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30 juin 2009 2 30 /06 /juin /2009 09:38
Succession des campagnes militaires et des victoires

Dès 1790, la brigade doit affronter les Rajpoutes, Ismaïl Beg ainsi que les rajahs de Bikâner et Jaipur. Benoît décide de frapper cette coalition par surprise le 23 mai. Benoît de Boigne peut désormais exprimer pleinement ses talents militaires. Il enchaîne les victoires.

Il devient un stratège reconnu et craint par tous. La Compagnie des Indes, elle-même, voit d'un très mauvais œil cette nouvelle armée mahratte désormais dangereuse pour leur domination. En six mois au cours de l'année 1790, dans un terrain hostile au relief accidenté, la brigade de Benoît de Boigne défait cent mille hommes, confisque deux cents chameaux ainsi que deux cents canons, plusieurs bazars, cinquante éléphants. L'armée mahratte prend d'assaut dix-sept forteresses. Elle remporte plusieurs batailles décisives dont les plus disputées sont Patoun, Mairtah et Ajmer. Les Rajpoutes reconnaissent l'autorité de Sindhia en tant que premier ministre.

Les Mahrattes sont désormais les maîtres de l'Inde du nord et du nord-ouest. Durant ces campagnes militaires, Benoît continue à distance son association commerciale avec Claude Martin. Sindhia, plus puissant que jamais, demande à Benoît de lever deux brigades supplémentaires. Celles-ci sont formées et leur commandement est confié par Benoît à Frémont et Perron assistés de Drugeon.


Pendant un certain temps, Benoît de Boigne peut jouir de sa nouvelle position sociale et du respect que lui valent ses victoires ainsi que les réformes qu'il a entreprises au sein de son jaghir. Il fait restaurer le Taj Mahal, menacé par la ruine. Il se fait bâtir une maison à colonnes entourée d'un vaste jardin. Sa table est ouverte à toutes les personnalités en vue du moment. Sa popularité est immense.

Mais le calme est de courte durée, et les campagnes militaires reprennent bientôt. Les Mahrattes de l'Inde centrale jaloux de leurs cousins du nord se font menaçants. Aidé par le Peshwâ de Pune et pouvant compter sur l'appui de l'ennemi traditionnel de Sindhia, Ismaïl Beg, cette nouvelle coalition menace le jeune empire mahratte du nord de l'Inde. Les négociations diplomatiques et les promesses de titres impériaux ne parviennent pas à stopper cette coalition. Ismaïl Beg et Holkar un autre protagoniste hostile à Sindhia, engagent leurs troupes. Les hommes de Benoît de Boigne remportent rapidement la victoire. Les brigades de Sindhia sont désormais redoutées. Ismaïl Beg est fait prisonnier mais sa vie est épargnée car Benoît de Boigne admire son adversaire qui a su se montrer téméraire et combatif. Benoît affronte ensuite Holkar et remporte une quatrième victoire in extremis, la plus éclatante selon Benoît. Le Savoyard prend à cette époque conscience de la folie que représente la guerre. Le rajah de Jaipur, qui se sent désormais en position de faiblesse, préfère faire la paix. Benoît est récompensé par Sindhia qui agrandit son jaghir et donne également un jaghir au fils de Benoît alors que celui-ci n'est l'époque qu'un enfant.


A SUIVRE

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28 juin 2009 7 28 /06 /juin /2009 10:37
Un général au service de l'Empire mahratte et titulaire d'un jaghir

En 1788, Sindhia prend discrètement contact avec Benoît de Boigne. Le Mahratte a de grandes ambitions. Il souhaite unir l'Inde du nord et l'Inde du nord-ouest. À l'époque, les Rajpoutes ont des relations tendues avec les Mahrattes. Les paysans sont de plus en plus hostiles aux Mahrattes qui les écrasent d'impôts. Sindhia réussit à convaincre Benoît de Boigne de revenir à son service. Il lui demande d'organiser une brigade de douze mille hommes en un an (de janvier1789 à janvier 1790).

Le Savoyard en obtient ensuite le commandement en chef, et est nommé général :  il ne relève dès lors plus que du rajah. Pour pouvoir régler la solde de ses hommes, Sindhia propose à son nouveau général un jaghir, c'est-à-dire un fief accordé à titre viager avec pour seule contrepartie le versement d'une redevance au trésor impérial. À la mort du titulaire, le jaghir est remis à un autre officier méritant. Dans les faits, ces fiefs devenaient des biens héréditaires. Les revenus tirés du jaghir doivent permettre à l'officier de payer ses hommes. Benoît se voit attribuer le Doab, qui est une région de plaine dont la superficie est équivalente en taille à trois ou quatre départements français et qui se situe entre Delhi et Lucknow dans le nord de l'Inde. Cette plaine était recouverte de jungles et comporte plusieurs villes telles que Meerut, Koël et Aligarh. La venue et l'établissement d'une brigade sur ces terres redonne courage aux paysans locaux. Benoît de Boigne doit investir une part de ses économies dans la rénovation de ce nouveau territoire. Il construit une citadelle ainsi que des magasins ce qui favorise l'essor du commerce et de l'industrie.


