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15 septembre 2009 2 15 /09 /septembre /2009 08:20

Ce récit de voyage est suivi de la traduction du Zend Avesta. Celle-ci n'est pas encore une œuvre de pure philologie, comme on l'entendra un siècle plus tard après les travaux d'Eugène Burnouf. C'est la transmission à l'Europe de l'enseignement des destours, tel qu'Anquetil l'a recueilli avec son acuité d'attention et sa lucidité. Jointe aux observations et descriptions soignées qu'il a faites des pratiques et coutumes, c'est maintenant un document précieux sur l'état de la religion parsie en Inde au XVIIIe siècle.


Cette œuvre doit être prise comme un rapport de voyage scientifique, car son auteur l'avait conçue comme telle. Elle fonde l'esprit et la méthode du voyage scientifique. Anquetil Duperron réfléchira toute sa vie sur la nature du voyage et du récit de voyage. Il fait un effort d'objectivité rare pour son époque. Il se détache de son siècle par son désintéressement absolu, sa recherche d'un niveau de connaissances sur le pays plus avancé, plus profond. Pour cela et pour accéder à la culture, il apprend plusieurs langues : ce qu'on appelait le "portugais paria" employé par les Européens, le persan qui permettait le contact avec les milieux du pouvoir et les cercles cultivés, l'hindoustani par lequel on pouvait approcher le peuple. Il s'intéresse principalement à la religion, parce que c'est dans cette sphère que les peuples placent le plus profond de leur culture.


Anquetil Duperron n'avait pu remplir sa mission dans l'extension qu'il lui avait donnée : »Je savais encore que les quatre Vedes, livres sacrés des Indiens, étaient écrits en ancien samskretan et que la Bibliothèque du roi était riche en manuscrits indiens que personne n'entendait. Ces raisons m'engagèrent à préférer l'Inde au Kirman d'autant plus que je pouvais également y approfondir l'ancien persan et l'ancien samskretan ». Après le Zend Avesta, il n'eut de cesse de réaliser pour les Veda ce qu'il avait fait pour le livre sacré des Perses. Il le fit à Paris, ou du moins fit ce qu'il put faire à Paris.


En 1775 il reçut un manuscrit persan envoyé de l'Inde par le Colonel Gentil, un officier français au service d'un nabab indien, avec qui il s'était lié durant son voyage, quinze ans auparavant. C'était une version persane de cinquante Upanisads, ces textes sanskrits dans lesquels les brâhmanes de l'époque védique ont posé les fondements de la philosophie indienne. Elle était due à Dârâ Shukôh, l'infortuné prince moghol, fils aîné de Shâh Jahân, assassiné par son cadet Aurangzeb en 1659, prince d'une très grande culture, d'une grande intelligence confinant à la mystique, qui avait rêvé d'une harmonie entre l'islam et l'hindouisme. Il voyait confluer les deux religions dans un monothéisme absolu. En 1657, il avait réuni les meilleurs lettrés de Bénarès dans son palais de Delhi au nom persan et sanskrit, Manzil-i-Nigambodh "Demeure de la compréhension des textes sacrés", et recueillant leurs commentaires avait composé une traduction persane de leur enseignement sanskrit fondé sur les Upanisads. Ce n'est pas une traduction de la lettre des textes antiques. C'est une amplification des textes et de la pensée. Les brâhmanes consultés lui en avaient présenté l'interprétation moniste que Sarkara a initié vers le VIIIe siècle de notre ère et qu'une longue lignée de philosophes n'a cessé de développer et raffiner au cours du temps.


Ce fut pour Anquetil-Duperron une nouvelle rencontre intellectuelle de la plus haute qualité, et peut-être encore plus profonde que sa rencontre avec le destour parsi. Il entreprit une traduction française qu'il réalisa entre octobre 1786 et juillet 1787. Il publia d'abord quatre textes dans ses Recherches historiques et géographiques sur l'Inde. Le reste est resté inédit, mais par sa propre volonté. Il était peu satisfait de ce premier travail. Il avait un souci extrême de littéralité et trouvait son français « barbare ». Le latin lui permettait de garder l'ordre des mots du texte persan. Il refit sa traduction en latin et la publia avec une annotation considérable. Ces commentaires contiennent une érudition sans limites et des digressions sur les sujets les plus divers qui en font un livre aussi passionnant que difficile. Il y insère beaucoup de matière personnelle, toute sa pensée, toutes ses réactions, ses souvenirs de l'Inde et des témoignages de son existence au fil de son labeur. Ce fut, en effet, un labeur que l'on peut qualifier d'héroïque, quand on considère les circonstances dans lesquelles il le réalisa.

A SUIVRE

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13 septembre 2009 7 13 /09 /septembre /2009 08:17

Surate est alors le théâtre de troubles politiques. Anquetil-Duperron assiste à la montée en puissance de l’hégémonie anglaise. Il ne se range d'aucun côté. Il se fraye seul une voie au milieu des nationalités, des communautés et des religions.


Il rencontre enfin, après trois années d'errance et d'aventure, des destours, docteurs parsis versés dans les textes sacrés de la vieille religion iranienne. Trois d'entre eux, principalement le vénérable destour Darab se prêtent à ses demandes de manuscrits et à lui enseigner leurs langues et leur religion. Le contact ne se fait pas sans le heurt des deux cultures. D'un côté le jeune français récemment sorti des écoles de son pays, de l'autre un maître âgé, détenteur d'une tradition soigneusement défendue dans une communauté religieuse fermée. Le caractère impulsif et soupçonneux du premier n'arrange pas les choses. Mais sa volonté est inébranlable. En définitive il se réalise une rencontre intellectuelle de la plus haute qualité entre le jeune français et le destour Darab. Leurs relations s'améliorent avec le temps et aboutissent à une estime mutuelle. Le maître parsi a reconnu l'intelligence de son disciple. Celui-ci a acquis ou copié les manuscrits fondamentaux et a recueilli l'explication de leur contenu.


