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4 mai 2010 2 04 /05 /mai /2010 15:41

Le reflux

 

 La nouveauté de l’Inde s’effrite indéniablement avec le déclin du romantisme. D’autres facteurs entrent en jeu : l’hostilité d’un certain nombre de philosophes, qui ne voient que décadence ou faiblesse dans les enseignements indiens ; celle des ecclésiastiques, qui n’apprécient guère cette intrusion dans leur territoire déjà rétréci, et se joignent aux puissances coloniales pour mieux dénigrer les religions de l’Inde (parfois avec le soutien actif d’indianistes très en vue, comme en Angleterre) ; enfin la montée de l’utilitarisme et du positivisme, entre autres courants de pensée qui n’ont guère usage de ce qui leur semble n’être que contemplation nombriliste.

 

Tout de même, le courant continue en filigrane, chez les symbolistes par exemple. Baudelaire est un relais important, parsemant ses Fleurs du Mal d’images indiennes. Images qui prennent une vie plus profonde chez Rimbaud, lorsqu’il s’interroge sur d’autres vies, ou annonce dans sa « Lettre du Voyant » une ascèse à laquelle il ne manque qu’une base de lumière pour être un réel yoga, témoin sa conviction qu’un autre état de conscience est possible et doit être conquis par le vrai poète. « Comme elle, dans l’âme ayons un haut dessein » achève un poème que son ami Verlaine consacre à « Çavitri », héroïne d’un conte du Mahâbhârata (que Sri Aurobindo, le siècle suivant, va transformer en épopée). Quant à leur « guru » Mallarmé, c’est sa quête du Son parfait qui est bien indienne, sans parler de sa magistrale adaptation des Contes indiens.

 

N’oublions pas les nombreux récits de voyageurs du XIXe siècle, qui ont sûrement contribué à ancrer l’Inde dans la conscience populaire française ; parmi les plus sérieux, il faut faire mention de la correspondance de Victor Jacquemont (bien connu des lecteurs de ce blog) et surtout de Pierre Loti dont L’Inde sans les Anglais est un témoignage sensible et haut en couleur.

 

Ce reflux vient en fait de la découverte tardive du bouddhisme. Victor Cousin, après avoir entendu une conférence de Burnouf à l’Académie en 1847, s’exclame : « S’il y a quelque chose au monde de contraire à la doctrine chrétienne, c’est cette déplorable idée de l’anéantissement qui fait le fond du bouddhisme ». Le bouddhisme devient la bête noire des intellectuels français et l’Inde va être rejetée. L’Inde devient une impasse pour la pensée occidentale.

 

A SUIVRE

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2 mai 2010 7 02 /05 /mai /2010 10:39

L’Inde de Michelet, Lamartine et Vigny

 

jules-michelet-par-nadar.jpgAmpleur et majesté chantées, au contraire, par Michelet, cet historien qui aime laisser parler le cœur ; il trouve dans les épopées de l’Inde une noblesse et une compassion par trop absentes du monde intellectuel et religieux de l’Europe :

« L’Inde, plus voisine que nous de la création, a mieux gardé la tradition de la fraternité universelle. Elle l’a inscrite au début et à la fin de deux grands poèmes sacrés, le Ramayan, le Mahabharat, gigantesques pyramides devant lesquelles toutes nos petites œuvres occidentales doivent se tenir humbles et respectueuses. Quand vous serez fatigué de cet Occident disputeur, donnez-vous, je vous prie, la douceur de revenir à votre mère, à cette majestueuse antiquité, si noble et si tendre. Amour, humilité, grandeur, vous y trouvez tout réuni, et dans un sentiment si simple, si détaché de toute misère d’orgueil, qu’on n’a jamais besoin d’y parler d’humilité. ... [En Inde,] tant de guerres, tant de désastres et de servitudes, n’ont pu tarir la mamelle de la vache sacrée. Un fleuve de lait coule toujours pour cette terre bénie... bénie de sa propre bonté, de ses doux ménagements pour la créature inférieure. »

 

Certes, Michelet est romantique, mais il ne romantise pas dans le vide : il exprime mieux que ne le ferait la voix de l’érudition les lignes de force de cette terre d’où coule « un torrent de lumière, le fleuve de Droit et de Raison ». On ne saurait passer sous silence son émouvante apologie du premier poème de l’Inde, par laquelle il commence sa Bible de l’humanité :

« L’année 1863 me restera chère et bénie. C’est la première où j’ai pu lire le grand poème sacré de l’Inde, le divin Râmayana. ... Tout est étroit dans l’Occident. La Grèce est petite : j’étouffe. La Judée est sèche : je halette. Laissez-moi un peu regarder du côté de la haute Asie, vers le profond Orient. J’ai là mon immense poème, vaste comme la mer des Indes, béni, doré du soleil, livre d’harmonie divine où rien ne fait dissonance. Une aimable paix y règne, et même au milieu des combats une douceur infinie, une fraternité sans borne qui s’étend à tout ce qui vit, un océan (sans fond ni rive) d’amour, de pitié, de clémence. J’ai trouvé ce que je cherchais : la bible de la bonté. Reçois-moi donc, grand poème !... Que j’y plonge !... C’est la mer de lait. »

 

Son fidèle ami Edgar Quinet partage cette admiration : « L’Inde a fait plus haut que personne ce qu’on peut appeler la déclaration des droits de l’Être » (seraient-ils plus intéressants que ceux de l’hommelamartine.jpg ?). « Ce moi divin, cette société de l’infini avec lui-même, voilà évidemment le fondement, la racine de toute vie, de toute histoire ». C’est Quinet qui annonçait pour l’Europe une « Renaissance orientale », quelques siècles après celle qu’on connaît, fondée sur l’héritage gréco-romain. Mais en fait de Renaissance, il s’est plutôt agi d’une lente infiltration, comme à la suite d’une tranquille pluie de mousson.

