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11 avril 2010 7 11 /04 /avril /2010 06:13

aaajanvier2010 2702 2Christelle, l’histoire de votre famille est peu banale et est liée à un enchainement d’événements assez peu connus.  Aujourd’hui vous êtes française et vous vivez en France, mais votre histoire a des origines géographiques bien différentes. Et vos origines se situent en Inde. Mais entre 1854 et 1888 des milliers d’indiens vont quitter l’Inde. Que se passe-t-il à ce moment-là ?

Après l’abolition de l’esclavage en 1848, les français ayant besoin de main-d’œuvre pour maintenir le niveau de production de sucre dans leurs colonies, ont fait appel à la main-d’œuvre indienne dans le cadre de contrat d’engagement pour 5 ans. On parle d’ « engagisme » ou  « indentured labour ».

Cette main d’œuvre était déjà utilisée dans les îles de l’océan indien (Maurice, Réunion) par les français et les anglais en tant qu’esclaves. En ce qui concerne la Guadeloupe, les bateaux sont partis tout d’abord de Pondichéry puis de Calcutta avec des indiens venant de toutes les régions de l’Inde avec une forte majorité du Tamil Nadu et du Nord-Est de l’Inde (Uttar Pradesh et Bihar).

Les indiens souffraient de la domination anglaise et cherchaient à survivre. Entre les famines, les humiliations et la perte de leur emploi, certains n’ont vu d’autre solution que de partir dans ces îles prometteuses d’un avenir meilleur. Mais il y a eu aussi des indiens engagés de force car il fallait remplir les bateaux avant le départ.

Comment ces indiens sont-ils accueillis en Guadeloupe ?

L’accueil est loin d’être chaleureux car les indiens ont enlevé aux anciens esclaves l’opportunité de faire pression sur les français pour avoir de meilleures conditions de travail. Par ailleurs, les français, pour éviter toute alliance entre les communautés maintenaient un mauvais climat. Du coup, anciens esclaves et travailleurs engagés étaient chacun de leur côté et généralement se détestaient.

Beaucoup de propriétaires de plantations leur ont fait subir des mauvais traitements et humiliations et n’ont pas respecté pas les termes du contrat d’engagement. Pour la majorité des descendants d’engagés indiens, cela reste une histoire douloureuse.

A la Guadeloupe le 23 février 1904 débute, au tribunal de Capesterre-Belle-Eau un procès qui se terminera en 1923. Pour vous ce fut une étape très importante. Que s’est-il passé ?

 Les indiens étaient censés venir pour 5 ans  mais tout était fait pour qu’ils restent, de gré ou de force, car cela coûtait cher de les ramener et qu’on avait besoin d’eux.

Ils ne pouvaient pas légalement continuer à pratiquer leur religion, les mariages autres que chrétiens n’étaient pas reconnus et les enfants nés en Guadeloupe devaient être christianisés. Mais en même temps, ils étaient apatrides. Ni français ni anglais et avec la fin des convois de retour dans les années 1890, ils ne pouvaient plus repartir.

Un juge de paix guadeloupéen d’origine indienne, Henry Sidambarom, s’est battu pendant presque 20 vingt pour que ces travailleurs et leurs descendants obtiennent le droit de vote et la nationalité française.

Cela a permis aux indiens et aux indo-guadeloupéens de retrouver leur dignité, de prendre part à la vie de l’île et de s’intégrer en Guadeloupe. Mais ils ont quand même réussi à garder un peu de leur culture indienne et à la transmettre.

L’histoire de cette émigration est-elle connue en Inde ?

L’Inde a pris conscience de l’histoire des engagés depuis quelques années maintenant. Le « Ministry of Overseas Indian Affairs » a même été créé pour instaurer un lien avec sa diaspora, descendante d’engagés ou non,  disséminée dans le monde car elle a un poids économique grandissant. Tous les ans en janvier ont lieu les « Pravasi Bharatiya Divas » (journées de la diaspora indienne) où se retrouvent notamment les GOPIO (Global Organisation of People of Indian Origin).

Les réunionnais ont toujours eu un lien très fort avec l’Inde de par leur histoire et la proximité géographique.

Le GOPIO Réunion, présidé par Paul Canaguy, a organisé des commémorations à Pondichéry en janvier 2010, avec le concours des institutions indiennes et françaises. Les antillais ont été invités à participer à ces évènements et, suivant l’exemple de la Réunion, ils sont en train de s’organiser. Outre la marche sur le bord de mer au son des tambours, une stèle en mémoire des engagés a été posée dans le jardin de l’auditorium de l’Université de Pondichéry et inaugurée par le Chief Minister.