Le 16 juin 1759, soit 4 ans après son arrivée, Il est fier d'annoncer qu'il a achevé une traduction du Vendidad. Il écrit aussitôt au Chancelier de Lamoignon, le priant d'appuyer auprès du roi « un ouvrage unique en son genre, la traduction du manuscrit de Zoroastre « et de le lui faire agréer. Il écrit au roi le suppliant « de favoriser son travail et de donner dans l'Inde des ordres pour la recherche des Vedes ». De plus, il a beaucoup enquêté sur la pratique de la religion parsie. Il a, chose très rare pour un européen, pu visiter avec son maître un temple du feu le 20 juin 1760.


La réussite est complète. Mais ce n'était qu'une première partie de la mission qu'il s'était donnée. La deuxième partie était la quête des Vedas. Il s'y engage avec la même ardeur. Mais ce second grand projet avorte. Ayant un malheureux penchant à s'occuper de tout et de ce qui le regardait le moins, il reproche à un commerçant français des procédures malhonnêtes, le faisant un peu trop vivement. Cela aboutit à un duel où il laisse son adversaire mort sur la place de Surate. D'abord poursuivi par l'administration française, il doit se réfugier dans la loge anglaise. Les poursuites sont arrêtées, quand il arrive à prouver qu'il avait été attaqué.  Mais survient alors la prise de Pondichéry par les Anglais. Son avenir est sombre en Inde. Il accepte de retourner en Europe, embarque sur un vaisseau anglais, avec une caisse contenant ses papiers et 180 manuscrits. On le débarque en Angleterre. Il a des difficultés pour échapper au statut de prisonnier, surtout pour dédouaner sa caisse de manuscrits et la détourner de la convoitise d'un orientaliste anglais !


Malgré tout il arrive à Paris le 14 mars 1762 et le lendemain, 15 mars, dépose à la Bibliothèque du roi « LES OUVRAGES DE ZOROASTRE et les autres manuscrits qu'il avait destinés pour ce précieux trésor ».

De son voyage il écrira plus tard : « J'avais passé huit ans hors de ma patrie et près de six dans l'Inde. Je revenais en 1762 plus pauvre que lorsque j'étais parti de Paris en 1754... Mais j'étais riche en monuments rares et anciens, en connaissances que ma jeunesse (j'avais à peine trente ans) me donnait le temps de rédiger à loisir et c'était toute la fortune que j'avais été chercher aux Indes ».  Il vivra le reste de sa longue vie sur cette fortune.

Dès son retour la Bibliothèque du roi l'engage comme interprète pour les manuscrits orientaux. Il rend compte de sa mission à l'Académie des inscriptions et belles-lettres dans deux séances successives. Il y entre comme membre associé le 6 septembre 1763, est nommé pensionnaire le 9 décembre 1785. Il y fait de nombreuses communications et multiplie les publications dans les Mémoires et le Journal des Savants. Son premier ouvrage d'importance est en 1771 le Zend Avesta en trois volumes. Le premier, de quelque quatre cents pages, est consacré en entier au récit de son voyage. On attendait un livre d'érudition. C'est un récit passionnant et qui va passionner l'Europe.


Anquetil Duperron s'y révèle tout d'abord un grand écrivain. Il aime parler de lui. Il raconte ses aventures, ses maladies, ses déboires, ses querelles, ses succès, sans plaintes, sans complaisance, sans plaidoyers. Il se juge lucidement. Ce n'est pas une simple confession. Il entend tirer une philosophie de son expérience. On croit parfois lire un nouveau Montaigne dans la belle langue du XVIIIe siècle. D'un autre côté, il est de son temps, emprunte la grandiloquence montante de la fin de son siècle. Il touche aussi au préromantisme. Son texte se charge de sensibilité. Il lui arrive de s'exalter devant les beautés de la nature. Sa phrase, bien frappée, a une sonorité musicale, une cadence personnelle, un mouvement qui suit l'inflexion de la pensée, de l'émotion. On croit déjà lire Chateaubriand.

A SUIVRE

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11 septembre 2009 5 11 /09 /septembre /2009 08:12

Abraham Hyacinthe Anquetil-Duperron (1731 – 1805) fut le premier indianiste français !

C’est lui qui fera le premier connaître en France les Upanishad et le Zend-Avesta. Oui il fut le premier indianiste et aussi le premier historien des religions à aller en Inde. Anquetil-Duperron est en fait un savant, un érudit, qui très jeune décidera de partir en Inde. Dans le récit qui va suivre, vous lirez les aventures de ce savant en Inde. Mais Anquetil-Duperron n’est pas qu’un savant ! C’est une forte personnalité, presque une forte tête, en tout cas un homme au caractère difficile qui fait ce qu’il a décidé de faire.

Voilà un récit absolument passionnant, le récit d’une passion savante qui vient en Inde pour en comprendre et en ramener des trésors. Si l’on prend du recul, il fait partie des débuts du mouvement indianiste, de ceux qui feront connaître l’Inde en Europe, ouvrant la voie au début du XIX° siècle à ce que l’on a appelé la Renaissance de l’orientalisme, mouvement qui partit d’Allemagne et qui embrasa l’Europe. On le verra dans un autre article, mais nombre d’intellectuels français de l’époque (Victor Hugo, Michelet, Lamartine) réagirent à cette découverte de l’Inde.