 

Lamartine suit la même veine lorsqu’il s’exclame, à propos de la philosophie hindoue « C’est l’Océan, nous se sommes que ses nuages. ... La clef de tout est aux Indes».  Dans son Cours familier de littérature, il raconte ses échanges avec quelques orientalistes, et se souvient « du saint vertige qui me saisit la première fois que des fragments de cette poésie sanscrite tombèrent sous mes yeux » : « La grandeur, la sainteté, la divinité de l’esprit humain sont les caractères dominants de cette philosophie dans la littérature sacrée et primitive de l’Inde ».

 

Vigny.jpgVigny est moins effusif, mais tout aussi touché : il lit le Bhâgavata Purâna avec ravissement, puis trouve dans le bouddhisme une libération des dogmes, et une consolation. On pourrait citer une longue liste de poètes, Nerval en tête, qui ont sans nul doute été attirés par l’Inde, mais qui n’ont pas poussé loin leur exploration. Quant aux romanciers, Balzac connaît bien les grandes lignes de la pensée indienne, tente de l’amalgamer avec l’ésotérisme de Swedenborg dans Louis Lambert, et fait dire à un personnage de Séraphîta : « Mes observations m’ont dégoûté du Nord, la force y est trop aveugle et j’ai soif des Indes ! ». Flaubert flirte avec l’Inde et le bouddhisme dans sa Tentation de Saint-Antoine, et Gautier dans son Avatar et son Fortunio. Même Jules Verne situe un roman entier en Inde, La Maison à vapeur, qui se déroule sur la toile de fond de la Révolte de 1857. Mais tout cela ne sort guère des stéréotypes et d’un exotisme relativement facile.

 

A SUIVRE

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29 avril 2010 4 29 /04 /avril /2010 10:36

 

L’Inde dans le romantisme

 

La fibre que l’Inde fait vibrer est d’abord celle du romantisme, comme l’annonce l’orientaliste allemand Schlegel : « C’est en Orient que nous devons chercher le suprême romantisme ». Victor Hugo semble d’accord, et écrit dans sa préface aux Orientales, en 1829 : « Au siècle de Louis XIV on était helléniste, maintenant on est orientaliste... Nous verrons de grandes choses. La vieille barbarie asiatique n’est peut-être pas aussi dépourvue d’hommes supérieurs que notre civilisation veut le croire. » Même s’il se sent plus à l’aise dans l’orient musulman, il intègre dans ses poèmes des conceptions et des couleurs indiennes, souvent sans les nommer explicitement : ainsi « Suprématie » reflète le thème, dans la Kena Upanishad, d’un brin d’herbe qui résiste aux plus puissants dieux, parce qu’il contient le brahman, la divinité suprême. Mais l’Inde semble aussi l’inquiéter, voire le repousser : « Les poèmes de l’Inde ont l’ampleur sinistre du possible rêvé par la démence ou raconté par le songe... [Ils sont] d’une majesté presque horrible. »

 

L’Inde chez Victor Hugo

 

Il n’est pas inintéressant de s’arrêter sur la place de l’Inde dans la pensée de Victor Hugo.

 

Dès « Les Orientales », l’Orient est associé à une vacuité. De quoi laisser augurer le recul critique marqué par « Les Chants du crépuscule » (1835) où Hugo ne dit plus : « Tout le continent penche à l’Orient. Nous verrons de grandes choses » (Préface des Orientales), mais :

L’orient ! l’orient ! qu’y voyez-vous poètes ?
Nous voyons bien là-bas un jour mystérieux !
...
Mais nous ne savons pas si cette aube lointaine
Vous annonce le jour, le vrai soleil ardent ;
...
Ce qu’on croit l’orient peut-être est l’occident !
...
C’est peut-être le soir qu’on prend pour une aurore !
(Prélude)

 

Ce scepticisme s’explique par le  doute: l’Orient est-il la patrie de l’être ? Outre que l’Orient continue à lui donner des rimes (il le fera jusqu’à la fin), il ne quitte pas son esprit. Hugo avait souhaité, autour de 1830, faire un voyage en Orient : sa situation familiale et ses finances l’en empêchèrent.

 

Sa représentation de l’Orient est sans conteste idéaliste et on sent chez Hugo cette obsession de la relation entre l’Occident et l’Orient, relation perçue comme pleine d’oppositions et d’attirances. On peut se demander si Hugo, face aux mystères de l’Inde, ne cherche pas inconsciemment à faire approprier l’Orient par l’Occident ?

 

On a déjà un signe de cette conception dans un poème de 1845, L’Amour (Océan, Toute la lyre, XXI) qui nous conte l’histoire d’un caporal cipaye qui vole un diamant au front d’une statue de la « déesse Intra », qui est « monstre, idole » ; le destin de ce joyau est de passer en Judée puis en Occident. Il y avait longtemps - cela datait de son voyage en Espagne de 1811 - que Hugo craignait que l’Orient n’ouvre sur le vide et le néant.

