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29 janvier 2009 4 29 /01 /janvier /2009 07:27

Ah, mais nos lecteurs se demandent encore quelle est la relation entre le fameux corsaire malouin Robert Surcouf et l’Inde ?

 

Les Indes seront en fait la première destination de Surcouf lorsqu’il s’engage dans la marine à 15 ans sur l’Aurore, un bateau négrier du XVIII° siècle.

 


Mais Robert Surcouf, le plus célèbre des armateurs malouins, entre dans la légende à vingt-trois ans, en 1796 quand, avec un équipage de 190 hommes, il prend à l’abordage un grand vaisseau britannique, trois fois plus important et plus armé que le sien. La Confiance (18 canons et 190 hommes) prend le Kent (40 canons et 437 hommes). Cela se passe le 7 octobre 1796 dans le Golfe du Bengale et le Kent est un navire de la Compagnie des Indes. Surcouf reconnaît tout de suite le navire et fonce sur lui ; les Anglais, médusés, tirent un coup de semonce et sont complètement pris au dépourvu lorsque Surcouf et ses hommes, après d'habiles manœuvres, réussissent à se rapprocher et à passer à l'abordage ! A 3 contre 1, les Anglais, médusés, sont submergés : 70 morts et blessés, dont leur capitaine, contre 20 aux français. La prise est belle, l’accueil est triomphal et c’est cet exploit, au large des côtes indiennes, qui assura la légende de Surcouf.

 

Pour terminer ce clin d’œil à notre valeureux corsaire, rappelons cette répartie célèbre de Surcouf. Après la paix avec la Grande-Bretagne et alors qu'il participait a un dîner en présence de ses anciens ennemis britanniques, l'un d'eux lui dit : « Enfin, Monsieur, avouez que vous, Français, vous battiez pour l'argent tandis que nous, Anglais, nous battions pour l'honneur… » Surcouf lui répondit d'un ton calme : « Certes, Monsieur, mais chacun se bat pour acquérir ce qu'il n'a pas. »

NDLR : encore nos félicitations à Julien qui avait deviné qu'il s'agissait de Robert Surcouf !

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23 janvier 2009 5 23 /01 /janvier /2009 15:09

Le gouvernement français facilita son retour (en 1836) à Calcutta sur un bâtiment de la marine nationale. Lors de sa réception officielle à la cour de Lahore, Allard remit une lettre du roi Louis-Philippe adressée au Maharaja Ranjit Singh.

 

A partir de 1835, Feuillet de Conches s'emploie à réunir des dessins venant d'Égypte, d'Abyssinie, de Perse, d'Inde, de Chine, du Japon. Sa profession favorise ses missions à l'étranger et les relations avec les ambassadeurs. Les miniatures indiennes, l'un des plus beaux ensembles cohérents de miniatures indiennes du XIXe siècle, sont exécutées par Imam Bakhsh, grand artiste du Panjab protégé par le Maharaja. Leur origine est liée à l'histoire : appelés à l'organisation d'une puissante armée par le Maharaja Ranjit Singh (1780-1839), fondateur du royaume sikh du Pendjab, Jean-François Allard et Jean-Baptiste Ventura, anciens officiers de l'armée napoléonienne, s'installent à la cour de Lahore. Dans le cadre de relations diplomatiques avec la France, Feuillet de Conches se lie d'amitié avec eux et ils accèdent à sa demande. En 1837-1838, Allard surveille lui-même l'exécution des peintures que Feuillet de Conches définit comme chefs-d'oeuvre, où les ciels sont d'or et les eaux d'argent.

 

C’est à Peshawar que la mort surprit le général Allard, en janvier 1839. Sa tombe est située à Lahore, dans le jardin de sa résidence d'Anarkali, où son corps fut inhumé.

 

Son corps, rapporté à Lahore par les vétérans du Fauj-i-khas, infanterie et cavalerie réunis, reçut les honneurs militaires dans toutes les villes du royaume qu’il traversa. Il fut enterré à Lahore au cours de funérailles que l’on pourrait qualifier de nationales, six régiments formant dans la capitale du Penjab la haie d’honneur entre sa résidence officielle d’Anarkali et le jardin de son baradari où allait se dérouler l’inhumation. Le général français fut déposé entre deux de ses enfants morts en bas âge. Il y repose encore aujourd’hui.

 

Bannou Pan Deï assura seule, avec l’aide de sa belle-famille, des amis de son mari et du général Ventura, l’éducation des cinq enfants. Elle vécut dans le souvenir extraordinairement fidèle à la mémoire de son époux. Elle s’éteignit dans sa bastide de Saint-Tropez le 13 janvier 1884, et elle repose toujours dans le caveau de la famille Allard, dans le cimetière marin de Saint-Tropez.

 

Lorsque Ranjit Singh meurt (en 1839), quatre de ses épouses officielles et sept de ses concubines esclaves se feront ''satî'' (elle se feront brûler vives) sur son bûcher funéraire. Son Etat paraissait solide mais ne survivra pas bien longtemps à la mort de son fondateur. Sa succession sera difficile (ses quatre premiers successeurs décédant dans les six années suivantes...), si bien que les Britanniques annexeront finalement le Pendjab et l'essentiel de ses Etats, dès 1846-1849.