Anquetil-Duperron fut un indianiste, un savant, un voyageur, un homme épris de liberté et qui écrivit des traités de politique et enfin un écrivain de talent.

Nous vous invitons à suivre le parcours de sa vie.


 

Né à Paris en 1731, il avait fait des études classiques à la Sorbonne, y avait appris l'hébreu, puis, remarqué par Mgr de Caylus, était entré à son séminaire d'Auxerre, avait enfin complété ses études dans les refuges jansénistes de Hollande à Rhynwijk et Amersfoort, où il avait été initié à l'arabe et au persan. Il gardera de cet enseignement janséniste, non des positions théologiques, mais l'esprit de rigueur et la sévérité du régime de vie. Revenu à Paris en 1752 il fréquente assidûment la Bibliothèque du Roi. Il en explore les fonds orientaux.

 

 « En 1754, j'eus occasion de voir à Paris quatre feuillets zends calqués sur un manuscrit du Vendidad Sadé qui est à Oxford. Sur le champ je résolus d'enrichir ma patrie de ce singulier ouvrage ». C'est ainsi qu'Anquetil-Duperron rapporte sa décision de partir pour l'Inde pour une quête de pure connaissance scientifique. Il avait à peine vingt trois ans. Il part l’année même ou Dupleix est révoqué et rappelé en France.


Il pouvait obtenir une mission. Il avait des protecteurs puissants auxquels il avait soumis son projet : l'abbé Sallier à la Bibliothèque du roi, l'abbé Barthélemy, Jean-Pierre de Bougainville, frère du navigateur, à l'Académie des Inscriptions et Belles-lettres, le Comte de Caylus, Etienne de Silouhette, commissaire du Roi auprès de la Compagnie des Indes. Mais une grande volonté d'indépendance, l'impatience qui est son moindre défaut, lui font décider de se débrouiller seul. A l'insu de tous, même de sa famille, il s'enrôle comme simple soldat dans une compagnie en partance pour l'Inde. En arrivant à Lorient il apprend qu'il est remis de son engagement, gratifié d'un passage sur un vaisseau de la Compagnie des Indes et doté d'une modeste pension. Ses protecteurs avaient compris sa folie et agi à son insu.


Il descend à terre à Pondichéry le 10 août 1755. Il surprend la petite colonie française d'administrateurs, de militaires, de négociants, de missionnaires par la mission qu'il s'est donnée et surtout par son caractère obstinément individualiste. Il s'échappe vite de cette société, gagne Chandernagor, trouve là une société semblable, qui, de plus, est sur le pied de guerre. Français et anglais se disputaient âprement l'emprise du Bengale. Il s'échappe de nouveau, la veille de la prise du comptoir français par les Anglais.


Seul, il regagne Pondichéry en suivant la côte orientale de la péninsule indienne, traversant de nombreux états, souvent démuni de passeport, forçant des douanes et des postes de garde, pistolet au poing. A Pondichéry il retrouve son frère, Anquetil de Briancourt qui vient d'entrer au service de la Compagnie des Indes, comme chef de comptoir à Surate. Tandis que Anquetil de Briancourt continue vers Surate par la mer pour prendre son poste, Anquetil Duperron s'attarde à parcourir le Kerala pour enquêter sur les communautés chrétiennes et juives de cette région, puis explore par terre la côte occidentale de l'Inde, traversant de nouveau de multiples états, franchissant de multiples frontières, souvent sans passeport, parfois soupçonné d'espionnage, arrêté, relâché, n'ayant jamais que des appuis incertains, victime de fièvres et d'une gamme de maladies dont on ne peut faire le compte.


Il atteint Surate le 1er mai 1758. C'est le plus grand centre du commerce de l'Océan indien. Il contient une population très diverse, d'indous, de musulmans et de parsis, émigrés de Perse après la conquête islamique et pratiquant encore la religion de Zoroastre.

A SUIVRE

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7 septembre 2009 1 07 /09 /septembre /2009 08:27

Voici un tableau...

Les questions que nous vous posons sont les suivantes :

Qui a peint ce tableau ? (là c'est plus que facile)

Qui est le personnage peint ? (là c'est plus dur)

Enfin, quelle est la relation entre le peintre et le sujet peint sachant que le premier est né après la mort du second ? (là c'est pour les érudits !)

Bien sûr nous ne vous posons pas ces questions par hasard car le sujet peint a un rapport avec l'Inde, ce qui fera l'objet d'une prochaine série d'articles...


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2 août 2009 7 02 /08 /août /2009 00:00

La révocation de Dupleix

 

Ces conflits amènent la Compagnie à envoyer en 1754 un commissaire spécial, Charles Godeheu avec l’ordre remplacer Dupleix. Ces ordres sont accomplis avec une brutalité inutile et Dupleix est renvoyé en France. Si Dupleix n’est qu’à moitié surpris par cette décision, cela se passe de manière brutale et frontale ; et par une de ces cruelles ironies du hasard, ce Charles Godeheu, ex-directeur de la Compagnie à Lorient, avait été autrefois stagiaire sous les ordres de Dupleix à Chandernagor.

 

Godeheu non seulement destitua Dupleix mais conclut avec les Anglais le désastreux traité de Sadras, par lequel les deux Compagnies s'engageaient réciproquement à s’abstenir de toute entreprise politique et à restituer leurs conquêtes, alors que les Anglais n’en avaient fait aucune et que les Français avaient fondé un Empire

 

La neutralisation de Dupleix fut l’un des facteurs qui permit aux Anglais de lancer la guerre de 7 ans (1756 – 1763) qui leur donnera le reste de l’empire colonial. Le ministre de Louis XV, Machault, fut le principal responsable de ce renvoi car il cherchait à amadouer Londres afin d’éviter un conflit. De fait, pour se ménager les bonnes grâces de l'Angleterre, Machault fut le principal instigateur de la révocation de Dupleix en Inde en 1757 entraînant la perte définitive de la plus riche des conquêtes françaises .A ce titre, il méritera le titre du "plus bête de tous les ministres de louis XV".