 

Le Râmâyana et le Mahabharata avaient fortement impressionné par leur ampleur, et Hugo y voyait probablement une tentative de « totalisation de l’expérience humaine », démarche qu’il entreprendra par la suite dans les épopées que sont La Légende des siècles, Dieu et La Fin de Satan. Mais pour Hugo, les asiatiques ne font pas partie des Egaux, et pour Hugo les Egaux sont les génies.

 

On trouve nombre d’expressions négatives dans l’oeuvre de Victor Hugo à propos de l’Inde : « Dans l’Inde où Satan luit », « Vichnou est une invention du Malin » ; Hugo condamne non seulement le polythéisme des « mornes dieux de l’Inde aux têtes de molosses » (Le Vautour), mais surtout ce qu’il juge être l’athéisme de l’Inde (La Chauve-souris) quand « Shiva dit : - Dieu n’est pas » (L’Ange).

 

Il est vrai aussi qu’en Europe les travaux des indianistes avaient jeté un jour nouveau sur les religions indiennes. Comme le rappelle Roger-Pol Droit, « le mythe de la ‘renaissance orientale’ s’est développé à partir de la seule découverte de textes brahmanistes », qui fondent une pensée de l’Être. Une meilleure connaissance du bouddhisme et sa qualification de ‘culte du néant’  contribuèrent, à partir des années 1840, à ternir l’image de l’Inde. C’est ce que l’on observe chez Hugo, sans qu’une très nette distinction soit faite entre brahmanistes et bouddhistes.


Victor_Hugo.jpgDès lors, rien de surprenant à ce que les propos de Hugo sur l’Inde dans William Shakespeare soient à la fois empreints de l’admiration que le baron Eckstein avait su lui communiquer et d’une forte réticence, voire d’une répulsion pour les doctrines indiennes. L’attachement de Hugo au « moi » est affirmé dans cet essai sous la célèbre formule : « Le moi latent de l’infini patent, voilà Dieu. ». Or l’Inde ne se distingue que par des œuvres collectives qui ont « l’ampleur sinistre du possible rêvé par la démence ou raconté par le songe », ou encore « l’horreur légendaire couvre ces épopées », écrit-il. C’est que ces poèmes « sont pleins de l’Asie obscure » et que « leurs proéminences ont la ligne divine et hideuse du chaos », ce qui rend cette écriture sainte « réfractaire à l’unité ».

 

De cette façon, Hugo tient ces monuments à distance, et les renvoie à l’obscurité de leur naissance où l’Inde retrouve d’ailleurs l’Allemagne : « Quelle ombre que cette Allemagne ! C’est l’Inde de l’Occident ». Plus question désormais d’envisager une union franco-allemande. Derrière l’éloge appuyé du pays de Beethoven, s’annonce la dénonciation des mêmes maux que ceux de l’Inde. Dans L’Année terrible (1872) Hugo s’adresse à l’Allemagne pour lui dire : « comme l’Inde, aux aspects fabuleux / Tu brilles » (Choix entre les deux nations, v. 5).

 

L’attitude de Hugo est semblable à celle de nombreux contemporains qui s’inquiètent de la diffusion du « culte du néant » bouddhique, où se mêlent, c’est selon : matérialisme, athéisme, voire polythéisme. « L’Inde de l’Europe » est alors en première ligne, grâce à Schopenhauer, bien sûr, mais aussi à Eduard von Hartmann, auteur de L’Autodestruction du christianisme et la Religion du futur (1874).

 

A SUIVRE

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27 avril 2010 2 27 /04 /avril /2010 10:21

Une des questions qui nous passionne est celle de savoir comment s’est construite cette fascination européenne ou française pour l’Inde. Ou, en d’autres termes, quelles ont été les influences, et quels chemins ont empruntés les échanges de pensées entre la France et l’Inde ? Et au-delà, quel chemin a suivi en France la représentation de l’Inde ?

 

L’Orient est considéré depuis longtemps comme le principal marqueur d’altérité de l’Occident. Mais l’Orient n’est pas ce que l’on croit qu’il est. Ses racines plongent fort loin dans le temps, et on sait que l’Orient a d’abord été, pour les français, l’Espagne, puis l’Egypte, la Turquie avant d’être l’Inde ou la Chine.

 

Après la contribution des Jésuites à une meilleure connaissance de l’Inde et de la Chine et après les nombreux récits de voyage (dont ceux de François Bernier dont nous avons parlé dans ce blog), les premiers travaux des indianistes britanniques puis français, un vaste mouvement européen appelé « Renaissance orientale » partit d’Allemagne, durant les années 1800-1810. Dès 1800, dans l’Athenaum, Friedrich Schlegel écrit que c’est en Orient qu’il faut chercher le suprême romantisme. L’idée essentielle en étant que toute civilisation, tout art trouvent leur origine parfaite en Inde : ex oriente lux. Toute l’Allemagne est ébranlée par ces idées : les fantasmes de langue primitive, de parenté élective de l’Allemagne et de l’Inde font ressurgir l’espoir d’une union orientalo-occidentale qui donnerait accès, par la poésie, à une parole pleine. Mais tout cela commence au XVIII° siècle.