Le camp militaire créé par Benoît de Boigne est très européanisé.
Pour encadrer la nouvelle brigade il engage Drugeon, un Savoyard, Sangster, un Écossais, Hessing, un Hollandais, mais également Frémont et Perron, tous deux Français, ainsi qu'un Allemand, Polhmann, et un Italien, Filoze. La langue administrative et militaire devint le français. Le drapeau de la Savoie (rouge avec une croix blanche) sert d'insigne à la nouvelle brigade.

En raison de son grade militaire élevé, Sindhia oblige Benoît de Boigne à se constituer une garde personnelle. Le Savoyard choisit cinq cents Sikhs et Persans. La brigade organisée par Benoît est constituée de neuf  bataillons d'infanterie disposant chacune de son artillerie et son train des équipages. L'artillerie de la brigade est constituée d'environ cinquante canons en bronze dont la moitié sont de gros calibre et transportés par des bœufs, les autres pièces étant transportées par des éléphants et des chameaux.

La brigade de Boigne invente également une arme composée de six tubes de mousquets joints entre eux. La brigade est soutenue par trois mille cavaliers d'élite, cinq mille serviteurs, conducteurs d'attelages, charpentiers, forgerons... En outre, Benoît de Boigne forme, nouveauté pour les Indes, un corps d'ambulance, chargé de recueillir les blessés amis comme ennemis ce qui déplaît à Sindhia. Benoît argumente que les ennemis soignés correctement et non délaissés comme c'était coutume de le faire aux Indes, accepteraient volontiers de rentrer au service de la brigade et donc de changer de camp. S'ils n'acceptent pas d'intégrer la brigade, les ennemis seraient libérés sans être tués.
Le chef mahratte finit par accepter cette innovation dans la mesure où Benoît en assume la charge financière.

Le Savoyard acquiert un éléphant de parade surnommé Bhopal. La préparation de la brigade est achevée en 1790.


A SUIVRE

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26 juin 2009 5 26 /06 /juin /2009 09:35
Au service de l'empire mahratte et la conquête des Indes

Après un temps d'errance, le futur comte de Boigne rencontre son ami Levassoult. On rapporte à Benoît de Boigne que Sindhia, le chef mahratte, le regrette beaucoup. Bien que celui-ci se méfie des projets d'exploration de Benoît et malgré leur différend consécutif à la confiscation des bagages du Savoyard, Sindhia a été impressionné par les capacités des deux bataillons formés par Benoît sur le modèle européen qui contrastent avec ses propres troupes mal organisées. Benoît de Boigne finit par accepter de rentrer au service des Mahrattes. Il est chargé d'organiser une fonderie de canons à Agra ainsi que d'équiper et armer mille sept cent hommes en deux bataillons.

Benoît de Boigne vit dès lors une vie de grand officier et devient très vite un homme influent. L'un des premiers faits d'armes sous son commandement est, en octobre 1784, la prise de la citadelle Kallingarh dans la région du Bundelkund. Le rajah de cette région finit par traiter avec Benoît de Boigne, ce qui permet à Sindhia d'entrer en maître à Delhi. Le chef mahratte se nomme lui-même Colonne de l'empire et premier ministre. Cette prise de pouvoir engendre de nombreux conflits et de nombreuses trahisons.


Plusieurs batailles ont lieu entre Mahrattes, Moghols, Rajpoutes et Rathors, au cours des années suivantes. L'année 1788 est particulièrement mouvementée. Le 10 août, Gholam Kadir, un des principaux protagonistes, fait arracher les yeux de l'empereur Shah Alam. Le 14 août, l'armée mahratte alliée à celle de son ancien ennemi Ismaël Beg entrent dans Delhi pour reprendre le ville qu'ils avaient perdue un temps. Kadir s'échappe mais est capturé. Les Mahrattes lui arrachent les oreilles, les yeux, le nez et les membres et l’envoient, dans une cage de fer, à Delhi ; il mourra en cours de route. Ses dépouilles sont par la suite remises à l'empereur.


Une nouvelle fois Mahadaji Sindhia triomphe et redevient le véritable détenteur du pouvoir politique du pays. Benoît de Boigne à cette période propose à Sindhia la création d'une brigade de dix mille hommes afin de consolider l'assise politique et militaire du nouveau maître des Indes. Celui-ci refuse par manque de trésorerie mais également parce qu'il a des doutes sur la supériorité de la combinaison artillerie-infanterie par rapport à la cavalerie qui constitue la force des armées mahrattes. Ce refus entraîne un nouveau différend entre les deux hommes. L'officier européen donne alors sa démission. À nouveau sans emploi, il retourne à Lucknow.

Démission de l'armée mahratte, vie commerçante et premier mariage

De retour à Lucknow, Benoît de Boigne retrouve ses amis Antoine-Louis Polier et surtout le lyonnais Claude Martin. Ce dernier réussit à convaincre le Savoyard de participer à ses activités commerciales. Bien que Benoît ne se sente pas l'âme d'un commerçant il peut en revanche utiliser ses qualités militaires. À l'époque, les routes des Indes sont peu sûres et même certains comptoirs de commerce en ville sont parfois dévalisés. Claude Martin aidé de Benoît crée un dépôt dans un ancien fort. Sa réalisation est confiée à Benoît de Boigne : des salles fortes sont construites, des gardes armés et incorruptibles sont engagés et formés. Très vite cette entreprise remporte un grand succès. Parallèlement, le Savoyard exerce une activité de négociant en pierreries, cuivres, or, argent, indigo, cachemires, soieries et épices. Le futur comte de Boigne, devenu un homme riche, possède une résidence luxueuse avec de nombreux serviteurs, une cave et des chevaux de grande valeur.