 

En 1756, la déclaration de guerre entre les Français et les Britanniques donna à ceux-ci l'occasion de mettre fin à cette menace. Grâce à la maîtrise de bonnes positions stratégiques et à des effectifs militaires plus importants que ceux de leurs rivaux, ils parvinrent à renverser les seigneurs protégés par les Français puis assiégèrent et prirent Pondichéry, dont ils détruisirent le fort et l'enceinte, et enfin réduisirent les Français à la possession des cinq comptoirs dont les noms ont fait rêver des générations d'écoliers : Chandernagor au Bengale, Yanaon sur la côte de Coromandel, Pondichery et Karikal sur le golfe du Bengale et Mahé sur la côte de Malabar, près de Cochin La fin de la guerre de sept ans fut décidée au traité de Paris de 1763. La France perd la plus grande partie de son empire colonial et ne conserve que ces cinq comptoirs en Inde.

 

Dupleix passa le reste de sa vie à plaider contre la Compagnie, à laquelle il réclamait des sommes importantes qu’il avait avancées pour son service. Il y dépensât le reste de sa fortune privée, la Compagnie des Indes refuant de reconnaître sa responsabilité. Le gouvernement ne voulut rien faire pour un homme qu’il continuait à considérer comme un aventurier ambitieux.

 

Le plus grand des gouverneurs coloniaux meurt dans l’oubli, l’indigence, la misère et l’humiliation en novembre 1763 à Paris sans avoir pu se faire rendre justice.

 

 

Peu avant sa mort, il avait publié un mémoire qui fit grand bruit :


« J’ai sacrifié ma jeunesse, ma fortune, ma vie, pour enrichir ma nation en Asie. D’infortunés amis, de trop faibles parents consacrèrent leurs biens au succès de mes projets. Ils sont maintenant dans la misère et le besoin. Je me suis soumis à toutes les formes judiciaires, j’ai demandé contre le dernier créancier ce qui m’est dû. Mes services sont traités de fables, je suis traité comme l’être le plus vil du genre humain. Je suis dans la plus déplorable indigence. La petite propriété qui me rentait vient d’être saisie. Je suis contraint de demander une sentence de délai pour éviter d’être traîné en prison. »

 

Conquis par les Anglais en 1793, les comptoirs revinrent cependant à la France grâce à l'activité diplomatique déployée par Talleyrand lors du congrès de Vienne. Lorsqu'en 1947, l'Inde accède à l'indépendance, l'agitation se développe dans les comptoirs français. Dès 1949, Chandernagor devient partie intégrante de l'état du Bengale. En 1954, les quatre comptoirs demeurés français sont fusionnés en un seul territoire qui forme un nouvel état au sein de l'Union indienne.

 

 

 

 

Sources

Histoire de l'Inde ancienne et moderne, ou, L'Indostan considéré ... Par Alexis Gilbert Henri Collin de Bar
Bulletin de l’Ecole Française d’Extrême-orient – Année 1907
Revue des Deux Mondes – Tome 10 – 1845  «La perte de l’Inde sous Louis XV », par Alexis de Saint-Priest
« Une brève histoire de Pondichéry » par Serge Brelin (in Jaia Bharati)
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31 juillet 2009 5 31 /07 /juillet /2009 10:49

Dupleix déploie sa politique

 
Dupleix, chef du comptoir français de Chandernagor au Bengale durant douze ans, puis gouverneur des établissements français en Inde à partir de 1742, « aussi instruit de la politique moghole que s'il eut été un seigneur Mahométan élevé à la Cour de Delhi », assure l'un de ses subordonnés, profita d'une occasion favorable, le décès de l'empereur survenu en 1748, pour essayer d'ouvrir de nouvelles perspectives commerciales. La mort du Moghol, comme celle de ses prédécesseurs, laissait prévoir, dans toute l'Inde des troubles favorables aux grands féodaux plus agressifs ou plus intrigants que les autres. Dupleix eut l'idée d'utiliser une partie de la garnison de Pondichéry, forte d'environ trois mille Français et quatre mille Cipayes, organisés et entraînés à l'européenne, pour aider les candidats au contrôle du Carnatic – l'État du Karnataka – qui couvre la majeure partie de la côte Coromandel et du Dekkan, ou sud de la presqu'île de l'Inde. Grâce à cet appui les alliés de Dupleix emportèrent la victoire et, en remerciement, concédèrent aux Français la perception des impôts dans de vastes territoires. En effet, Dupleix voulait d'abord établir une administration fiscale, « juste, solide et uniforme », bien accueillie par la population locale auquel ce nouveau système paraissait bien préférable aux tyrannies militaires antérieures.

 

Pour Dupleix, il s'agissait d'obtenir un « revenu constant et abondant » capable de compenser le déficit d'une balance commerciale déséquilibrée au détriment des Européens, qui se voyaient donc obligés d'apporter dans le pays des cargaisons importantes de métaux précieux, argent et or.

 

Pour sauvegarder l'influence française auprès des grands seigneurs moghols, Dupleix utilise les services soit des missionnaires, généralement des Jésuites qui ont appris et parlent bien les langues locales, soit des officiers. Le plus remarquable de ces derniers est Charles de Bussy qui arriva en Inde en 1746 et dont le « premier soin fut d'apprendre la langue, d'étudier les moeurs, et de s'instruire des intérêts politiques du pays ». Il se fait céder par un prince indien qu’il avait placé sur le trône du Deccan tout le territoire situé entre Krichua et le cap Comorin. Fort de ses succès, il engage une série d’expéditions aventureuses, incomprises de la Compagnie dont il est l’agent.