 

Sources

 

Article : « Les Fables de La Fontaine aux Indes, Imam Bakhsh Lahori et L’école artistique de Lahore « de Jean-Marie Lafont

 

Article : « Les Mille et une Fables de la Fontaine ou Le Baron Félix Feuillet de Conches au Pays du Mogol » de Christiane Sinnig-Haas, Conservateur du Patrimoine

 

Gazette Politique et Littéraire de Toulouse et de la Haute-Garonne (19/10 135 et 12 nov 1835)

 

Note : le portrait de R Singh qui figure sur cette page est tiré du Livre " Maharaja Ranjit Singh, Lors of the five rivers" de Jean-Marie Lafont.

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21 janvier 2009 3 21 /01 /janvier /2009 15:07

Son arrivée à Bordeaux, en 1835, prit bientôt l’allure d’un retour triomphal. Toute la presse en parla et, lors de son séjour à Paris, les salons s’arrachèrent alors le général. Le général Allard installa d’abord son épouse et leurs enfants dans une propriété récemment acquise dans sa ville natale de Saint-Tropez. Il se rendit ensuite à Paris pour régulariser sa situation administrative et préparer son retour dans le Penjab. Il y fut reçu par les plus hautes autorités civiles et militaires, à commencer par le roi Louis-Philippe et le premier ministre.

 

Le « Journal des Débats » de l’époque (nous sommes en octobre 1835) mentionne en des termes enthousiastes le séjour en France du Général Allard : « M Allard est depuis quelques mois en France, et depuis quelques jours à Paris. Nous avons été assez heureux pour passer une soirée avec lui, et nous nous félicitons d’autant plus que nous sommes en mesure de donner à nos lecteurs quelques détails sur cet homme vraiment remarquable, et sur le curieux pays où il a transporté, il y a seize ans, notre organisation militaire, le respect de notre nom, notre uniforme et notre drapeau. ». On voit toute la curiosité admirative que le nom d’Allard suscite en France.

 

Le gouvernement français décida alors de le nommer agent de France (ambassadeur) à la cour de Lahore. De retour à Saint-Tropez, le général régularisait son mariage avec Bannou Pan Deï conformément aux lois françaises, et tous deux reconnaissaient immédiatement leurs cinq enfants, “objets incessants de leur sollicitude” comme le précise l’acte de mariage suivi de la reconnaissance conservé dans les registres de la mairie de Saint-Tropez.

Alors qu’il préparait à Paris sa nouvelle mission à Lahore, le général Allard avait fait connaissance de Félix Feuillet de Conches, alors chef du protocole au ministère des affaires étrangères et membre de la Société asiatique de Paris. Personnage fort érudit et curieux, totalement immergé dans la vie politique et culturelle parisienne, Feuillet de Conches était, entre autre passe-temps, un passionné des Fables de La Fontaine dont il avait acheté nombre d’exemplaires ouverts (non reliés) de l’édition Didot de 1827. Il avait pris coutume de confier un exemplaire des deux tomes des Fables à ses amis diplomates partant à l’étranger, orient ou occident, en les priant de bien vouloir les faire illustrer sur place, en emplissant les vides, par un artiste local. Il reste aujourd’hui de cet étonnant programme une centaine d’illustrations de ces fables faites par 46 artistes européens (français, anglais, allemands, belges, suisses, italiens, et un américain), alors qu’en 1862 sa collection orientale comprenait 62 aquarelles signées de Che Tien, un artiste de Pékin, mais aussi 20 aquarelles anonymes de Canton, 20 dessins provenant des Indes néerlandaises, d’autres illustrations venant de Perse, d’Egypte, d’Ethiopie, du Japon. Et, fleuron de cette collection orientale, 59 miniatures réalisées par Imam Bakhsh Lahori, un artiste du Penjab, sous la direction des généraux Allard, puis peut-être Ventura.

 

Il est ainsi amusant de voir que les fables de la Fontaine, dont une partie est d’inspiration indienne (voir notre article sur La Fontaine), vont ainsi être illustrées par un artiste indien, choisi par le Général Allard.

 

Le général Allard joignit à ses bagages les deux volumes des Fables de La Fontaine, à côté de la lettre du roi de France adressée au Maharaja du Penjab. Il ne lui restait plus, sitôt arrivé à Lahore, qu’à les confier à un artiste penjabi. Il n’eut pour cela pas grandes recherches à faire. Les généraux français et italiens au service du royaume sikh du Penjab s’étaient presque dès leur arrivée à Lahore, et, bien avant parfois, depuis son séjour en Perse en ce qui concerne Claude-Auguste Court, passionnés pour l’histoire et l’archéologie, les moeurs et les coutumes des pays dans lesquels ils avaient vécu ou voyagé.

 

A Paris Allard rencontrera à deux reprises le Comte Rodolphe Apponyi ce jeune aristocrate austro-hongrois, attaché d’ambassade à Paris, qui participe à la vie mondaine de la capitale et qui laissera un récit précis de sa vie parisienne (« 1826-1850, 25 ans à Paris »).