 

Le XVIII° siècle

 

L’indologie française émergea dans les premières décennies du dix-huitième siècle, quand le bibliothécaire du roi demanda à Etienne Gourmont, du Collège royal, de faire une liste des ouvrages indiens et indochinois d’importance que devait se procurer la bibliothèque du roi. Dès 1739, avait été rassemblé un catalogue des ouvrages sanscrits, et des copies des Vedas, des récits épiques, des textes et dictionnaires philosophiques et linguistiques étaient disponibles. La préoccupation de la première génération d’indianistes fut donc d’étudier les spéculations des Indiens, leur philosophie, et leur « niveau de connaissances scientifiques ».

 

anquetlduperron.jpgC’est à la fin du XIIIe siècle que les traductions des grands textes de l’Inde commencent à paraître en anglais, en français et en allemand : la Gîtâ, les Lois de Manu, des textes bouddhiques, la Shakuntalâ du divin Kâlidâsa (œuvre qu’invoquera Goethe dès 1792), et les deux grandes épopées : le Mahâbhârata et le Râmayana... En 1771 Anquetil-Duperron publie sa traduction de l’Avesta. C’est la « découverte d’un nouveau continent », selon la formule de Hegel. L’Inde, politiquement conquise, envahit les meilleurs esprits de l’Europe — et au-delà, ainsi Thoreau aux Etats-Unis : « Chaque matin, je baigne mon intellect dans la prodigieuse philosophie cosmique de la Bhâgavad-Gîtâ, aux côtés de laquelle notre monde moderne et sa littérature ont l’air chétif ».

 

Scophenhauer fut profondément influencé par la publication des « Upanishads » en 1785 par Anquteil Duperron et par les deux volumes de « Oupnek’hat » parus en 1801.

 

Le XIX° siècle

 

En 1805-1806, Friedrich Schlegel exprime sa frénésie pour l’Inde dans les cours qu’il donne à Paris sur l’histoire universelle.

 

La première chaire de sanskrit d’Europe est inaugurée par Léonard de Chézy en janvier 1815 au Collège de France.

 

C06-02.jpgLa France philosophique n’est guère touchée, pourtant, en dépit de Victor Cousin (1792 -1867), qui, en 1828, retrouve sa chaire à la Faculté ; c’est un événement car le philosophe fait figure de héros du libéralisme et la ferveur des étudiants est d’une rare intensité. A la passion politique se joint le désir de découvrir une pensée plus vive que celle professée sous le contrôle des ultras. Les « leçons » de Victor Cousin sont reprises dans les journaux et en 1829 elles seront publiées. Et que dit Victor Cousin ? « Nous sommes contraints de plier le genou devant la philosophie orientale et de voir dans ce berceau de la race humaine la terre natale de la plus haute philosophie ».

 

A SUIVRE

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25 avril 2010 7 25 /04 /avril /2010 07:43

Nos lecteurs sont quand même très forts car ils ont deviné (bravo Djoh !) qu’il s’agissait de Maurice (ou Marius) Sestier.

 

Cette histoire est bien sûr liée à Auguste et Louis Lumière qui sont les inventeurs de la technologie du cinéma et notamment de la technique de la perforation de la pellicule pour permettre son avancement.

La première projection privée a lieu le 22 mars 1895 à Paris. La première projection publique a lieu le 28 décembre de la même année au salon indien (sic) du Grand Café de Paris, devant 33 spectateurs dont Georges Méliès.

 

sestier2.jpgMaurice Sestier (1861-1928), ou Marius car nous trouvons les deux prénoms, est l’un des assistants des frères Lumière et c’est lui qui va organiser la première projection cinématographique en Inde, à Bombay le 7 juillet 1896, à l’hôtel Watson. Nous ne savons pas très bien ce qui a motivé Sestier ou les frères Lumière à entreprendre ce voyage ; toujours est-il que Sestier poursuivra son voyage jusqu’en Australie. D’après les archives, les frères Lumière développent un réseau de concessionnaires (représentants) et Sestier s’occupe des Indes et de l’Australie.

 

En ce qui concerne cette première projection en Inde, nous savons que le prix des billets était d’une roupie et que seules les élites coloniales assistèrent à cet événement. En effet l’hôtel Watson était interdit aux indiens ! Pour la petite histoire, cet hôtel Watson avait été construit en 1867 avec des structures métalliques importées d’Angleterre et c’est l’hôtel dont l’accès aurait été refusé à Jamsedji Tata ce qui l’aurait amené à décider de construire le Taj Mahal Hotel.

 

Mais il y eut une deuxième projection, à l’hôtel Novelty qui disposait d’une bien plus grande salle. Il y avait plusieurs tarifs afin de répondre à la demande d’un public indien qui avait peu de moyens. Il y avait surtout un orchestre, dirigé par Seymour Dave, afin d’accompagner les images muettes. Le famearrivaloftrain_13431.jpgux film «L'arrivée du train en Gare de La Ciotat » est projeté ainsi que « La sortie de l’usine ». Cela est un succès et le Times of India invite ses lecteurs à venir découvrir cette « merveille du siècle ».

 

Sestier est resté 3 semaines en Inde mais n’a rien filmé lors de son séjour à Bombay ce qu’il fera en Australie quelques semaines plus tard.