 

Paris ne comprend plus Dupleix

 

Cependant cette politique est critiquée à Paris où l'on trouve que Dupleix fait de trop fortes dépenses militaires sans obtenir aucun profit commercial immédiat. En 1751 les directeurs de la Compagnie lui écrivent : « Nous avons vu avec plaisir les avantages que vous avez eus, nous n'avons qu'à applaudir à la sagesse de vos dispositions, ainsi qu'à la valeur des troupes et des officiers qui les ont conduites. Mais nous ne pouvons regarder ces avantages comme parfaitement réels qu'autant qu'ils auront conduit à une paix solide, seule capable d'opérer le bien des affaires du commerce, dont le ministre [des finances] et la Compagnie désirent que vous vous occupiez essentiellement. ». Voilà qui est clairement dit et sonne comme un avertissement.

 

Ayant appris que le gouverneur continuait la politique de contrôle fiscal de territoires de plus en plus étendus, les directeurs et les actionnaires demandent et obtiennent en 1753 le rappel de Dupleix et la réduction des effectifs de la garnison de Pondichéry.

 

Les agissements de Dupleix avaient aussi inquiété les Britanniques, établis à Madras, donc voisins des Français, qui redoutaient la poursuite d'un plan visant à isoler leurs comptoirs.

Les rapports qui parvenaient en Europe sur la prospérité des Français en Inde excitaient au plus haut point les Britanniques qui cherchaient par tout moyen à se débarrasser de Dupleix ce qui les amena à menacer la France d’une guerre ouverte et totale. On trouve dans « L’Histoire de l'Inde ancienne et moderne » de Alexis Gilbert Henri Collin de Bar cette phrase qui résume bien la situation : « La France rappelait Dupleix comme ennemi de la paix, comme l’auteur de l’incendie allumé dans l’Inde ; elle abandonnait un gouverneur qui lui promettait l’empire le plus fertile et le plus opulent de l’univers ; en un mot, la France sacrifiait Dupleix au ressentiment et aux terreurs de l’Angleterre ».
A SUIVRE
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29 juillet 2009 3 29 /07 /juillet /2009 11:43

Dupleix est nommé Gouverneur Général des Etablissements français en Inde

 

En 1742 Dupleix est nommé Gouverneur Général de tous les établissements français de l’Inde.

 

Cette nomination n’est pas seulement due à sa réputation, elle est aussi due à sa fortune. Lisons l’analyse qu’en fait Alexis de Saint-Priest : « Cette promotion n'était pas le résultat de la faveur, mais celui de la nécessité; elle constituait un avantage réel pour la compagnie, endettée de plus de cinq millions. Pour remplir ce déficit, elle avait compté sur le dévouement et sur les richesses de Dupleix; elle avait surtout spéculé sur son amour des grandes choses. Dupleix tomba dans le piége; il répondit à l'attente de ses chefs; il paya leurs dettes, et leur envoya des cargaisons à ses frais. C'est dans ce moment qu'il reçut la bizarre défense de relever les fortifications de Pondichéry, et cela à la veille d'une guerre! Il n'écouta que son zèle. Malgré les ordres de la compagnie, il releva de ses propres deniers les murailles de la ville, et la mit en défense contre une attaque imprévue. La compagnie se montra satisfaite, elle ne parla plus d'économie; mais elle consentit au prix que le gouverneur de Pondichéry avait mis à son sacrifice. Tout en jouant contre la fortune de l'Angleterre son temps, sa réputation, sa vie, Dupleix voulut rester maître absolu de ses opérations. Les gouverneurs de Pondichéry étaient forcés de consulter le conseil supérieur de la colonie; ils ne pouvaient agir sans ses avis. Dupleix demanda et obtint d'être soustrait à ce contrôle, et de ne rendre compte de ses actes qu'aux directeurs et aux ministres ».

 

On voit bien que Dupleix, occupant la plus éminente fonction en Inde a les idées claires et une ambition affirmée ; il veut acquérir pour la France de vastes territoires en Inde et profiter de la confusion créée parla dissolution de l’empire moghol.

 

Il entre en relation avec les princes locaux et adopte un style de splendeur orientale dans son costume et son cadre de vie. Dupleix, il faut en convenir, se plaisait dans cette pompe. Souvent, revêtu du costume indien, il donnait audience du haut d'un éléphant richement caparaçonné. Un tel faste lui sera amèrement reproché et peut-être était-il excessif? Accordons cependant aux adversaires de Dupleix qu'il poussa trop loin l'application de ce système et sans doute n’était-il pas essentiel de prendre personnellement les titres de nabab, de bahadour, de kamanssoubdar, de faire frapper des médailles à sa propre effigie ou d'élever une colonne à son honneur.

 

On trouve, sous la plume de Serge Brelin, une confirmation de l’analyse de Saint-Priest ; « Dupleix a compris qu’en Inde, le seul moyen de s’assurer de l’amitié des Marathes de l’armée du nabab de Carnate — vaste territoire dont Pondichéry n’est qu’une toute petite enclave — est de les combler de somptueux présents et de faire grand étalage de la puissance financière et militaire du roi de France. Pour Dupleix, le commerce indien ne peut prospérer qu’en contrôlant de vastes territoires permettant à la Compagnie de se garantir suffisamment de bénéfices dans le cadre d’un marché exclusif et sans concurrence. Pour ce faire, Dupleix joue sur les rivalités internes des Mogols, soutient militairement l’accession au pouvoir de certains, assure la protection d’autres, en échange de territoires et de revenus... Ses victoires militaires, outre les honneurs et l’autorité qu’elles lui procurent, lui permettent de s’enrichir et, en mettant la main sur de formidables butins, plus vite qu’en faisant du commerce ».