Le 18 novembre 1835 et le comte écrit à propos d’Allard : « J’ai vu dernièrement chez lady Granville le général Allard ; je l’avais déjà vu et rencontré plusieurs fois sans avoir pu lui parler. Il aurait une assez belle figure s’il n’était obligé de se conformer à un usage du pays de Lahore qui exige, pour un homme de son rang, une barbe très bizarrement arrangée, à moitié noire, à moitié blanche. Il a beaucoup d’esprit naturel et une grande facilité pour toutes choses. »

Le même comte le 16 mai 1836 :

« J’ai rencontré ce soir, chez M Thiers, le général Allard. Il va retourner bientôt à Lahore par Rio de Janeiro, le Cap, l’Ile Bourbon, Calcutta et Delhi, pour rejoindre  Ranjit Singh ». Le comte nous apprend que Allard est venu en France avec le fils adoptif de Ranjit Singh, Sed Poor. Il précise : « Le jeune Seed Poor reste en France sous le nom d’Achille Allard. Son éducation est a été confiée par le gouvernement français à M. Blanqui aîné, directeur de l’école spéciale de commerce. Le Général Allard retourne à Lahore avec e  titre et les fonctions de chargé d’affaires du roi des Français auprès de Runjeet Singh. Il emporte avec lui une riche provision d’armes de toutes espèces, des sabres, des cuirasses, des fusils et un parc d’artillerie en miniature. ». Dans tous les documents que nous avons consultés, c’est le seul qui mentionne cette histoire du fils adoptif du roi de Lahore qui restera en France.


                                                                                   A SUIVRE

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19 janvier 2009 1 19 /01 /janvier /2009 13:05

Allard est non seulement le généralissime des armées du Royaume de Lahore, mais il est devenu le second personnage du royaume ; il habite un palais et son escorte est formée d’un régiment entier. On peut ajouter que cet homme qu’est Jean-François Allard en impose. Nous avons trouvé dans la « Gazette politique et littéraire de Toulouse et de la Haute-Garonne » la description physique du général Allard : «d’une taille moyenne, d’une belle figure, d’une physionomie douce et fière ; son langage est net et précis, sa voix très agréablement accentuée, son ton modeste. Il porte une longue barbe blanche qui se détache sur des moustaches et favoris noirs. Ses cheveux sont gris ; mais tout son extérieur annonce la force d’une maturité puissante, et ses yeux brillent d’un éclat et d’une vivacité extraordinaires. M Allard est le type achevé de ces races d’élite, nées pour le commandement militaire. »

 

Un nombre restreint d’obligations étaient imposées à ces officiers étrangers dont les plus élevés en grade, les généraux français et italiens, occupaient des postes-clef au sommet de la hiérarchie militaire et politique de l’Etat: porter la barbe, ne pas fumer et se marier avec des dames locales était ce que Ranjit Singh leur demandait courtoisement, mais fermement. Le moyen le plus sûr, pensait-il en songeant à cette obligation dernière, de les attacher plus étroitement à cette terre où ils servaient. Et le Maharaja ne s’était guère trompé sur ce point.

 

Allard va donc épouser une très jeune princesse, nièce du roi ; il s’agit de Bannou Pan Deï, à propos de laquelle un grand nombre d’informations existent encore, affectueusement conservées par leurs descendants en France. Née à Chamba, dans l’actuel Himachal Pradesh, de la lignée royale de cette très ancienne dynastie rajpoute du piémont himalayen, elle avait été capturée par le général français lors des opérations du Fauj-i-khas dans ces régions. Le général Allard, frappé de la beauté, de l’intelligence et de la vivacité de sa petite captive, lui avait fait donner une éducation. Puis, dès qu’elle en avait eu l’âge, il l’avait fin 1825 ou début 1826 épousée “selon les usages et les rites du royaume de Lahore”. Il avait quarante ans. Elle devait en avoir douze. Leur premier enfant, Marie-Charlotte, mourut à six mois en novembre 1826.

 

Si Allard et Court avaient chacun une seule femme, Ventura et Avitabile (les deux italiens…) suivirent aussi les conseils de Ranjit Singh au point de se doter de splendides harems rivalisant avec ceux des plus hauts dignitaires du royaume.

 

Ranjit Singh fut très influencé par l’habileté de ces officiers français en diplomatie. De 1823 à 1827, ils furent souvent associés aux décisions concernant les régions frontalières et l’établissement des relations amicales entre Lahore et les petits souverains musulmans et les chefs des tribus à la frontière nord-ouest. Avitabile fut nommé Gouverneur de Wazirabad et il a assuré la paix dans la région. L'influence des français est telle que vers 1830, le Royaume de Lahore adopte le drapeau français et l'emblème blanc des Bourbons.

 

Il est intéressant à noter que le rapport que les Généraux avaient avec la France et ce qu’ils essayèrent d’accomplir en encourageant Ranjit Singh à initier une communication directe avec le gouvernement française.

 

Mais même au fait de sa gloire au Royaume de Lahore, Allard n’a pas oublié la mère patrie ; la France lui manque. Il souhaite faire un voyage en France. Il s’en ouvre au Roi (Ranjit Singh) qui lui donne son accord mais à condition qu’il laisse ses enfants à Lahore. Allard lui répond « mais Sire mes enfants, mais c’est pour eux que je veux aller en France pour qu’ils soient élevés dans la pratique de leur culte et dans le vœu de leur religion ». A ces mots, le roi ne résista plus.