 

Très vite les élites indiennes ont compris que des films étrangers n’auraient pas d’impact sur le public indien tout en comprenant les énormes possibilités de ce nouveau médium.

 

Le premier réalisateur indien, photographe de son état, s’appelle Harishchandra Sakharam Bhatwadekar ; il a filmé deux lutteurs dans les jardins suspendus de Bombay. Mais c’est son second film qui le fera connaître ; en 1901, il filme le retour d’un jeune mathématicien indien (RP Paranjype) qui revient de Cambridge où il s’était distingué. Ce sera un film d’actualité et bien sûr le film touche les sentiments nationalistes des indiens et est un succès.

 

Après avoir fait des études de pharmacien à Lyon, Sestier est engagé en 1895 par la maison Lumière, en qualité d'opérateur du cinématographe. Après son bref séjour à Bombay, il se fixe ensuite en Australie durant dix mois. Il y organise des projections dans la plupart des grandes villes, Sydney, Melbourne, Sydney, Broken Hill, Coolgarie. A son retour à Lyon, il reprend ses activités de pharmacien. Il commercialise les produits pharmaceutiques inventés par Auguste Lumière. Sestier est initié à la franc-maçonnerie le 8 mars 1905. Il décède à Sauzet (Drôme) le 8 nov. 1928.

 

On sait peu de choses sur le court séjour de Sestier à Bombay. Grâce à des archives remises récemment par ses descendants, on sait que Sestier est venu accompagné de sa femme, Marie-Louise. On a retrouvé un carnet qui montre qu’il a pris des cours d’anglais lors de son arrivée à Bombay.

 

Il est assez étonnant de voir que la première projection cinématographique réalisée en Inde, le plus gros pays producteur de films, a été réalisée par un français utilisant une technologie française !

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24 avril 2010 6 24 /04 /avril /2010 10:59

alfredCopyL'homme que vous voyez à gauche est français ! Mais qui est-ce ?

 

On hésite à vous donner des indices !

 

 

 

 

 

Le premier indice est qu'il a été le premier à Bombay à faire quelque chose, mais quoi ?

 

Le deuxième indice est la deuxième photo, liée à cet événement.

  

Bien sûr, tout cela s'est passé à Bombay...

 

 

01_bold.jpg

 

 

 

 

 

 

 

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20 avril 2010 2 20 /04 /avril /2010 10:44

Voilà encore un aventurier français du XIX° siècle qui fera le choix de l’Inde. Nous n’avons pas réussi à trouver beaucoup d’informations sur les raisons qui poussèrent Louis Rousselet à s’embarquer pour Bombay en 1863 à 18 ans. Passionné de cet art nouveau qu’est la photographie Louis Rousselet devient photographe professionnel, et photographie l’Inde des Radjahs. Cette aventure dure 6 ans. Il raconte celle-ci dès 1875, dans L’Inde des radjahs, puis dans un roman, Le Charmeur de serpents, paru en 1913, et à son retour en 1874 dans le journal Le Gaulois, notant le rôle important des photographies, « pages inimitables de vérité archéologique ».

 

Il a été le responsable de la section de sciences anthropologiques, à l’exposition de 1874. Il a écrit plusieurs romans inspirés de son voyage. Félicité par la Société de Géographie et la Société d'Anthropologie à son retour, il a aussi fait de nombreuses communications sur les Indes anglaises mais n'est jamais retourné en Inde.

 

asp-74.jpgLouis Rousselet apprend non seulement l'hindi, mais plusieurs autres langues dès son arrivée à Bombay. Il se plonge dans la photographie, un procédé - et un art - encore presque à ses balbutiements, soumis à de très lourdes contraintes techniques que le jeune homme aventureux et épris d'archéologie va cependant rapidement maîtriser et appliquer dans les circonstances les plus difficiles, pour ramener plus de deux cents superbes clichés.

 

Entre 1863 et 1868, Louis Rousselet parcourt l'Inde centrale, encore peu soumise à la colonisation britannique, pour ensuite redescendre vers le sud depuis Delhi jusqu'à Calcutta, en passant par la vallée du Gange et Bénarès. Le récit de ce voyage paraîtra plus tard sous la forme de livraisons périodiques dans la collection Le Tour du Monde publiée par la maison Hachette dont Rousselet restera un collaborateur tout au long de sa carrière.

 

C'est la fraîcheur et l'ambiguïté du regard de l'Occidental en cette période de colonisation en marche qui fait tout l'intérêt des photographies et des récits du jeune Français, situé ainsi au cœur de l'affrontement des cultures.

 

inde4.jpgLouis Rousselet se passionne pour ce qu’il voit. Visitant Jaipur il écrit : "La ville est construite dans un style d'une incroyable splendeur... Je doute qu'il ait existé à l'époque où elle a été construite, des villes comparables en Europe ".

 

Son livre, « l’Inde des Radjahs » est plein d’histoires intéressantes, amusantes ou surprenantes. Voici un morceau choisi à propos de la corruption qui sévit en Inde.