 

L’histoire de Dupleix est aussi marquée par la jalousie amère et  réciproque qui caractérise ses relations avec La Bourdonnais, Gouverneur des Mascareignes (l’île Bourbon –aujourd’hui île de la Réunion- et l’île Maurice). Cette hostilité entre les deux hommes fut dommageable à la France car La Bourdonnais fit un travail remarquable aux Mascareignes. Mais après l'expédition de Madras, extraordinaire par son audace et son succès (1746), il fut dénoncé par Dupleix auprès du gouvernement français comme traître pour avoir cédé Madras aux Anglais pour plus de un million de francs. Emprisonné à la Bastille, La Bourdonnais fut finalement reconnu innocent. Ayant perdu ses biens confisqués, il mourut dans une complète misère.

 

Quand la ville de Madras capitule devant les français en 1747, Dupleix s’oppose à la restitution de la cité aux britanniques, violant ainsi le traité signé par La Bourdonnais en1746.

 

Il envoie alors une expédition contre Fort St David (1747) qui est défaite par la nawab d’Arcot, allié aux britanniques.

 

En 1747, selon ses propres paroles, Dupleix est devenu "un délié politique, connaissant au parfait celle des Maures qui n'est qu'un tissu de fourberies et avec lesquels la bonne foi est inutile; avec de pareils fourbes, il faut l'être plus qu'eux". Aussi, du marchand qu'il était en 1738, Dupleix est devenu en 1747, matériellement et moralement, le plus machiavélique des Nababs. C'est l'action combinée de l'intrigue et du canon qui va lui permettre de conquérir l'Inde.

 

Dans la guerre qui suivit, il montra courage et talent et défendit pendant 42 jours Pondichéry contre une flotte britannique considérable et contre une armée de terre.


A SUIVRE 

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27 juillet 2009 1 27 /07 /juillet /2009 10:42

Echanges commerciaux et culturels à Pondichéry

 

Les activités dominantes sont d'une part la filature et le tissage du coton – avec des métiers annexes, comme la blanchisserie et la teinturerie – d'autre part le commerce. Européens et Orientaux participent également à celui-ci et les activités négociantes sont fréquemment accompagnées d'échanges culturels.

 




























Un exemple particulièrement étonnant de ces échanges est donné par Ananda Rangapouillé, important négociant hindou dont la demeure est conservée à Pondichéry. Il rédigea durant plus de vingt ans son journal : c'est une source exceptionnelle pour la connaissance de l'histoire de la ville, à la fois par la personnalité du rédacteur et par sa position sociale. En effet il est dubash, autrement dit courtier, intermédiaire commercial entre les Français et les Hindous, passant les commandes de marchandises pour l'Europe auprès des producteurs locaux ou des commerçants de l'intérieur du pays, faisant des avances du tiers environ du montant du prix, puis versant le complément au fur et à mesure des livraisons. Ces opérations sont réglées par des contrats écrits, rédigés par le courtier, approuvés à la fois par les vendeurs hindous et les acheteurs européens. Le courtier est en outre le représentant des habitants auprès du gouverneur, chef de la colonie française. Ainsi Ananda Rangapouillé rencontre-t-il quotidiennement le gouverneur Dupleix, son contemporain, pour lequel il a beaucoup d'admiration : «Lorsqu'on voit l'énergie, l'ardeur et le courage de M. Dupleix, écrit-il, et qu'on les compare à ceux des Anglais, on s'aperçoit que ceux-ci se sont évanouis comme la nuit et la rosée disparaissent à l'aspect du soleil éclatant. ». Son journal est donc une source de première main pour la connaissance des formes de l'expansion française dans l'Inde au milieu du XVIIIe siècle.

 

Ananda Rangapouillé nous livre des détails intéressants sur la personnalité de Dupleix qu’il juge « autoritaire, emporté » et confirme la haine viscérale qu’il éprouvait pour La Bourdonnais qu’il traitait de « chien ».

 

Dupleix nommé à Chandernagor

 

En 1730 Dupleix est nommé Superintendant des Affaires Françaises à Chandernagor qu’il releva de la ruine. Sous son administration la ville prospère et devient plus importante. On trouve dans un article publié par la « Revue des deux Mondes » en 1845 un article très intéressant sur les ambitions de Dupleix en ce qui concerne Chandernagor : « Après dix années de stage, le jeune conseiller fut nommé directeur du comptoir de Chandernagor dans le Bengale, dépendant du gouvernement général de l'Inde française. Dès que Dupleix sortit de tutelle, son génie parut. L'influence de la métropole était depuis longtemps perdue dans ces contrées; à peine en conservait-on le souvenir. Dupleix la releva soudain il fit renaître, comme par magie, le nom français dans l'Indostan. Il n'avait trouvé à Chandernagor ni une habitation commode ni un bateau bien construit. En peu d'années, deux mille maisons en brique sortirent de terre, et quinze vaisseaux furent lancés en mer. Ce n'était pas assez; les soins d'une administration sage ne suffisaient pas à son activité. Jusqu'alors on s'était borné au commerce officiel de la compagnie; il n'y avait pas, dans des voyages si bornés et si peu fréquents, les éléments d'une haute prospérité commerciale; on ne pouvait demander un tel résultat qu'aux spéculations particulières appelées commerce d'Inde en Inde, ou, en d'autres termes, au cabotage sur une grande échelle. Personne n'avait osé le tenter. Dupleix n'hésita pas ».