Durant cette période, Benoît tombe à Delhi sous le charme d'une jeune fille prénommée Nour (lumière en persan). Celle-ci est la fille d'un colonel de la garde persane du Grand Moghol qu'il a rencontré pour régler un simple litige. Il sollicite le jour même, auprès du colonel, la main de sa fille. Après une longue discussion, le père accepte bien que Benoît ait refusé de se convertir à l'Islam. Benoît fait la cour à Nour, celle-ci s'exprime parfaitement en anglais. La cérémonie du mariage qui dure plusieurs jours a lieu d'abord à Delhi, avec de fastueux repas puis plus simplement à Lucknow(1788). Sa femme lui donne deux enfants, une fille en 1790 et un fils en 1791.


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24 juin 2009 3 24 /06 /juin /2009 09:34
Départ de Lucknow pour Delhi, l'empereur Shah Alam face aux Mahrattes

En août 1783, Benoît obtient l'autorisation de quitter Aoudh et sa capitale pour se diriger vers le nord à la recherche de nouveaux passages. Son voyage, effectué à cheval, l'amène dans la ville de Delhi en compagnie de Pollier qui doit lui aussi s'y rendre pour affaire. Au cours du trajet, Benoît découvre le Taj Mahal mais aussi des hauts lieux de la vie indienne, des petits royaumes, des tribus. Arrivé à Delhi, Anderson, un résident anglais, propose au Savoyard de lui obtenir une audience auprès de l'empereur Shah Alam qui tient sa cour au Fort Rouge. Très rapidement, de Boigne et son ami sont convoqués en audience. Lors de cette rencontre il expose à l'empereur Shah Alam II son projet d'exploration. L'empereur repousse sa décision (« Nous verrons »).

De Boigne séjourne dans la ville en attendant une réponse favorable. Au même moment la situation de l'empereur se trouve radicalement modifiée. En effet, le lendemain de l'audience, un édit impérial attribue à Madahaji Sindhia le gouvernement des provinces de Delhi et d'Agra. En d'autres termes, le Mahratte devient régent impérial et le réel détenteur du pouvoir temporel alors que l'empereur Shah Alam, sans être déchu, n'a plus aucun pouvoir politique et n'est plus qu'un souverain d'apparat. En 1790, Benoît de Boigne résume la politique indienne de l'époque en affirmant :

« Le respect envers la maison de Timour (la dynastie moghole) régnait à tel point que, quoique toute la péninsule se fut successivement soustraite à son autorité, aucun prince de l'Inde ne s'était arrogé le titre de souverain. Sindhia partageait le respect, et Shah Alam (Shâh Âlam II) était toujours assis sur le Trône Mogol, et tout se faisait en son nom. »


Un mot est nécessaire sur Madahaji Sindhia (1730 – 1794) qui fut un des leaders Mahrates de cette époque, et le gouverneur de l’état de Gwalior, dans l’Inde centrale. En 1761 les Marhates sont sérieusement vaincus par les Afghans lors de ce qu’on a appelé la troisième bataille de Panipat et se replient du Punjab vers Delhi. Depuis cette défaite, Sindhia va mettre sur pied une armée puissante qui fera de lui le véritable chef militaire de la confédération marhatte.


Au milieu de ces bouleversements politiques, Benoît de Boigne rencontre un Européen, ami de Polier, Armand de Levassoult.


Pendant quelques jours Benoît se trouve à Delhi sans pouvoir partir vers le nord, l'administration locale ne lui en donnant pas l'autorisation. Cependant, il rencontre une nouvelle fois Levassoult qui l'invite à se rendre au camp de Sindhia en sa compagnie.

Benoît de Boigne volé par les Mahrattes et trahi par les Rajpoutes

Les Mahrattes avaient établi un camp pour assiéger la citadelle de Gwâlior, dans laquelle l'Ecossais Sangster, rencontré par Benoît lors de son séjour à Lucknow, tenait garnison. Arrivé au camp, leur accueil est cordial. Levassoult présente son ami comme un militaire des plus valeureux. Une tente est attribuée à Benoît de Boigne. Cependant alors qu'il est de sortie, ses bagages sont dérobés et avec eux les précieuses lettres de change d'Hastings mais aussi celle sur Kaboul-Peshawar. Très vite, il apprend que ce vol est commandité par Sindhia qui veut se renseigner sur cet Européen qui lui semble suspect. Benoît de Boigne, désireux de se venger, entreprend de rejoindre discrètement la citadelle assiégée et l'Écossais Sangster afin de lui proposer d'attaquer le camp mahratte. Alors qu'il attend une réponse positive, Benoît est appelé par le mahratte Sindhia à qui ses plans ont été révélés : le Savoyard doit expliquer que ses actes sont une réponse à l'affront occasionné par le vol de ses bagages et de ses lettres de change.