 

Jean-François Allard et Bannou Pan Deï avaient en 1834 quatre enfants vivants quand le général obtint, contre promesse de son retour, un congé pour emmener son épouse et sa petite famille en France. La raison qu’il avança auprès de Ranjit Singh fut, comme on l’a vu,  qu’il voulait que ses enfants fussent élevés dans la religion catholique. Celle qu’il publia dans les journaux français en 1836 fut que, bien plus âgé que son épouse et exposé aux hasards de guerres incessantes dans la province de Peshawar dont il était le gouverneur militaire, il craignait de mourir avant Bannou Pan Deï qui, restée hindoue, et selon la tradition rajpoute très vivante dans Chamba comme dans le royaume du Penjab, devrait alors se brûler vive et laisser leurs cinq petits enfants orphelins. Cinq enfants en effet, car Bannou Pan Deï était enceinte du cinquième quand ils se mirent enfin en route de Lahore pour aller s’embarquer à Calcutta, et c’est dans cette ville que naquit la petite Félicie le 2 février 1835.

                                                       A SUIVRE

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17 janvier 2009 6 17 /01 /janvier /2009 15:03

Abbas-Mirza lui confère aussitôt le titre et le traitement de colonel et lui promet un régiment qu’il attendra en vain ! Peu après on lui conseille d’aller plutôt à Kaboul où ses services seraient mieux employés ; en réalité les Anglais viennent de signer un accord avec les Perses et l’une des conditions est que Téhéran se débarrasse de tous les officiers français. Allard et Ventura devront se déguiser pour fuir à Kaboul. Une fois à Kaboul, il entend parler du roi de Lahore, Ranjit Singh qui cherche à consolider son royaume, et Allard se rend à Lahore où il rencontre Ranjit Singh.

 

Mais qui est ce roi de Lahore auquel Jean-François Allard va lier son destin ?

 

Ranjît Singh (1780-1839) est l'unificateur historique et le grand râja sikh du Panjâb.

Au départ, Ranjit Singh n'est pourtant que le fils de Mohan Singh, petit chef de guerre vassal des souverains afghans de la région pendjabie de Gujranwala, alors à la tête d'une faction guerrière et auquel il succède à l'âge de douze ans. Et lorsque Ranjît Singh devient gouverneur de Lahore au profit des Afghans (en 1799), le Pendjab est éclaté en de nombreuses petites entités rivales placées sous la direction de chefs de guerre.

En 1799, Ranjit Singh se rend bientôt indépendant, prend le titre de ''Mahârâjadhirâaja'' de Lahore (en avril 1801), puis étend son domaine en annexant à son territoire les villes d'Amritsar en (1802), de Ludhiana en (1806), de Kangra et Jammu en (1809), de Wazirabad en (1810), de Faridkot (en 1807), d'Attock (en 1813) et de Multân en (1818). Ensuite il occupe le Cachemire (en 1819) et s'empare de Peshâwar (en 1823), fondant ainsi - en quelques vingt ans d'intrigues et de combats - un grand État sikh comprenant Pendjab et Cachemire.

 

Cette première rencontre entre le roi de Lahore et Allard se situe en 1822. Après s'être assuré qu’il ne s’agissait pas d’un émissaire britannique, Ranjit Singh confia à J.F Allard (et à son compagnon de route Jean-Baptiste Ventura), le soin de former et de commander, sous son autorité immédiate, un corps de troupes d’élite sur le modèle français. Allard créa ainsi une première brigade spéciale (Fauj-i-Khas), brigade dénommée « française » par les populations du Panjâb et nommée « French Legion » par les services de renseignement britannique.

Mais avant d’en arriver à une véritable armée, Allard doit d’abord convaincre le roi de Lahore.

Allard se voit confier par Ranjit Singh, quelques hommes à entraîner. L’ancien capitaine des Hussards le fait bien et vite. Puis il reçoit une centaine d’hommes dont il fera les futurs officiers instructeurs de la future armée de Lahore. Ranjit Singh se rend vite compte du parti qu’il peut tirer de la grande expérience militaire d’Allard. On passe de la centaine d’hommes au régiment, puis à la brigade et enfin à la division. En peu de temps une armée de plusieurs milliers d’hommes très entraînée est mise sur pied. Allard utilise les grades et les insignes de l’armée impériale et les ordres sont donnés en français.

 

En 1827, Allard et Ventura firent venir à Lahore deux anciens frères d’armes - Claude-Auguste Court et Paolo Avitabile - qui formèrent à leur tour chacun leur propre brigade. Au point que, vers 1830, environ 10 000 hommes (soit le tiers des forces régulières de Lahore...), se trouvaient directement placés sous commandement français. L’efficacité de ces brigades était d’ailleurs telle qu’en 1835 le reste des troupes régulières du Panjâb fut réorganisé selon ce système français.

 

Le quartier général de ces brigades était à Lahore, où le Maharaja les avait réparties tout autour de la ville, mais les responsabilités de leurs commandements entraînèrent ces officiers français dans toutes les provinces du Panjâb : de Peshawar et Multan à la frontière anglaise, et jusque dans l’Himalaya. Ces fonctions militaires étaient d’ailleurs doublées d’obligations administratives et fiscales. Ces officiers portèrent un vif intérêt non seulement aux arts du Panjâb, mais encore à son histoire et à ses antiquités : entreprenant les fouilles archéologiques du site bouddhique de Manikyala ; collectionnant pièces de monnaie et recherchant les traces des campagnes qu’Alexandre le Grand avait menées dans ces régions.