 

A SUIVRE

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11 mars 2010 4 11 /03 /mars /2010 11:39

Aujourd’hui, il s’agit d’aider Pierre-Edouard à préparer l’avenir et à trouver des indiens et des français qui puissent rejoindre le bureau de l’association indienne. Il est important en effet que l’action de Pierre-Edouard puisse toujours trouver des soutiens financiers et pour cela il est essentiel que des personnalités, à Bombay, fassent partie de l’association afin de faciliter la communication et le lobbyisme. La difficulté avec les expatriés est qu’ils ne restent que quelques années en Inde et donc il  faut s’appuyer d’abord sur des indiens.

Mais si des expatriés lisent cet article et sont intéressés, qu’ils nous le fassent savoir.

Et en France que peut-on faire ?

La priorité en France est de remonter la structure associative qui existait et qui a été dissoute, car le jeune couple qui s’en occupait a du démissionner pour cause de maternité (deux jumeaux attendus le mois prochain !). Donc Pierre-Edouard recherche deux personnes, l’une pour le poste de trésorier, l’autre pour le poste de Secrétaire Général. Il s’agit d’un travail qui prend de 4 à 5 h par semaine et qui consiste à remonter ce qui existait, à savoir l’animation d’un réseau de donateurs et parrains, et la communication externe. Pour le trésorier, il s’agit de recevoir des fonds, d’émettre les reçus fiscaux et de virer les fonds à l’association indienne qui existe toujours. 

Cela c’est l’urgence. On a absolument besoin de deux bénévoles pour remettre sur pied l’association française.

Puis, bien sûr, on cherche aussi des parrains qui acceptent de donner 10 euros par mois pour un parrainage. Aujourd’hui les fonds ne peuvent être virés que sur le compte personnel de Pierre-Edouard ce qui ne satisfait personne (cela est du au fait que l'association indienne attend l'autorisation de la Banque Centrale pour recevoir des fonds de l'étranger !). Il faut donc que l’association française soit recréée, qu’elle soit habilitée à délivrer des reçus fiscaux. Mais si quelqu’un veut parrainer une élève cela est provisoirement possible en utilisant le compte de Pierre-Edouard.

 

Voilà, vous en savez maintenant beaucoup plus sur l’action de Pierre-Edouard et sur la façon dont vous pouvez aider.

Cet article est peut-être une bouteille jetée à la mer ; mais qui sait, l'un d'entre vous ou un de vos proches peut être intéressé ? Faites-le savoir autour de vous. Et merci de nous contacter si vous souhaitez être mis en relation avec Pierre-Edouard.

De notre coté, Geoffroy et moi essayons de l'aider localement en vue d'identifier des personnalités locales et de trouver des financements. Nous avons déjà quelques pistes...




 

 

 

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9 mars 2010 2 09 /03 /mars /2010 15:22

PE PeanNous avons parfois l’occasion de rencontrer des personnes assez extraordinaires dans notre vie à Bombay et lorsque cela arrive nous partageons ces expériences dans ce blog.  Aujourd’hui nous allons vous parler d’un français  qui est ici depuis 17 ans et qui a réalisé quelque chose d’assez remarquable. Et nous pensons qu' en lisant cet article vous vous direz, comme nous, comment peut-on l’aider ?

Pierre-Edouard Péan est un agent de voyage retraité qui est venu s’installer à Bombay en 1992. Il avait des contacts avec l’Inde auparavant et s’est dit que le problème de ce pays c’était d’abord l’éducation des jeunes ; en 1989 il créé en France l’Association pour l’Ecole Franco-Indienne de Bombay et finalement décide de s’installer à Bombay en 1992 où il crée The Association for the French Indian School  of Bombay (AFISOB) rebaptisée par la suite, Franco-Indian Trust for Education.

La première école, celle de Bandra, est ouverte en mars 1993 avec un professeur. En 1995 il ouvre une deuxième école dans le bidonville de  Malad. Deux ans plus tard il y a 1019 élèves dans ces deux écoles et 8 professeurs.  

En 2007, une troisième école est ouverte à Chandivali, (où une partie de la population du bidonville de Malad a été relogée) avec le soutien financier de Total. Cette école dispense des cours d’informatique et de dactylographie.  Et en septembre 2008 une maternelle est également ouverte à Chandivali.

