour ne pas savoir que le baptême était un des anciens usages de l’Inde et qu’il a précédé le nôtre de plusieurs siècles. On pourrait dire que c’était au brachmane à convertir Xavier [1] et que ce Xavier ne devait pas réussir à convertir le brachmane.

     Telle est la dure loi : la barbarie l’emporte toujours sur le raffinement, comme on peut encore le voir aujourd’hui. Une histoire sans fin, ou inachevée ?

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9 octobre 2008 4 09 /10 /octobre /2008 09:32

Nous publions ci-dessous un article intéressant trouvé sur http://www.canalacademie.com et publié en juillet 2008.

Si certains croient que l’influence de la France est très faible en Inde, ils se trompent, même s’il est vrai que ce vaste pays dont la population est énorme a été très influencé par le monde anglo-saxon. Il n’empêche que 450 000 élèves y apprennent le français chaque année. Dans les universités, 35 000 étudiants suivent des filières supérieures dans notre langue, tandis que les Alliances Françaises, elles, accueillent plus de 26 000 étudiants. Ces chiffres n’ont donc rien de marginal.
En Inde, précisons-le encore, plus de 20 000 professeurs de français encadrent élèves et étudiants.


André Malraux (1901-1976)

Dans ce désir du français, et dans cet amour pour le français et la France, un homme a joué un rôle exceptionnel, il s’agit d’André Malraux. L’Inde est sans doute le pays lointain où Malraux s’est rendu le plus souvent. C’est la civilisation orientale qui l’a le plus attiré. Et pourtant, il n’a pas écrit un seul roman sur l’Inde, quel paradoxe !

Il faudra attendre les livres sur l’art des années cinquante, puis surtout ses Antimémoires, en 1967, pour que l’Inde soit très présente. Ce qui oriente le sens des séjours de Malraux en Inde, ce n’est ni la géographie, ni la chronologie d’un voyage, ce sont les stations et les étapes d’un itinéraire initiatique.

Malraux est certain en Inde d’avoir approché « du secret du monde ». N’oublions pas que dans la structure même des Antimémoires, la place centrale est occupée par sa visite dans la caverne haute d’Elephanta où l’absolu médite parmi les figures délivrées de l’impermanence et de l’illusion.

On peut dire que le voyage en Inde est d’ailleurs comme celui de Chateaubriand dans L’itinéraire de Paris à Jérusalem, un pèlerinage. En Malraux, on retrouve dans ce pays, originels et immémoriaux, l’ordre et l’univers symboliques dont l’Occident moderne s’est coupé et qu’il a perdus.

Bien avant d’autres, Malraux avait compris le poids de l’Inde. Avec l’Inde, l’auteur nous enseigne que le dialogue ne pourra se poursuivre avec le reste du monde, qu’en sachant poser les questions fondamentales.
Pour lui, l’Inde est en train de modeler sa civilisation à elle, pour connaître sa destinée. Mais, cela n’est pas grave. L’Europe non plus ne sait pas quelle est sa destinée. L’Inde avance dans l’obscurité et à la lueur de la torche qu’elle porte.

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