 

Très vite, cette nouvelle armée entre en action car les princes dissidents sont nombreux et chaque fois les dissidents sont écrasés. L’armée d’Allard triomphe à chaque fois. Les recrutements se font sur la base du volontariat mais s’agissant d’un peuple guerrier, il est aisé d’augmenter le nombre de soldats dés que le besoin s’en fait ressentir.

 

Sur un plan purement militaire, l’armée du royaume changera de dimension. En  1819, il y avait 7748 fantassins, 750 cavaliers et 3577 autres soldats. En 1838, il y aura 26617 fantassins, 4090 cavaliers et 10795 autres soldats.

                                                                             A SUIVRE

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15 janvier 2009 4 15 /01 /janvier /2009 14:56

Mardi dernier nous vous montrions le portrait d'un "drôle de bonhomme"... Il s'agissait du Général Allard.

Nous présentons donc à nos lecteurs l’histoire du Général Allard, capitaine des Hussards de l’armée napoléonienne qui par un de ces étranges hasards du destin jouera un rôle majeur auprès du Royaume de Lahore (aujourd’hui au Pakistan). Chaque fois que nous croisons la route de ces français qui ont vécu en Inde, nous nous demandons comment ils ont pu vivre et s’adapter, s’intégrer à l’Inde de cette époque. Comment un officier français, élevé dans les rigueurs de la chose militaire et dans les ambitions impériales, a-t-il pu s’intégrer aussi bien dans un pays peuplé de zones tribales ? Un homme comme Jean-François Allard n’a rien d’un mercenaire et nous verrons qu’il sera amené à jouer aussi un rôle dans le domaine artistique. Homme d’honneur, il ramènera en France la très jeune princesse indienne qu’il épousera afin de la mettre à l’abri d’une coutume ancestrale barbare (le sâti), mais mettra un point d’honneur à revenir à Lahore afin d’honorer la promesse faite à son Roi et c’est au royaume de Lahore que la mort le surprendra.

 

Ce texte étant assez long, nous vous le présentons en plusieurs parties. Soucieux d’épargner la fatigue visuelle de nos lecteurs, nous avons volontairement peu parlé de plusieurs autres personnages qui font pourtant partie du décor de cette histoire. Ainsi en est-il de Jean-Baptiste Ventura (1792 – 1858), italien de naissance mais qui servit dans les armées napoléoniennes comme colonel d’infanterie. Il rencontra Allard à Téhéran et c’est avec lui qu’il arrivera à Lahore en mars 1822. Mentionnons également Claude-Auguste Court (1793 – 1880), ancien officier de l’Empire, Chevalier de la Légion d’Honneur et membre de plusieurs sociétés savantes ; il arrivera à Lahore en 1827. Paolo Avitable (1791 -1850) est un italien ayant servi dans les armées de Napoléon. Après un long séjour en Perse il rejoindra Lahore en 1827. Il parlait le perse et l’hindi. Allard, Ventura, Avitabile et Court seront appelés les quatre généraux français de Lahore, alors que deux d'entre eux sont italiens...

Enfin nous ne sommes pas attardés sur Victor Jacquemont, savant français qui vint à Lahore en 1831 mais qui écrivit des mémoires fort intéressantes sur sa vie et son séjour à Lahore.

 

Cette introduction étant terminée, il ne nous reste plus qu’à vous souhaiter un bon voyage en compagnie de Jean-François Allard.

 

Nous sommes en 1815, après la défaite de Waterloo ; Louis XVIII revient sur le trône de France, porté par les armées étrangères. Débute bientôt la Terreur blanche, au cours de laquelle le personnel impérial est traqué par les ultraroyalistes déchaînés. L'armée subit une terrible épuration. Nombre d'officiers en sont chassés et deviennent des «demi-solde», ces hommes déclassés, sans avenir, inlassablement persécutés par l'administration policière.
Ces soldats formaient pourtant une caste bien distincte. Survivants d'une lignée de héros disparus, ils impressionnaient, car ils avaient sillonné le monde en vainqueurs ; ils étaient érudits, un brin supérieurs. Parmi eux Jean-François Allard, capitaine des Hussards, et aide de camp du Maréchal Brune qui sera une des victimes de la Terreur blanche.

 

Jean-François Allard, né le 9 mars 1785, est sous l’uniforme dés l’âge de 18 ans et se fait vite connaître par ses actions d’éclat. Il faisait partie de cette garde impériale couverte d’honneurs et qui disparaît brutalement avec Waterloo. Pis encore, son protecteur le Maréchal Brune est assassiné et le voila repoussé par l’Armée, à 30 ans. Il fait alors le projet de partir en Amérique et achète même son billet pour embarquer sur une frégate lorsqu’il rencontre un officier italien qui lui propose d’aller chercher fortune en Egypte. Ils partent mais Allard ne trouve, comme fortune, qu’un accueil froid et la peste. Il part alors en Perse et est accueilli avec les honneurs par Abbas-Mirza, prince héritier perse. Il restera en Perse de février 1820 à septembre 1821.