Ces écoles s’adressent aux jeunes filles des bidonvilles et visent à leur apporter une formation pratique : anglais, informatique, couture etc…

Un système de parrainages fonctionne aussi depuis plus de dix ans et concerne une centaine de filles dont tous les frais de scolarité sont payés chaque année.

Puis Pierre-Edouard prend conscience qu’il faut aussi aider les jeunes filles qui en ont les capacités,  et qui veulent poursuivre leurs études en faculté, car elles ont à faire face à un énorme problème. En effet, tout leur enseignement s’est fait en Marathi (langue locale) et en Faculté tout est en anglais. Il met au point un système de bourses (les six premières ont été accordées par Total Inde)  qui finance, pendant quatre ans, les leçons particulières d’anglais et la revision en Marathi des cours en anglais.

Si on demande à Pierre-Edouard pourquoi ses écoles ne s’adressent qu’aux filles, il vous répondra dans un grand éclat de rire qu’il est féministe ! Mais en tête de son livre il cite cette phrase de Ambedkar (un intouchable devenu le père de la Constitution indienne) : « Eduquer un homme c’est éduquer un individu, éduquer une femme c’est éduquer toute une famille »

Pierre-Edouard est une personne non-conventionnelle ; il raconte volontiers son histoire qu’il a d’ailleurs publiée dans un petit livre intitulé « De la ferme au bidonville ». Si ce livre n’est pas impressionnant par sa taille, 110 pages, le récit est impressionnant par son authenticité. Ce n’est pas quelqu’un qui se prend au sérieux et il a beaucoup d’humour. C’est surtout quelqu’un qui est animé d’une forte volonté créatrice et qui a su s’épanouir dans une nouvelle vie utile.   


Alors, concrètement, que peut-on faire pour l'aider ? C'est la question que nous nous sommes posées, après un diner avec Pierre-Edouard. Nous vous proposerons quelques élements de réponse dans un prochain article.
 

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27 février 2010 6 27 /02 /février /2010 14:30

carte.jpg



















Voila une information qui intéressera tous ceux qui font des recherches sur l'Inde. Il existe une asociation qui mène une action de mémoire sur les anciens comptoirs français :
Chandernagor, Karikal, Mahé, Pondichéry, Yanaon...

Cette association a un site qui explique les différentes activités et il y a un fonds d'archives à Paris de plus de 700 ouvrages, vieilles revues, cartes postales, collection de timbres des Indes françaises, pièces de monnaies, gravures anciennes et documents divers. 

Le site est le suivant :
www.comptoirsinde.org 

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30 janvier 2010 6 30 /01 /janvier /2010 10:55

aventuriers.jpgVoilà un livre intéressant publié en 1998 (sous la direction de Rose Vincent) par les Editions Kailash.

L'introduction de ce livre rappelle que l'Inde, au XVIII° siècle a failli être française, ce qui est pour nous une conviction. On ne le dira jamais assez, mais si nous sommes fascinés par tous ces français qui ont eu un destin en Inde, ce n'est pas tellement parce qu'ils sont français, mais bien parce que l'Inde aurait pu être, en partie au moins, française, essentiellement grâce à Dupleix, un homme de génie, dont les plans ont été anéantis par le plus bête des ministres de Louis XV, selon la formule désormais passée à la postérité.

Et au-delà, il existe, à notre humble avis, de profondes empathies ou connections entre l'Inde et la France !


Et c’est de tout cela dont nous parle ce livre.

Le premier chapitre est consacré aux  aventuriers français. Si nous avons consacré plusieurs articles à ces aventuriers français dans notre blog, ce livre en évoque beaucoup d'autres, souvent moins connus. On peut mentionner celui qui aurait été le premier d'entre eux, Pierre Malherbe. Celui-ci aurait convaincu Henri IV de fonder une compagnie commerciale en 1609 et il aurait été le premier français à faire le tour du monde ! Malherbe passa quelques années au service de l'empereur Moghol Abkar auquel il expliqua, en persan, le dogme catholique. Henri IV semblait convaincu qu'il fallait commercer avec l'Inde mais Sully, absorbé par les guerres avec l'Europe, s'y opposa.