 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 






Le Mahratte lui explique ses craintes de voir le projet d'expédition dans le nord de l'Inde être le prélude à une invasion des Afghans. Après ces explications, Sindhia propose cependant au Savoyard le commandement de la garde du camp que celui-ci refuse. Vexé, le Mahratte donne congé à Benoît sans pour autant lui rendre ses précieux papiers. Cette mésaventure permet à Benoît de Boigne de prendre conscience que son projet d'expédition déplaît fortement aux Indiens. Il se résout à abandonner son projet. Son accrochage avec Sindhia parvient aux oreilles des ennemis de celui-ci et, en premier lieu, à celles du rajah de  Jaipur qui cherchait un officier européen capable de former deux bataillons. Le Savoyard accepte l'offre et s'en retourne à Lucknow pour y lever et y former des hommes. Les Anglais méfiants demandent à Benoît de venir s'expliquer auprès de Hastings qui, rassuré sur ses intentions, ne met pas de veto à l'entreprise. Une fois les bataillons recrutés et opérationnels, Benoît et ses hommes prennent le chemin de Jaipur. Cependant, en cours de route, ils sont stoppés à Dholpur par un petit seigneur local dont la forteresse bloque l'unique passage. En échange d'une rançon, il accepte de les laisser passer.

Cet épisode déplaît au rajah de Jaipur qui congédie Benoît de Boigne, sans aucune indemnité, tout en conservant ses deux nouveaux bataillons.




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22 juin 2009 1 22 /06 /juin /2009 09:31
L’arrivée aux Indes

L'unité territoriale et politique de l'Empire Moghol, s'effrite progressivement et cela a commencé avec l'arrivée des portugais à Goa en 1510. L'arrivée des commerçants français, néerlandais, anglais précipite le déclin de l'empire, tant ces derniers tirent profit de la division politique du sous-continent en installant des comptoirs, avant de les coloniser. Les Britanniques triomphent successivement de leurs rivaux européens puis des pouvoirs princiers locaux grâce à la force militaire et l'économie de comptoirs florissante de la Compagnie des Indes Orientales, et parviennent à asseoir leur domination sur l'Inde dès la moitié du XIXe siècle. Ils établissent alors une puissante administration coloniale placée sous la responsabilité directe de la Couronne britannique. Benoît Leborgne fait partie de ces Européens qui bénéficièrent de la confusion politique régnante au sein de cet empire indien, en offrant ses services de mercenaire à des princes indiens et en exerçant des activités marchandes très lucratives. De nombreux contemporains européens comme lui font fortune. L'expérience militaire européenne, leur savoir en matière de production d'armement notamment dans la canonnerie, ainsi que dans la mise en place de plans stratégiques nouveaux, permet aux mercenaires européens, pour les plus opportunistes, d'accéder plus facilement à des postes d'officier.


Benoît Leborgne débarque à Madras en 1778.
Bien qu'émerveillé et enchanté par ce pays si différent, le futur comte de Boigne connaît des jours difficiles. Pour survivre, il donne des cours d'escrime, qui lui permettent de rencontrer un neveu du Gouverneur Rumbold. On lui propose d'être enseigne au 6° Bataillon de cipayes une troupe composée d'indigènes levée par la Compagnie Anglaise. Il accepte l'offre afin d'assurer sa subsistance. Durant cette période de garnison, Benoît s'initie aux mœurs locales et forme les troupes cipayes. Durant quatre ans, sa vie à Madras se déroule sans gloire militaire, ce qui bientôt lasse le Savoyard qui a de plus grandes ambitions. On lui explique qu'il pourrait trouver ce qu'il recherche en se rendant à Delhi dans le nord du pays, où l'empereur moghol Shah Alam tient sa cour. En effet, les seigneurs mahrattes et râjputs s'entourent d'Européens et leur confient le commandement de leurs armées. Ennemis naturels de la dynastie moghole, les Mahrattes aspiraient à se rendre maîtres de l'Inde ; ils s'emparèrent de plusieurs provinces, en ravagèrent d'autres, et avec leur nombreuse cavalerie , qui faisait leur principale force, ils traversaient presque sans interruption l'empire dans tous les sens.


Le nouveau gouverneur, lord Mac Cartney, lui remet des lettres le recommandant auprès du gouverneur de la province du Bengale à Calcuta. Benoît de Boigne s'y rend par voie maritime.


Il y découvre un pays accablé par une chaleur insupportable dont les habitants vivent dans un dénuement extrême. Dès son arrivée il est suivi par une nuée de mendiants. Il rencontre le gouverneur Warren Hastings qui approuve le projet d'exploration du Savoyard. Une nouvelle fois des lettres lui sont remises à destination d'Asaf-ud-Daulah, le rajah d'Aoudh dont la capitale est Lucknow et qui est un vassal des Anglais. En janvier 1783, Benoît se met en route. Sur le trajet, il traverse de nombreux villages d'une extrême pauvreté tout en se familiarisant avec la vie culturelle et religieuse indienne. Il constate la présence de quartiers musulmans et hindous distincts.

Arrivée à Lucknow, Leborgne devient de Boigne

Arrivé à Lucknow, une ville riche et commerçante, le Savoyard est accueilli favorablement par le nabab Asaf-ud-Daulah. Il est invité à résider chez le colonel Polier au service de la Compagnie Anglaise. Comme lui explique par la suite Middleton, un Anglais présent lors sa rencontre avec le nabab, cette invitation est en fait un ordre, et en cas de refus le Savoyard aurait été jeté en prison. Le colonel Polier le reçoit chaleureusement.