 

                                                                                   A SUIVRE

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13 janvier 2009 2 13 /01 /janvier /2009 13:54

Observez bien ce portrait.

Voilà un homme d'un autre siècle, l'air triste, portant d'extraordinaires moustaches et vêtu de manière inhabituelle. Voila plusieurs semaines que je travaille sur cet homme et son histoire. Diable, quel drôle d'accoutrement sur ce portrait ! Difficile de penser qu'il fut un vaillant capitaine des Hussards.

Bien sûr vous vous demandez pourquoi je vous parle de ce capitaine... Bon, vous devez quand même avoir une petite idée, non?
Je ne vous demande même pas de deviner quel est son nom, car je pense que ce serait impossible et le portrait que vous voyez a été très difficile à trouver.

Bon, nous vous en dirons beaucoup plus sur cet homme dés que mon article sera achevé...

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10 janvier 2009 6 10 /01 /janvier /2009 14:24

Tintin et son fidèle compagnon Milou fêtent ce samedi leurs quatre-vingts ans, avec bonheur car leur rayonnement ne cesse de croître à travers le monde.

Plus de 30 ans après le dernier album d'Hergé, Tintin continue d'engranger les profits, avec deux à trois millions d'albums vendus chaque année et un film que prépare Steven Spielberg.

Tintin et Milou ont vu le jour le 10 janvier 1929 dans un supplément d'un magazine belge. Peu après, "Tintin chez les Soviets" marquait le début du petit reporter à la houppe dans le monde des albums de bande dessinée.

Depuis lors, plus de 200 millions d'albums ont été vendus à travers le monde, traduits dans plus de 100 langues et dialectes.

Et après cette longue introduction, nos lecteurs se demanderaient-ils pourquoi leur parle-t-on de Tintin dans ce blog ? Non, car nos lecteurs, triés sur le volet, ont déjà compris que le vrai sujet était Tintin et l’Inde.






Nous avions déjà emprunté quelques images de Tintin dans ce blog, notamment lorsque nous parlions des vaches sacrées, une réalité toujours présente à Bombay. Mias là, à l'occasion des 80 ans de Tintin, nous nous sommes plongés sérieusement (mais avec délice) dans la relation entre Tintin et l'Inde.







Hé oui car l’Inde apparaît à plusieurs reprise dans les albums de Tintin ;

la première fois dans "Les cigares du Pharaon" où il termine son aventure chez le maharadja de Rawhaspoutalah.



Avant l'arrivée de Tintin dans ce pays, le bateau d'Allan Thompson va visiblement s'y diriger ("en route pour les Indes" dit-il à la page 12 des Cigares du Pharaon).
L’Inde et le même maharadjah seront le point de départ du "Lotus bleu". Ce pays est mentionné sur une carte à la deuxième page de la version noir et blanc du Lotus bleu avec l'ancienne appellation "Indes". L'empire des Indes était le nom donné de 1877 à 1947 aux territoires britanniques de l'Inde.



L'éléphant est très présent dans les aventures de Tintin comme sur cette image tirée des "Cigares du Pharaon".

Sur la route du Tibet, Tintin et le capitaine Haddock font une escale en Inde à New-Dehli et en profitent pour visiter la ville (Tintin au Tibet).
Dans "Vol 714 pour Sydney", Chandernagor est citée par Tournesol (page 1), le docteur Krollspell est directeur de  l’institut psychiatrique de New-Dehli, et une photographie d’une soucoupe volante a été prise dans cette même ville (page 61).  
Dans les bijoux de la Castafiore, page 32, la Castafiore parle de sa dernière tournée aux Indes (triomphale d'ailleurs)...





Comme toujours les références d'Hergé sont solides; on sait qu'Hergé voyageait peu et qu'il n'a jamais mis les pieds dans la plupart des pays qu'il évoque dans ses albums; mais on sait ausi qu'il réunissait une abondante documentation sur ces pays avant de les dessiner. Dans cette image tirée des "Cigares du Pharaon" on voit le pauvre Milou en grande difficulté (mais le bon Milou est un habitué des situations compliquées) et en arrière-plan une fidèle reproduction de la déesse Shiva que nos lecteurs connaissent puisque nous lui avions consacré un article.





 

Dans Tintin au Tibet (1959), à l’occasion d’une escale à New Delhi, en partance pour le Tibet, Tintin et le Capitaine Haddock prennent le temps d’admirer le Fort Rouge et le Qutub Minar. Ils empruntent ensuite tout naturellement la compagnie aérienne Air India pour se rendre au Népal. Soucieux du réalisme, Hergé avait initialement emprunté le nom de la compagnie Indian Airways pour l’avion de Tchang qui s’écrase au Tibet. C’était sans compter les représentants de la compagnie Indian Airways venus se plaindre de la mauvaise publicité en faisant porter à l’avion DC – 3 accidenté le nom et les couleurs de sa compagnie. Hergé a donc dû le renommer “Sari Airways”, un nom purement fictif mais très indien.





Mais nos lecteurs se disent peut-être comme nous ; mais pourquoi Hergé qui a écrit un « Tintin au Tibet » n’a-t-il pas écrit un « Tintin en Inde » ?