 

 

"A peu près vers cette époque, le trésor royal menaçait d'être totalement épuisé par les dernières dépenses et surtout par l'achat de l'Étoile du Sud et autres diamants, qui avaient coûté plus de six millions. Le roi chercha un moyen de le remplir sans imposer de nouvelles taxes au peuple, et la ruse qu'il imagina fut aussi efficace qu'originale, La corruption des employés de toute sorte est une chose tellement établie dans les principautés indiennes, qu'elle y est presque ouvertement reconnue; bien des appointements recherchés sont en eux- mêmes insignifiants et. ne tirent leur importance que du vol. Il vint à l'esprit du Guicowar que les sommes énormes ainsi reçues par ses fonctionnaires pouvaient être considérées comme ayant  été soustraites au revenu royal. Il fit donc distribuer à tous ses karkhouns (employés de l'État) la proclamation suivante : « Sa Hautesse a vu avec regret que la corruption s'est introduite dans, ses administrations, mais elle espère que cet état de choses cessera promptement. Elle conseille aux employés qui se sont laissé corrompre, de verser dans le trésor royal les sommes reçues de cette façon depuis dix ans ; Sa Hautesse, considérant cette restitution comme une amende honorable, oubliera tout le passé; cependant si quelque karkhoun négligeait de rembourser la totalité des « pots de vin », Elle se verra dans la triste obligation de sévir... ».

 

"Cette annonce produisit un vrai coup d'Etat dans toutes les branches de l'administration ; tout le monde poussa les hauts cris, les journaux eux-mêmes essayèrent de prendre la défense des karkhouns. Mais il fallut s'exécuter, et au bout de quinze jours, il fut remis au trésor plus de vingt-sept lakhs de roupies sais, ou environ sept millions de francs. Khunderao me raconta l'affaire en riant. Ses ministres, le croyant secrètement informé, étaient venus lui restituer des sommes sur lesquelles il n'avait pu compter."

 

Plus loin dans ce livre il raconte cette histoire de complot et son cruel épilogue.

 

"En dehors de ses possessions du Goujerate, le Guicowar possède la presque totalité de la vaste péninsule du Kattywar, comprise entre le golfe de Gambaye et le Rann de Katch. Une partie de ce pays est habitée par une race sauvage et guerrière, celle des Wâghurs, qui, poussée à bout par les gouverneurs envoyés de Baroda, s'est soulevée. La guerre dure déjà depuis plusieurs années et le roi actuel n'a pu réussir à y mettre fin. Il y a quelque temps un baron wâghur vint à Baroda pour parlementer; il fut très-bien reçu, mais Khunderao refusa d'entamer aucune négociation avec les rebelles. Le chef résolut alors de débarrasser sa patrie de l'oppression en assassinant le Guicowar; le roi fut informé du complot et le Wâghur, alors au palais, n'hésita pas à se précipiter du haut de la terrasse. Par un curieux hasard, il arriva à terre sans accident et monta sur un cheval qui l'attendait à la porte ; mais le Guicowar cria aux gardes arabes de le tuer et ceux-ci l'abattirent à coups de sabre. Le complot avait aussi pour but de faire évader de la prison d'État quatre chefs wâghurs qui y étaient enfermés depuis plusieurs années; ils s'échappèrent, mais les cavaliers du roi les reprirent avec celui qui leur avait ouvert les portes, un serrurier de la ville, Leur jugement fut court, les chefs furent décapités chacun devant une des portes de la cité et le malheureux serrurier fut condamné à périr par le « supplice de l'éléphant ».

 

"Ce supplice est un des plus affreux que l'homme ait imaginés. Le condamné, les pieds et les mains liés, est attaché par la ceinture à une corde fixée aux jambes de derrière d'un éléphant. Celui-ci est alors lancé au grand trot à travers les rues de la ville et chacun de ses pas imprime à la corde une violente secousse, qui fait bondir le corps du supplicié sur le pavé de la route. Le seul espoir qui reste au malheureux est d'être tué dans un de ces chocs; sinon, après avoir traversé la ville, il est détaché et, par un raffinement de cruauté, un verre d'eau lui est présenté à boire. Puis sa tête est placée sur une borne et l'éléphant bourreau l'écrase sous son énorme pied. "

 

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18 avril 2010 7 18 /04 /avril /2010 10:47

Le premier vol aéropostal du monde a eu lieu en Inde et le pilote était français !

Le 1er vol postal officiel effectué avec un appareil plus lourd que l'air – cela avait déjà été fait en ballon ou en dirigeable – fut une véritable affaire internationale. Autorisé par le gouvernement des Indes, le vol fut en fait réalisé par un pilote français à bord d'un avion construit en Angleterre, propriété d'un Anglais et conçu en France. Comment cela a-t-il débuté ?


Fin 1910, la Humber Motor Co. de Coventry (GB) envoie en Inde une équipe de 5 personnes accompagnée de 8 avions démontés à bord du navire « SS Persia ». Ils sont tous invités par le gouvernement des Provinces Unies de l'Inde (UP). La compagnie va y présenter ses produits lors d'une Exposition industrielle et d'agriculture qui se tient à Allahabad.


Humber a débuté la construction d'avions la même année. Il fabrique des appareils Blériot sous licence, en accord avec le concepteur du monoplan français, ainsi que des biplans Sommer conçus par le pilote et constructeur Roger Sommer. Ces derniers sont des améliorations d'un appareil de type Henri Farman. Tous ces avions sont équipés d'un moteur rotatif Gnôme à 7 cylindres et de 50cv. Sur le Sommer, monté à l'arrière, le moteur et l’hélice poussent l'avion, alors que le Blériot, motorisé à l'avant, est tracté par l'hélice.