Le Colonel Antoine-Louis Polier est suisse, mais descendants d’émigrés français, et ingénieur et orientaliste. Il arrive en Inde à l’âge de 15 ans et s’engagera dans l’armée britannique avant d’occuper des postes plus ou moins importants dans la Compagnie Anglaise des Indes Orientales.


Il rencontre aussi Claude Martin  un Lyonnais qui a fait fortune aux Indes et Drugeon, un Savoyard comme lui. Benoît Leborgne reçoit de son altesse des lettres de change pour Kandabar et Kaboul ainsi que de douze mille roupies. Le nabab fait cinq mois durant du Savoyard, comme beaucoup d'autres, un captif volontaire. Polier explique à Benoît que bien que les lettres de change lui aient été données, il doit encore patienter. En attendant, le Savoyard qui est déjà bilingue, se consacre à l'apprentissage du persan et de l'hindi.


Il en profite également pour changer de nom. Il se fait désormais appeler de Boigne transcription inspirée de la prononciation des Anglo-Saxons (ceux-ci ont du mal à prononcer le R de Le Borgne) tout en prenant soin de s’ajouter une particule. Avec son ami lyonnais, Benoît de Boigne s'occupe en marchandant quelques bijoux d'argent, des tapis de soie ou encore des armes niellées d'or. Cependant cette activité n'est qu'un passe temps, en attendant son départ pour le nord du pays. Il va également à la chasse au tigre à dos d'éléphant en compagnie de Polier et du nabab et on imagine qu'il se souvient de ces images d'animaux qui accompagnaient son enfance.  


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20 juin 2009 6 20 /06 /juin /2009 10:09
Le régiment du prince Orlov et la guerre russo-turque

 En quittant le régiment irlandais, le jeune Benoît Leborgne apprend par les gazettes que le prince Orlov lève, au nom de la tsarine Catherine II, un régiment grec pour préparer une attaque contre l'Empire ottoman. A l'époque la Russie en pleine expansion tente d'obtenir un débouché sur la mer Noire et utilise à cette fin les sentiments anti-turcs des peuples sous domination ottomane. Benoît Leborgne voit dans cette entreprise une opportunité pour assouvir ses désirs d'aventure, de conquêtes militaires et de voyages exotiques. Il fait un bref séjour à Chambéry, au cours duquel il obtient une lettre de recommandation d'une des clientes de sa mère auprès d'un cousin, connaissance intime du prince Orlov. Il se rend d'abord à Turin, qui est alors la capitale du royaume de Piémont-Sardaigne, où il obtient grâce à sa lettre un appui du cousin. Il prend ensuite la direction de la Vénétie puis effectue la traversée jusqu'en mer Égée. Il débarque à Paros, où le prince Orlov est en train de former son régiment gréco-russe. Celui-ci accepte sa candidature et l'intègre à ses effectifs.


Il constate très vite que cet engagement, résultat d'un coup de tête, est une erreur. Le prince lui a confié ses d
outes sur la future
campagne militaire et sur les chances de victoires. Ces prévisions pessimistes sont très vite confirmées. Sur l'île de Ténédos les Turcs l'emportent et la guerre russo-turque de 1768-1774 prend fin pour le jeune Chambérien : si une partie des soldats du régiment réussissent à rembarquer et à s'échapper, Benoît fait partie de ceux qui sont capturés. Emmené à Constantinople, il devient esclave et doit effectuer de basses besognes durant de nombreuses semaines. Son calvaire prend fin lorsque son propriétaire turc a recours à sa connaissance de l'anglais, acquise au sein du régiment irlandais, pour commercer avec un anglais, lord Algernon Percy. Ce dernier, surpris de voir un Européen esclave d'un Turc, fait en sorte de le faire libérer par l'intermédiaire de l'ambassade anglaise.

L'appel des Indes

Les Turcs libèrent le futur Benoît de Boigne après une semaine de négociations avec l'ambassade anglaise. Lord Algernon Percy prend alors le Savoyard comme guide dans l'archipel grec jusqu'à ce que celui-ci se rende à Paros pour se faire licencier de son régiment. Désormais, il est libre de toute contrainte mais il a pour unique ressource sa dernière solde reçue avant son licenciement. Il décide de se rendre à Smyrne, qui connaît à l'époque une période de prospérité. Le centre portuaire de la ville est en plein essor. Sur place, Benoît rencontre plusieurs marchands venus de tous horizons, en particulier des Indes. Ces derniers lui font le récit de leurs voyages. À l'époque les terres indiennes étaient créditées de fabuleuses richesses et beaucoup d'aventuriers s'y rendaient en vue d'y faire fortune. On citait notamment les nombreuses mines de diamants de Golconde, les saphirs de Ceylan. Certains de ces marchands lui exposent également leurs théories sur l'existence de voies commerciales passant par le nord des Indes. Il est question d'exploration du Haut-Cachemire ou de passage le long des glaciers du Karakoram. Enfin, les marchands expliquent au Savoyard que beaucoup de rajahs recherchent régulièrement des officiers européens afin d'y organiser et d'y commander leurs armées.