Voilà une excellente question et on sera étonné d’apprendre qu’Hergé a écrit, ce qui est peu connu, une pièce de théâtre nommée « Tintin aux Indes  ou le mystère du diamant bleu ». Cette pièce  a été écrite en collaboration avec Jacques Van Melkebeke et jouée au Théâtre des Galeries, à Bruxelles, les 15 et 17 avril ainsi que les 1er et 8 mai 1941. Le diamant du Maharadjah de Padhakore a disparu. Après un séjour chez le maharadjah, Tintin le retrouvera... en Syldavie ! Cette intrigue fut inspirée à Hergé par la légende du diamant “Hope”, connu pour porter malheur à ses propriétaires… et ayant fait l’objet d’un article récent dans ce blog !


Une autre question se pose : Tintin est-il connu en Inde ?


Oui Tintin est connu et ses albums en anglais sont diffusés depuis longtemps en Inde ; et en 2005, les albums ont été traduits en hindi. Un jour, Hergé reçut une lettre d’un jeune lecteur de Calcutta et se demanda
« Que peut-il bien y avoir entre Tintin, moi et ce garçon de Calcutta ? « Une relation entre deux imaginaires, sans aucun doute, mais mieux encore : un lien profond qui, lui, est bien loin d’être imaginaire.

C’est ce que démontre le journaliste indien Sougata Bhattacharya, qui reprend les albums d’Hergé et parcourt avec nous les aventures de Tintin dans une Inde qu’il n’a pas connu : l’Inde coloniale. Il le piste non seulement quand Tintin passe dans son pays pour se rendre dans celui du « Lotus bleu », mais aussi lorsque, à deux reprises, il y transite pour aller au Tibet.

Il ne s’arrête pas à ce seul examen, et fait l’état des lieux de la notoriété du reporter belge dans le sous-continent : ses fans y sont nombreux, du grand cinéaste Satyajit Ray qui le cite dans son film » La Forteresse d’Or », à l’hommage rendu, lors de la « Lakme fashion Week » en 2005, par le créateur Indien J.J. Valaya présentant sa collection de 59 vêtements inspirée par l’œuvre d’Hergé, divisée en trois catégories : Prisoners of the Sun (d’après « Le Temple du Soleil »), le Bashi Bazouk (sic) et Tintin in Tibet. Il constate seulement que Hergé et Tintin passent le plus souvent pour des… Français, leur notoriété étant comparable à celles de Napoléon ou de François Mitterrand !

Selon M. Sougata Bhattacharya, la présence en Inde du jeune reporter à la houppe est aujourd’hui assurée par les multiples versions de ses aventures en bengali, malayalam ou tamoul. 2007 est l’année de l’Inde en France. Elle est aussi celle du centenaire d’Hergé. Cette convergence devrait suffire à justifier ce plaisant mélange des cultures qui a toujours été l’apanage, finalement, du reporter du Petit XXème.

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25 novembre 2008 2 25 /11 /novembre /2008 13:57

Le corpus de Fables animalières le plus anciennement attesté en Europe est celui d’Esope, composé au VIème siècle av. J.C., recueilli vers 325 av. J.C. par Démétrios de Phalère à Athènes et transmis jusqu’à nous dans la version en prose de Planude au XIVème siècle. De ce recueil du IVème siècle av. J.C. s’inspirèrent bien des imitateurs: Babrias, Phèdre, Avienus et d’autres fabulistes qui pendant la basse antiquité, puis tout long du Moyen-âge et jusqu’aux XVIème et XVIIème siècles le suivirent pour l’imiter, le condenser, l’élargir, le transformer. La Fontaine s’en inspira aussi, redonnant à l’oeuvre d’Esope dès 1668 (parution de son premier recueil) un éclat et une renommée qui depuis n’ont guère fléchi.

Mais le plus volumineux corpus d’histoires animales nous vient de l’Inde, que ce soit le Pañçatantra dont on a plus ou moins reconstitué les différentes couches successives, ou le Tutinama (les Contes du Perroquet).

La Fontaine s’est donc inspiré des Fables d’Esope mais également de fables indiennes.

 

L’Inde était déjà largement à la mode en France lorsque Jean de La Fontaine, sur ses trente-sept ou trente-huit ans, devint un protégé du surintendant Fouquet qui le reçut dans son château de Vaux. C’est de la bibliothèque de ce dernier que viennent les deux plus anciens manuscrits indo-persans entrés dans les collections de la Bibliothèque royale, aujourd’hui nationale.  Mais si l’Inde était à la mode c’était en partie grâce à François Bernier, médecin et philosophe français (1620 – 1688).

François Bernier s'embarque en 1656 pour de longues pérégrinations orientales motivées par le seul «désir de voir le monde». Ni la peste qu'il contracte en Égypte, ni la sanglante guerre de succession qui déchire le grand empire musulman de l'Inde ne parviennent à freiner son élan philosophique : sur les bords du Nil, à la cour du Moghol ou dans les vallées retirées du Cachemire, Bernier poursuit inlassablement sa vaste enquête, appliquant aux réalités les plus diverses un art d'observer et un sens critique hors du commun.