L'équipe franco-anglaise est conduite par Walter George Windham, et compte 2 pilotes et 2 mécaniciens. Windham peut être qualifié de visionnaire en aviation puisqu'il fonda le 1er aéroclub de Grande Bretagne. Parmi les 2 pilotes, figure un Français de 23 ans, Henri Péquet et l'Anglais Keith Davies. Le « SS Persia » accoste à Bombay et les mécaniciens démontent encore les appareils (2 Sommer et 6 Blériot) pour pouvoir rejoindre Allahabad par le train, où ils arrivent le 5 décembre 1910. Le 10, les aéroplanes sont entièrement remontés et opérationnels depuis un terrain de polo proche de l'exposition.

  

Comment Péquet a-t-il abouti là ?

 
pequet.jpgIl débuta comme mécanicien chez Gabriel Voisin en 1908. En cette qualité, il accompagna Sanchez-Besa au meeting de Berlin. L'année sui-vante il se teste au pilotage et le 30 octobre 1909 fait son 1er décollage. Quelques jours plus tard, il y a le feu à bord de son avion et il est probablement le 1er pilote à qui cela arrive. En 1910, il participe au meeting de Buenos-Aires (Argentine) puis devient instructeur de vol à Reims.

 

Il passe son brevet de pilote le 10 juin 1910 (No. 88) sur un avion Voisin, en dernier, après ses propres élèves. Péquet n'a donc déjà plus peur des grands voyages et a déjà pratiqué des appareils très variés en fort peu de temps. Humbert recrutait des pilotes pour cette aventure en Inde, Péquet s'est porté volontaire.


A Allahabad, très rapidement, le vicaire de l'église de la Sainte Trinité contacte Windham. Il a l'intention de récolter des fonds pour améliorer un hôtel local pour étudiants indiens, en utilisant un avion. Windham pense très vite à transporter du courrier par les airs avec un marquage spécial, en survolant par exemple le Gange et en rejoignant la ville la plus proche, Naini, à 10 km. Avec une surtaxe de 6 annas cela devrait permettre de générer des bénéfices pour le « Oxford & Cambridge Hostel ».


Le directeur-général des Postes de l'Inde et Sir Geoffrey Clarke, postier général des Provinces Unies approuvent officiellement le procédé et ses implications. Une énorme publicité est rapidement faite et plus de 6’100 pièces de courrier s'empilent en vue de ce 1er vol postal de l'Inde. Le gouvernement indien produit alors un cachet spécial pour ce courrier, basé sur un schéma de Windham montrant une vue latérale du biplan Sommer. Le cachet porte l'inscription en majuscule FIRST AERIAL POST U.P. EXHIBITION ALLAHABAD. Les timbres seront ceux en vigueur localement

 

Les cartes postales et les enveloppes à transporter sur le vol sont donc oblitérées avec le marquage prévu, et certaines incluant le nom de la ville de départ, Allahabad, et une date. Bien qu'originellement prévu pour le 20 février 1911, le vol s'effectue en fait 2 jours plus tôt, le samedi 18. Cette date coïncide avec le festival Hindou de Purna Kumbha, qui n'a lieu que tous les 12 ans. En cette occasion, de nombreux Hindous font un pèlerinage vers le Gange et s'y baignent pour effacer leurs péchés.

 


L'un des biplans Sommer est choisi pour le vol car il est capable d'emporter une charge plus élevée que le Blériot. Ce Sommer s'est aussi montré plus habile dans le climat lourd et humide local. C'est Henri Péquet qui est choisi comme pilote, lui apportant là une sorte d'immortalité et reléguant l'autre pilote a de la figuration.

 

L'équipement de bord de l'avion est rudimentaire, sans tableau de bord. Péquet possède un altimètre fixé sur son genou gauche et une montre au poignet droit. En l'absence de compte-tour du moteur, la montre sert à chronométrer la cloche à huile qui alimente le moteur, celui-ci devant tourner à 1’200 t/m ou 20 tours par seconde. Ainsi équipé, le pilote décolle pour un court vol de 8 km et d'environ 10 minutes. L'appareil vole à 450 m maximum et à une vitesse de 75 km/h. En survolant le Gange, l'avion est en outre observé par au moins un million de pèlerins.

 

En plus du courrier des Postes, Péquet a dédicacé 400 cartes postales le montrant aux commandes du biplan, vendues 1 roupie pièce, également au bénéfice de l'hôtel pour étu-diants. Tout ce courrier est placé dans un sac d'environ 15 kg, sanglé sous les cuisses du pilote.

 

 b213e.jpg

 

 

Après l'atterrissage à Naini, Péquet remet le sac postal au postier local. Le courrier poursuivra ensuite sa route par voie terrestre vers des destinataires du monde entier. Tous les acteurs sont conscients qu'il s'agit du 1er vol postal de l'Inde. Mais comme il aurait pu se passer un événement postal semblable n'i435 Boeing 707mporte où sur la planète depuis l'embarquement des aviateurs 3 mois plus tôt, ils ignoraient, en ce 12 février 1912, qu'ils avaient accompli en même temps une première mondiale et réalisé un événement historique !