Il lui reste à trouver un moyen de transport et quelques finances pour cette entreprise. Grâce à son ami lord Percy, il possède des lettres d'accréditation auprès des lords Hastings et Mac Cartney aux Indes. Il demande également des lettres d'accréditation russes. Il fait appel au prince Orlov à
Saint-Pétersbourg qui lui obtient une audience auprès de la tsarine Catherine II. Benoît Leborgne lui explique qu'il veut découvrir de nouvelles voies d'accès aux Indes en passant par l'Afghanistan ou le Cachemire. La tsarine désireuse d'étendre son influence jusqu'aux terres afghanes apporte son soutien à ce projet. En cette fin de d'année 1777, Benoît entame un voyage fertile en péripéties. Après avoir tenté de passer par la voie terrestre il renonce et décide de rejoindre sa destination par la voie maritime. Durant son trajet vers l'Égypte, ses affaires, dont les précieuses lettres d'accréditation, sont emportées par la mer au cours d'une tempête. Ne pouvant revenir en arrière, il se résout à se rendre au consulat d'Angleterre où il parvient à rencontrer sir Baldwin. Après de nombreuses discussions, on lui conseille de prendre du service à la Compagnie anglaise des Indes orientales, et on lui remet une lettre de recommandation à cet effet.


Ce voyage de Smyrne aux Indes sera une véritable aventure. Benoît se rend d’abord à Constantinople, puis à Alep où il rejoint une caravane en partance pour Bassora. Mais les perses et les turcs sont en guerre et le voyage est dangereux. Arrivée à Bagdad la caravane est obligée de repartir pour Smyrne. Ne pouvant arriver en Inde par la Perse, il décide alors de passer par l’Egypte et se rend à Alexandrie. Mais là son navire fait naufrage sur le Nil et il se trouve à la merci des Arabes ; ceux-ci vont cependant l’aider à gagner le Caire et là, grâce à la bienveillance du consul britannique, il s’embarque à Suez pour arriver début 1778 à Madras (Chennai aujourd’hui) ville détenue par les anglais.

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18 juin 2009 4 18 /06 /juin /2009 09:58

Enfance


Né le 24 mars
1751, Benoît Leborgne est le fils d'un marchand de pelleteries de Chambéry. Son grand-père paternel, né à Burneuil en Picardie, s'était installé à Chambéry, dans le duché de Savoie, au début du XVIIIe siècle. En 1709 il avait épousé Claudine Latoud, née en 1682. Ils eurent treize enfants, dont quatre seulement atteignirent l'âge de vingt ans, et établirent un négoce de fourrures rue Tupin à Chambéry.

L'enfant est né d'un mariage d'amour. Sa mère, Hélène Gabet, née en 1744, est issue d'une lignée de notaires très proches du Sénat de Savoie. Bien que sa famille soit peu enthousiasmée par son alliance avec un petit commerçant de fourrures, ils consentent à ce mariage. Ce mariage heureux donne naissance à sept enfants dont le troisième est Benoît. Parmi ses trois frères et ses trois sœurs, certains ont eu un parcours remarquable. Son frère Joseph deviendra un brillant avocat à Turin. Benoît, qui est destiné au barreau, n'est pas le seul à être un aventurier attiré par les horizons lointains. Son frère Claude se rend à Saint-Domingue. Emprisonné à Paris durant la Terreur, il devient quelque temps plus tard député de l'île de Saint-Domingue au Conseil des Cinq-Cents pendant le Directoire. Sous le Premier Empire, il est nommé fonctionnaire à Paris. Il prend le titre de baron de Boigne. Ce titre fut donné, comme cela fut le cas pour le titre de Benoît, par le roi de Piémont-Sardaigne, en 1816.

Mais revenons au jeune Benoît dont l’enfance est imprégnée de la boutique de son père. Dans ses Mémoires, il raconte comment il était fasciné par l'enseigne exotique de ce magasin : celle-ci représentait, avec des couleurs vives, des animaux sauvages parmi lesquels figuraient des lions, des éléphants, des panthères et des tigres, avec en dessous pour devise : « Vous aurez beau faire, beau crier, vous viendrez tous chez Leborgne, le pelletier ». L'imagination de l'enfant est alors galopante, il interroge régulièrement ses parents et grands-parents sur ces animaux. Il veut savoir où ils vivent, les voir et connaître ces contrées lointaines qui accueillent une faune si singulière.


Son père, Jean-Baptiste Leborgne, né en 1718, est contraint par son métier à de fréquents voyages. Il parcourt toutes les foires à sauvagine d'où il rapporte des fourrures d'ours, de renards, de castors et de bien d'autres espèces d'animaux. Son commerce le pousse parfois jusqu'en
Écosse. Il songe à plusieurs reprises à se rendre aux Indes, projet auquel sa femme s'oppose mais qui marque son fils.


À l'âge de dix-sept ans, Benoît Leborgne blesse un officier piémontais lors d'un duel. Cette mésaventure l'empêche d'intégrer la
Brigade de Savoie. Il s'engage alors dans l'armée française.