 

En 1739, Dupleix a une idée géniale : solliciter du Grand Mogol le titre de Nabab qu'il obtient suite à des événement politiques. Devenu Nabab, Dupleix ne fait plus une politique de marchand européen, mais une politique de nabab, qui consiste à créer des troubles dans le pays et à profiter du désordre pour s'agrandir.

 

En 1741 il épouse Jeanne Albert de Castro veuve de l’un de ses amis Jacques Vincent, conseiller de la Compagnie. Cette métisse intelligente, au fort caractère, fut connue par les Indiens sous le nom de « Joanna Begum » et se montra d’une grande utilité pour son époux dans les négociations avec les princes locaux. Elle mourra en 1756 et Dupleix se remaria en 1758.

 
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25 juillet 2009 6 25 /07 /juillet /2009 10:33

Si le XVIIe siècle a été, pour la France en Inde, le siècle de la conquête commerciale, le XVIIIe sera, en revanche, celui des abandons et du repli. C'est de Pondichéry, dont il est gouverneur depuis mars 1742, que Joseph François Dupleix (1697-1763), administrateur colonial, lance une véritable offensive en Inde. Prenant appui sur les comptoirs de Mahé, Chandernagor, Karikal, Yanaon et Surat, Dupleix tente de « faire rendre gorge » à l'éternel ennemi de la France, l'Angleterre. Fort du soutien de la Compagnie des Indes qui lui fournit deux mille quatre cents fantassins, il s'attaque aux comptoirs anglais puis s'empare de Madras et enfin, il étend l'influence française jusqu'à l'intérieur des terres. Mais l'Angleterre résiste, contre-attaque et le conflit s'éternise. Aussi, en 1754, Dupleix est-il rappelé en France et sa politique désavouée. L'année de sa mort, en 1763, le traité de Paris efface son oeuvre, d'un trait de plume, en cédant à l'Angleterre l'empire français des Indes. La politique de Dupleix, que le gouvernement de Louis XV n’a pas su comprendre, aurait pu installer durablement une suprématie française en Inde et procurer à la France les ressources considérables dont les Anglais ont su largement profiter.

Nous espérons que nos lecteurs seront intéressés par cette histoire passionnante...

 

 

Né à Landrecies (département du Nord) le 1er janvier 1697, Joseph François Dupleix est le fils de François Dupleix, Contrôleur Général des Domaines du Hainaut et de Anne-Louise de Massac. Dès l'âge de 9 ans, il est placé au collège de Quimper. Son père, un fermier général prospère, souhaite qu’il devienne marchand et, pour le distraire de son goût pour la science, l’envoie voyager en Inde. En 1716, il embarque pour l'Inde comme Enseigne de Vaisseau sur un navire de la Compagnie de St Malo. Cette compagnie possède des comptoirs en Inde et fait beaucoup de commerce (bois, café, huile, épices, tissus, etc.).

 

De retour en France, il est nommé, grâce à son père, conseiller au Conseil Supérieur de Pondichéry : il repart en Inde le 29 juin 1721 et démarre ainsi son épopée indienne qui durera 33 ans.

 

Le nouveau membre du Conseil Supérieur de Pondichéry et aussi commissaire des guerres. Même s’il n’a pas un rôle prédominant, il fait preuve d’un sens réel des affaires publiques et s’acquitte de ses fonctions avec un talent certain. Il administre et fait aussi du commerce pour son propre compte (pratique assez habituelle à cette époque) ce qui lui permet d’acquérir rapidement une fortune importante.

 

Pondichery principal établissement français

 

Que représente une ville comme Pondichéry en ce début du XVII° siècle et de quelles activités vit-elle ?

 

En matière d’implantation en Inde, les Français sont en retard par rapport aux autres nations européennes déjà implantées en Inde et ressentent rapidement la nécessité d'avoir une « place de retraite » qui leur soit propre, semblable à celle de Goa pour les Portugais, Cochin pour les Hollandais, Bombay pour les Britanniques. En 1672, ils saisissent l'occasion offerte par un seigneur du pays, qui leur propose de s'établir sur son domaine, à Pondichéry, port de pêche situé à quarante lieues au sud de Madras et à douze lieues au nord de Porto-Novo, sur la côte de Coromandel, région productrice de coton, où de nombreux tisserands fabriquaient les étoffes recherchées par les Français pour leurs envois en Europe. Le prince local concéda aux nouveaux venus un « logis tout en terrasses, entouré de deux grandes cours et flanqué d'une grosse tour », édifié par des commerçants danois qui avaient dû se retirer à la suite de la faillite de leur entreprise. Ceux-ci bâtirent des logements et des magasins qu'ils entourèrent d'un mur vaguement fortifié surtout destiné à décourager les voleurs.

 

Progressivement le comptoir prend de l'importance, tant pour le commerce, que pour affirmer la présence française dans le pays. En 1702, le gouvernement royal décide, après avoir obtenu l'autorisation du Moghol, d'y faire édifier, sous la direction d'ingénieurs de l'armée, une forteresse, analogue pour le plan et les dimensions à celle bâtie par Vauban à Tournai. Les contemporains hindous y voient la plus importante et la plus forte installation militaire européenne dans leur pays.