La relation qu'il publie à son retour est un témoignage particulièrement précieux sur l'Inde moghole, dont les intrigues de cour, l'organisation politique et économique, les pratiques religieuses, musulmanes ou hindoues, sont analysées avec une rigueur et une finesse toutes classiques. Mais Bernier sait aussi décentrer son regard et questionner les normes européennes, ainsi qu'en témoigne sa description émerveillée d'un monument alors récemment construit : le Taj Mahal.

Déterminé à demeurer quelques années dans le pays, Bernier se fit attacher en qualité de médecin à la cour de l’empereur. L’amilié particulière qu’il contracta avec l’agah Danechmend-Khan, son favori, le fit admettre, comme faisant partie de sa suite, à visiter le royaume de Cachemire où Aurangzeb se rendit en 1664-65, pour la première fois après son couronnement. Il a décrit son séjour dans cette contrée, sorte de paradis terrestre longtemps interdit d’accès aux Européens par ses souverains et où on n’arrivait qu’après des fatigues énormes, causées par une excessive chaleur, mettant en péril les jours du voyageur le plus déterminé. La constitution de Bernier ayant résisté à l’épreuve du climat, il acheva de parcourir l’Inde et, après y avoir passé huit ans, il revint par la Perse et la Turquie.

François Bernier écrivit même à Colbert (qui créera la Compagnie des Indes orientales en 1664) sa lettre sur “l’étendue de l’Hindoustan, circulation de l’or et de l’argent pour venir s’y abîmer…”, reprise dans son Voyage. Il faut donc se rappeler sans trop d’étonnement qu’entre 1673 et 1678, alors que s’édifiait Versailles, un plan de restauration du Palais du Louvre agréé par Colbert prévoyait l’aménagement d’un appartement “à la manière du Mogol” pour le jeune roi de France…

Bernier rentra en France en 1669, et son Histoire de la dernière révolution des Etats du Mogol parut à Paris, chez Barbin, dès 1670. Les Français, et les Européens, se passionnèrent alors pour les récits des voyageurs français aux Indes.

C’est dans ce cadre culturel que s’inscrit La Fontaine, avec un premier recueil de Fables paru en 1668 où il doit son inspiration générale aux Fables d’Esope et autres sources d’inspiration européennes, alors que pour les six derniers livres de ses recueils parus en 1678-79 et 1693-94 il clame sa dette à l’égard de l’Orient, et de l’Inde. Ce qui chez La Fontaine déclencha cet intérêt particulier pour les sources indiennes semble bien être, le retour de Bernier en France en 1669 et l’aura de ce “gentil philosophe”, dit “le Mogol”, sur les meilleurs milieux et les meilleurs esprits parisiens.

Bernier et La Fontaine avaient le même éditeur, Barbin, et ils allaient tous deux se retrouver commensaux chez l’excellente Madame de La Sablière, Bernier peu après son arrivée à Paris, et la Fontaine dès 1672.  L’influence directe et indirecte de Bernier sur La Fontaine pour les second et troisième recueils des Fables, dont celle intitulée “Le songe d’un habitant du Mogol” est évidente.

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3 novembre 2008 1 03 /11 /novembre /2008 15:20

L'Inde s'invite à Paris et dans le luxe et la mode ! L'inspiration indienne semble avoir marqué les créateurs parisiens les plus célèbres comme Cartier et Hermès.

En septembre dernier, Cartier avait choisi Londres et Lancaster House, la somptueuse demeure voisine de la résidence privée du prince Charles pour dévoiler à quatre cent clients venus du monde entier, 583 pièces d'exception parmi lesquelles se trouvait la toute nouvelle collection de haute joaillerie baptisée Inde Mystérieuse.

Imaginez des pierres de couleur juxtaposées dans un moderne Tutti Frutti, des gemmes taillées en briolettes ou en perles godronnées, des associations chromatiques assez inhabituelles comme le brun et le rose ou le rouge et le vert anis, des gemmes gravées, des diamants blancs, jaunes et mordorés, des motifs d'inspiration Mandala, ou cachemire, et quelques animaux très caractéristiques de ces Indes rêvées, tels le tigre et le cobra.

Voici également deux magnifiques colliers : un collier tigre en or jaune serti de diamants jonquille, d'émeraudes pour les yeux, d'onyx et de brillants, et un c
ollier inspiré des plumes du paon en or gris, émeraude taille cabochon, saphirs et diamants.



























Hermès célèbre l’Inde où le sellier inaugurera une boutique à Delhi à l’automne 2008. Du coup, le créateur Jean-Paul Gaultier donne à l’étiquette française les couleurs de ce fabuleux continent. Tandis que des coulées de pigments teintent le décor de rose indien – magique -,
sur le podium, veste blanche à la Nehru sur gilet ivoire, sarouel de jersey violet, robe à décolleté asymétrique façon sari, saharienne en suède sable et jodhpurs de crocodile blanc glissés dans des bottes cavalières déclinent le vestiaire d’une Inde aristocratique et urbaine à la lord Mountbatten.
Les motifs courroies des foulards maison s’impriment en all over sur un trench en soie. L’orange Hermès s’inspire de celui des bonzes. Les sacs Kelly en autruche se chargent de couleurs. Une tunique à décolleté asymétrique en mousseline turquoise et outremer sur un pantalon de soie fuchsia évoque cette Inde, si loin, si proche.









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