Début de sa carrière militaire au sein d'un régiment irlandais

Sa carrière militaire débute dans le nord de la France. Il est simple soldat  au sein du régiment irlandais de Louis XV dirigé par lord Clare et cantonné en Flandre. Ce régiment est formé essentiellement d'émigrés irlandais ne souhaitant pas servir les Anglais. A l'époque les Irlandais qui quittaient leur terre natale, se rendaient généralement soit en France soit dans les treize colonies d'Amérique du Nord, là où leur haine pour la tutelle anglaise trouvait un écho. Il y apprend peu à peu les rudiments du métier et l'anglais. Il écoute les récits militaires de ses supérieurs et plus particulièrement ceux du major Daniel-Charles O'Connel qui raconte ses faits d'armes aux Indes. Il retrouve bien plus tard en Angleterre ce major qui lui permettra de faire la rencontre de sa future femme Adèle qu’il épousera en 1798. Au sein de ce régiment, il participe à de nombreuses campagnes militaires qui le font voyager à travers l'Europe mais qui l'emmènent également dans les îles de l'océan Indien et notamment à l'île Bourbon (aujourd’hui La Réunion). En 1773, à 22 ans, Benoît Leborgne donne sa démission. L'Europe est alors en paix et en conséquence ses chances d'avancement sont devenues minces. De plus les décès de lord Clare et du colonel Meade qui entraînent de nombreux changements, le confortent dans sa décision de quitter le régiment.

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16 juin 2009 2 16 /06 /juin /2009 12:38

Quel destin fabuleux que celui de Benoit Leborgne, connu sous le nom du Général Comte de Boigne. Voilà qui ne manquera pas de passionner nos lecteurs !


Doué pour les armes, escrimeur hors pair, il choisit la carrière militaire et entre à Brienne pour devenir officier. La légende veut qu’il ait initié les fameuses tactiques qui établiront le génie militaire de Napoléon. La Révolution éclate et ce « citoyen de Savoie » est obligé de s’exiler. Ses qualités militaires le font remarquer des officiers qui combattent la République à Valmy ; il est nommé colonel. Après les combats, son double statut d’exilé et de combattant rallié à la cause royaliste l’oblige à s’expatrier.


Après de nombreux périples, il se retrouve aux Indes, à Pondichéry. La légende veut que seuls ses dons d’escrimeur, dans un premier temps, lui aient permis de survivre. Mais sa réputation de grand stratège militaire, colonel de l’armée des Immigrés, parvient jusqu’aux oreilles du Maharadja Mahadji Scindia qui essaie en vain au Nord de l’Inde, de pacifier les sikhs. Promu général, il va bientôt commander une armée de cent mille hommes, réorganisée selon le modèle européen et qui permettra à la confédération mahratte (du Maharashtra) de dominer une partie de l’Inde ; les mahrattes seront du reste les derniers à résister aux Anglais par la suite. En 1796, à la mort de son protecteur, il reçoit en gratification or et pierres précieuses qu’il entasse dans deux vaisseaux qui vont cingler vers l’Angleterre ; sa compagne et leur enfant, embarquent avec lui. Le naufrage du vaisseau qui contenait les pierres précieuses est une péripétie, il sauve l’autre partie du trésor et accoste enfin sain et sauf. A Londres, il devient un assidu des salons des Immigrés. Il épouse alors celle qui deviendra la comtesse de Boigne, après avoir acquis le titre. Avec le Directoire, il peut enfin revenir en France et acquérir un domaine à Meudon, non loin de Sèvres.


La relation qu’il va avoir avec Napoléon, qui voulait lui donner le commandement d’un corps expéditionnaire contre les Anglais aux Indes n’aura pas de suite. Benoît de Boigne a le mal du pays et songe à revenir à Chambéry, et comme la Savoie a été rattachée à la France, il est citoyen français.


Il deviendra par la suite le représentant de la Savoie au Parlement. Madame de Boigne ne lui ayant pas donné d’enfant, seule sa compagne indienne lui aura assuré une descendance. Il meurt en 1830 à Chambéry qui élèvera à sa mémoire, « la fontaine des éléphants ».


Nous avons déjà raconté à nos lecteurs l’histoire du Général Jean-François Allard qui servit le roi de Lahore, Ranjit Singh. Ce dernier, comme le rappelle Jean-Marie Lafont (dans « Les Français et Lahore »), « avait senti dés son avènement le besoin de moderniser ses états grandissants sur le modèle de l’administration mise en place par le Général de Boigne ».


Certains diront que ces officiers, comme le Général de Boigne, furent des mercenaires puisqu’ils servirent aussi les anglais. Mais ce serait oublier les déchirements européens de l’époque. Ce serait surtout oublier que ces hommes exceptionnels cherchaient une destinée à la hauteur de leurs ambitions et ce serait oublier que tous les témoignages de l’époque mettent en avant autant les éminentes qualités personnelles que les qualités militaires (ou politiques) de ces héros. N’oublions pas que le Général de Boigne, comme le Général Allard, furent rejetés par leur pays et obligés de s’exiler.

 

Voila donc pour nos lecteurs, l’histoire de Benoît Leborgne.

 


NDLR : 9 articles sur le sujet, c'est certes un peu long ! Mais le sujet est un personnage exceptionnel et fait partie de ces liens historiques qui ont existé entre la France et l'Inde. Lisez ces articles avec des yeux d'aventuriers en imaginant ce que pouvait être la vie de ce héros dans l'Hindoustan de la seconde moitié du XVIII° siècle. Puissent ces articles vous y aider...

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24 mars 2009 2 24 /03 /mars /2009 14:49

Henri Cartier-Bresson a longtemps séjourné en Inde.

Lors de son premier voyage en 1948, il fut amené à photographier Gandhi quelques minutes avant sa mort et la ferveur populaire que suscitèrent ses funérailles. Il a su traduire une atmosphère, une pensée et la vie intérieure d’une société, à travers sa religion dont il s’est profondément pénétré. Les photographies réalisées lors de ses séjours ultérieurs, en 1966 et 1980, sont empreintes davantage encore d’une certaine abstraction dans l’expression, concrétisée et condensée dans un regard. Il semble qu'une relation privilégiée se soit alors constituée entre le photographe et ce pays.