 

La défense est complétée ensuite par la construction d'une enceinte fortifiée, renforcée par des bastions portant des pièces d'artillerie. Cette réalisation militaire est accompagnée d'un aménagement d'urbanisme. À l'intérieur de l'enceinte, il est ordonné de construire les maisons en briques, et non en terre comme auparavant, avec une couverture en tuiles et non en essentes, et de suivre un plan d'alignement régulier, avec des voies rectilignes, plantées d'arbres, dont le Pondichéry actuel conserve encore l'organisation. On y édifie aussi des bâtiments publics civils comme l'hôpital ou la monnaie, ainsi qu'un temple hindouiste, une mosquée et des églises catholiques, dont la plus importante est celle des Jésuites, la cathédrale actuelle. La population augmente rapidement, et l'abbé Guyon, auteur d'une Histoire des Indes Orientales publiée en 1740, assure : « Suivant le dénombrement qui en a été fait dans les années dernières, on a compté dans Pondichéry cent vingt mille habitants, Chrétiens, Mahométans ou Gentils [Hindous]. »

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2 juillet 2009 4 02 /07 /juillet /2009 09:39
L'homme de confiance des chefs mahrattes et les évènements européens
Sindhia, le chef mahratte est devenu un homme puissant. Il détient le réel pouvoir politique en Inde. Ses ennemis sont nombreux et envient son pouvoir. Comme ils ne peuvent rivaliser sur le plan militaire, le chef mahratte doit faire face aux conspirations, aux intrigues et aux trahisons. Benoît de Boigne demeure fidèle à Sindhia et ce dernier en fait son homme de confiance.

Benoît se trouve alors diriger non seulement son jaghir mais également à présent toutes les affaires impériales du nord et du nord-ouest de l'Inde. Son autorité politique et morale est incontestée. Le ministre Gopal Rao, notamment, se rend à Algarth chez le général européen afin de démontrer sa loyauté à Sindhia, son frère étant connu pour comploter avec Nana Farnavis. Alors que les Indes sont fédérées politiquement sous l'autorité des Mahrattes, la situation politique en Europe subit de profonds changements.

La révolution française de 1789 a bouleversé l'équilibre européen et par ricochet les empires coloniaux. Le 12 novembre 1792, une assemblée savoyarde proclame l'union à la France, Benoît de Boigne devient français à part entière. Les brigades de l'armée mahratte organisées par Benoît sont commandées par des officiers européens divisés par la situation politique en Europe : les deux Français sont l'un, royaliste, l'autre, républicain. Dans ce contexte, Benoît de Boigne reste prudent et tente de préserver son armée de ces passions politiques.
Il s'inquiète davantage de la situation de Sindhia resté à Poona. Le chef mahratte lui demande de lui envoyer du secours car il doit lutter contre les intrigues anglaises, mais également contre celles orchestrées par d'Holkar et Nana Farnavis. Benoît lui expédie dix mille hommes avec à leur tête l'officier Perron.

La mort de Sindhia et la fin de l’épopée indienne


Perron ne peut arriver à temps et le 12 février 1794, Mahâdâjî Sindhia succombe dans une embuscade organisée par Nana Farnavis.

A la mort de Sindhia, de Boigne aurait pu s'emparer du pouvoir et devenir le maître de l'Hindoustan, du nord et du nord-ouest de l'Inde s'il l'avait voulu. Shah Alam, l’empereur Moghol, propose à Benoît de devenir le régent impérial. Le roi de Kaboul lui fit des propositions analogues. Cependant, le général savoyard reste loyal à Daulat Râo Sindhia, le neveu et successeur légitime de Sindhia. Benoît de Boigne se rend vite compte que la situation politique a changé. Son ambition de voir un jour les Indes fédérées et indépendantes des autres nations, ne pourrait jamais se réaliser. Le successeur de Sindhia est un homme faible et versatile. Les enjeux locaux sont également bouleversés par les événements européens.  En 1795, après vingt ans de séjour aux Indes, sa santé se dégradant, il demande à Daulat Râo l’autorisation de partir en France et l’obtient en échange de la promesse de revenir une fois sa santé rétablie. Ceci nous rappelle que le Général Allard, se sentant gagné par l’âge et voulant mettre femme et enfants en un lieu plus sûr, avait aussi obtenu la permission de Ranjit Singh de rentrer en France, à la condition toutefois de revenir.


Il abandonne son commandement, installe à sa place son homme de confiance Pierre Cuillier Perron et organise son départ pour l'Europe. À la fin de sa carrière aux Indes il est à la tête d'une armée de près de cent mille hommes organisée sur le modèle européen. La Confédération mahratte est ainsi le dernier Etat autochtone de l'Hindoustan à résister aux Anglais. En septembre 1796, le général savoyard quitte les Indes (il embarquera à Calcutta à bord du navire danois le « Cromberg »), accompagné de sa famille et de certains de ses serviteurs indigènes les plus fidèles. Avant son départ il vend sa garde personnelle aux Anglais avec l'accord de ses hommes pour un prix équivalent à 900 000 francs-or-germinal.


Nous arrêterons là notre long article sur le Général de Boigne même si son histoire ne s’arrête pas là. Lorsqu'il revient en Europe riche et célèbre, Benoît de Boigne se prend d'une folle passion pour la très jeune Adèle d'Osmond, qu'il épouse. Le couple va s'épuiser en affrontements douloureux qu'Adèle de Boigne dépeint plus tard dans des Mémoires devenus des classiques. Hanté par la nostalgie de ses rêves d'antan, il décidera de retourner dans sa Savoie natale.

Il fera de nombreuses donations au profit de Chambéry, sa ville natale, qui aujourd’hui encore honore l’un de ses plus prestigieux enfants.

En 1816, le roi Victor-Emmanuel Ier de Savoie lui décerne le titre de Comte.


Le Général Comte de Boigne meurt en 1831.


FIN 

 

Sources

-          Internet

-          Mémoire sur la carrière militaire et politique de Mr le Général Comte de Boigne, publié par la Société Royale Académique de Savoie, 1830

-          Jean-Marie Lafont : La présence française dans le royaume sikh du Penjab, 1822-1849

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