 

 

En 1961, l'Inde émit une série de 3 timbres pour commémorer le vol de Péquet, montrant le biplan Sommer, avec une oblitération spéciale anniversaire.

 

(source : club philatélique de Meyrin)

 

 

 

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17 avril 2010 6 17 /04 /avril /2010 00:00

L'homme que vous voyez est un français mais la photographie a été prise en Inde.

 

Et comme on est sympa, on va vous aider encore plus : il s'agit d'un homme de lettres...ici en pleine action ! Ah, mais comme on vous aime bien, un dernier indice : une calculette HP peut vous aider à vous mettre sur la piste.

 

inconnu.jpg

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13 avril 2010 2 13 /04 /avril /2010 06:21

aaajanvier2010 2702 2Depuis quelques années, vous êtes partie à la recherche de votre histoire passée. Etes-vous allée en Inde ?

Je suis allée en Inde pour la première fois il y a 5 ans pour faire un circuit en Inde du sud car je savais que ma famille venait de là.

Au bout de 2-3 jours, je me suis sentie chez moi et j’ai eu l’impression d’avoir complété mon identité.  Les gens me reconnaissaient aussi comme une des leurs, on me prenait souvent pour la guide du groupe. Mais j’étais très frustrée de ne pas pouvoir communiquer avec eux dans leur langue.

J’ai alors voulu en savoir plus sur mes origines, connaître la culture de mes ancêtres et j’ai commencé l’apprentissage du hindi et du tamil avec plus ou moins de réussite…

Depuis je vais en Inde 2 fois par an mais ce n’est jamais suffisant pour explorer, rencontrer les amis et faire des recherches sur ma famille. Alors j’ai décidé de prendre un congé sabbatique pour y passer plusieurs mois.

Avez-vous pu trouver des informations sur vos racines, votre famille ?

J’ai pu remonter jusqu’à ceux qui sont arrivés de l’Inde mais je n’arrive pas à trouver leur date d’arrivée. Pour certains, j’ai trouvé leur ville/région de naissance mais trouver des archives de l’époque est impossible.

Je sais qu’un de mes arrière arrière grand-pères est né à Madras et s’est marié en Guadeloupe avec une jeune indienne née à Calcutta. Certains sont venus du Penjab, d’autres de l’actuel Bihar.
Du côté de l’Inde, j’ai trouvé grâce aux ouvrages de Leela Sarup, une historienne indo-mauricienne, la liste des bateaux venus de Calcutta. Il y a beaucoup d’informations intéressantes mais pas de listes nominatives.

Des archives ont été brûlées en Guadeloupe ainsi qu’en Inde au départ des français donc il m’est difficile d’aller plus loin.

Au-delà des informations concrètes, quand je suis dans le sud ou dans le nord-est du pays, les locaux me prennent pour une des leurs et pour moi, ça suffit presque car je ressens la même chose.

Entre la Guadeloupe, la France et l’Inde, où vous situez-vous ?

Quand j’ai commencé à connaître l’Inde, j’ai complètement mis de côté la Guadeloupe, voire même la France. Je me suis beaucoup investie à Paris pour connaître et faire connaître l’Inde.  J’avais une double vie, Christelle au travail et Shriya en dehors avec tout mon temps consacré à des activités culturelles indiennes.

Puis lors d’un de mes séjours annuels en Guadeloupe, j’ai réalisé mon attachement à cette île où ma famille s’est installée et où mes grands-parents et parents sont nés. J’y ai passé beaucoup de vacances, j’aime la culture antillaise, c’est une partie de moi aussi et presque toute ma famille y vit encore.

Je suis née en France métropolitaine à la base aérienne de St Dizier où mon père était en poste, j’ai toujours vécu en région parisienne et j’ai une vie plutôt urbaine. J’aime la liberté dont je bénéficie ici et je suis fière d’être française, c’est mon pays avant tout. Pour le dernier 14 juillet, je suis allée pour la première fois assister au défilé militaire sur les Champs Elysées car l’Inde était invitée d’honneur et l’armée de l’air fêtait ses 75 ans. J’étais avec des indiens qui m’ont aidée à agiter le  drapeau indien et j’ai chanté la Marseillaise de bon cœur !

Depuis mon dernier voyage, beaucoup de choses ont changé. Me purifier dans le Gange à Varanasi, partager la vie de familles indiennes, échanger avec des indiens de divers horizons, tout cela m’a permis de m’enraciner en Inde. Les discussions avec Leela Sarup sur l’histoire du pays et l’hindouisme, ou sur l’art et la spiritualité avec Akhilanka, un peintre de Mysore, m’ont apportée aussi une autre vision des choses.

Je navigue entre mes différentes cultures de façon plus consciente et je peux maintenant dire que je ne suis ni française, ni guadeloupéenne ni indienne mais bien les 3 à la fois.

Et où envisagez-vous votre avenir ?

En Inde bien sûr ! J’ai acquis une certaine sensibilité aux nuances de ce pays difficile à comprendre et surtout, je m’y sens bien.

J’ai donc envie d’y vivre, de participer à son développement, de vivre sa mutation sociale et de continuer mes recherches. En attendant que cela ne se concrétise, je vais continuer à travailler sur quelques projets culturels et programmer mes prochaines vacances en Inde car après 2 mois, j’en ressens déjà le manque…

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