Ses images de l'Inde sont la preuve de sa fascination pour la culture et la philosophie indiennes. Voici quelques photos prises cinquante auparavant et qui sont encore très proches de la vie en Inde aujourd'hui
.



Srinagar, Cachemire, 1948
Femmes musulmanes priant sur la colline Hari Parbal, en direction du soleil levant derrière l'Himalaya.


Inde du Nord, 1947; des réfugiés musulmans dans le train Delhi- Lahore, à la gare de Kuinkshaha







Bombay 1947 ; Un échope d'astrologue à Parel





Mathura, 1950

















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24 février 2009 2 24 /02 /février /2009 16:32

Louis Bonvin, Gouverneur des Etablissements Français de l'Inde
1938 - 1945


Pendant la Seconde Guerre Mondiale, le plus haut représentant de la France en Inde s'appelle Louis Bonvin. Très vite, Louis Bonvin choisit son camp et se comporte en grand patriote. Retour sur l'histoire d'un homme qui a su, loin de ses bases, choisir le camp de la Résistance.

Qui fut Louis Bonvin ?

 


Né en 1886 à Montluçon, il fut un ami d'enfance de Max Dormoy et son mère Marthe Bonvin, fut avec Jean Dormoy l'un des fondateur du Parti Ouvrier Français. Il fit ses études à Paris et obtint le diplôme d'HEC. Il entre dans l'Administration coloniale en 1912, dans les services civils de l'Afrique Equatoriale Française. En 1914, il est promu Administrateur-adjoint des Colonies, dans des postes difficiles.

L'Administrateur Bonvin fait une carrière rapide. En 1936, il est nommé Gouverneur titulaire du Gabon. Par sa vive intelligence, ses hautes capacités administratives, par l'aménité de son caractère et ses qualités de coeur, Louis Bonvin devait faire l'unanimité de la population. Ce sera l'époque fabuleuse des grands forestiers et d'une prospérité économique sans précédent que cette colonie ne connaîtra plus.


Louis Bonvin quittera le Gabon au cours de l'été 1938. Son départ sera infiniment regretté car il était devenu, aussi bien pour les colons européens que pour les Africains, l'homme qui connaissait le mieux leurs problèmes. Son souvenir est resté vivace dans le coeur des Gabonnais qui ont donné son nom à l'un des plus beaux stades de Libreville.


En 1938, le Gouvernement confie à Louis Bonvin les Etablissements Français de l'Inde où des troubles graves se sont produits dans les usines de textiles. Grâce à son habileté et surtout à son esprit d'équité, le calme revient rapidement et il gagne la confiance unanime de tous ses administrateurs à Pondichéry, Karikal, Mahé, Yanaon et Chandernagor.


L'armistice de 1940 jette un trouble proche du désespoir dans les Comptoirs. Le Gouverneur Bonvin réunit autour de sa personne les populations des cinq Comptoirs et insufle à tous confiance et espoir. Il est, avec Félix EBOUE, le seul gouverneur rallié au Mouvement de Libération du Général de Gaulle. Le 20 juin, Louis Bonvin fait savoir au Gouvernement français réfugié à Bordeaux « qu'il demandait la continuation de la lutte en étroite collaboration avec l'Empire britannique et que la population européenne et locale de l'Inde française était prête à tous les sacrifices ». Le Gouverneur réunit alors tous les fonctionnaires et les notables des Etablissements. Il leur fait part de sa détermination de se ranger aux côtés du Général de Gaulle. Il leur donne le choix. Presque tous le suivent avec enthousiasme.

De 1940 à 1945, le Gouverneur Bonvin s'emploie à fournir toute l'aide possible aux Forces Françaises Libres, jusqu'à celles, lointaines, du Général Koenig en Lybie. Aide pour la Croix Rouge, aux soldats F.F.L., souscriptions et envois de fonds à la France Libre par les Etablissements Français de l'Inde mais aussi par les Français de Bombay, Calcutta et Delhi, le Général de Gaulle ayant désigné le Gouverneur Bonvin comme délégué du Comité National Français pour l'Inde.


Par décret de Vichy du 4 octobre 1941, il était déchu de la nationalité française. Le 14 janvier 1942, il était condamné à mort par contumace, avec confiscation de ses biens et sa femme aux travaux forcés à perpétuité par le tribunal militaire de Saïgon. Le 27 janvier 1942, il était nommé membre du conseil de défense de l'Empire Français et Compagnon de la Libération. En janvier 1944, il se verra décerner la Médaille de la Résistance française.


Les autorités anglaises considéraient le Gouverneur de Pondichéry avec égard et estime.

Quand Louis Bonvin s'en ira, en 1945, le Vice-Roi des Indes anglaises en personne lui remettra, de la part du Gouvernement de Sa Majesté Britannique, l'une des plus hautes distinctions de son pays, l'Ordre de l'Empire Britannique.


Il décédera à Montluçon le 23 février 1946 après une courte et cruelle maladie.


C'est en souvenir de son père que le Général de Gaulle acceptera d'être le parrain de son dernier fils Louis Charles qui naîtra le 13 août 1946 à Montluçon.

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