Un bordelais, Augustin Hiriart, suivit sa trace et lui succéda à la cour des Grands Moghols (Jahangir avait alors succédé à Akbar) mais ne réussit pas non plus à attirer la France en Inde. En 1612, Augustin convertit deux jeunes hindoues au catholicisme et en épouse une. Cet Augustin, joailler de son état, brilla surtout en Inde par ses capacités d'ingénieur qui trouvèrent des applications militaires.
Il faudra attendre Colbert pour voir la création de la Compagnie des Indes Orientales

Ce chapitre évoque aussi Tavernier (1605 - 1689) et François Bernier (1620 - 1688) sur lesquels nous avons déjà écrit. A propos de Tavernier le livre évoque une coutume des marchands indiens ; Tavernier avait en effet observé que les marchands de diamants, qu'ils soient hindous ou musulmans, concluaient entre eux des transactions dans le plus grand silence, sans une seule parole. La négociation du prix se faisait par simple pression de la main de l'acheteur sur celle du vendeur, une pression de la main signifiant mille roupies, des cinq doigts 500, d'un seul doigt 100. Ce qui permettait de ne pas dévoiler aux autres marchands le prix négocié ! Est-ce pour cela qu'il ne faut pas prendre de gants pour négocier en Inde ?

Le deuxième chapitre évoque la Compagnie des Indes et les compagnies commerciales fondées par les européens au XVII° siècle. On voit hélas que les français perdirent des occasions à cause de querelles entre différentes villes dont Rouen et Saint-Malo acharnées dans la défense de leur autonomie commerciale.

Le troisième chapitre est consacré à Pondichéry (nous écrirons un jour sur ce thème que nous n'avons abordé qu'avec Dupleix, mais nous attendons d'y aller !)

Les quatrième et cinquième chapitre nous raconte les tentatives des missionnaires, à commencer par Saint François-Xavier au début du XVI° siècle à Goa. 

Le chapitre intitulé "les derniers efforts français" est consacrée à ces français qui se mirent au service des princes indiens, dont René Madec, Benoît de Boigne. On y évoque bien sûr Victor Jacquemont, Jean-François Allard, noms qui sont familiers à nos lecteurs puisque nous avons écrit sur ces personnalités remarquables.

Un chapitre est consacré aux liens dans le domaine des sciences avec bien sûr Anquetil-Duperron qui débarqua à Pondichéry en 1755 à 23 ans.

Le huitième chapitre, "L'Inde retrouvée" traite de la place de l'Inde dans l'orientalisme français, ou dit autrement de la représentation que la France se faisait de l'Inde. Voltaire, Diderot, Montesquieu ont évoqué l'Inde, mais sans aller beaucoup plus loin. Si le sanskrit fait son apparition en France vers 1803 triomphe-Alexandre-Gustave-Moreau.jpget le Collège de France crée une chaire d'indianisme en 1815, il faudra attendre le grand indianiste Eugène Burnouf (1801 - 1852) pour avancer dans ce domaine.

Curieusement l'Inde fut assez ignorée par la peinture française romantique. Certes Delacroix intégra quelques éléments indiens dans sa "Mort de Sardanapale", Gustave Moreau fut influencé par les miniatures mogholes (en photo, le tableau le triomphe d'Alexandre le Grand, Porus) et Odilon Redon puisa dans le bouddhisme son inspiration symboliste, mais l'Orient de cette génération était situé en Algérie ou en Egypte !

On a souvent reproché aux indianistes d'étudier l'Inde sans l'aimer mais on pourrait dire des artistes et auteurs du XIX° siècle qu'ils ont aimé l'Inde sans l'étudier ! C'est vraiment le cas des grands Romantiques, belles machines à fabriquer des images fantastiques, des émotions et du rêve, comme le furent Victor Hugo, Chateaubriand, Lamartine, Théophile Gauthier et Gérard de Nerval. La belle formule de Gobineau pourrait leur être appliquée : "ils ont besoin d'un monde qu'on ne voit pas!".  L'Inde semble avoir davantage inspiré les romanciers que les poètes et on peut citer Judith Gauthier (la fille de Théophile) avec "L'Inde éblouie" qui fut un best-seller dans les années 1850. Il faut aussi mentionner "La maison à vapeur; voyage dans l'Inde septentrionale" de Jules Verne.

800px-Romain_Rolland_and_Gandhi.jpgLe dernier chapitre est très intéressant et parle de la relation entre la France et l'Inde au XX° siècle avec notamment la création du Comité Franco-indien en avril 1914 dont le Président d’honneur était Pierre Loti (on se souvient de son livre au titre sympathique : "l'Inde sans les Anglais"). Est évoqué aussi Gandhi dont Romain Rolland sut si bien comprendre son action (photo). Et on se souvient aussi que Romain Rolland fut très lié à Rabindranath Tagore (Prix Nobel de Littérature en 1913). Romain Rolland et Tagore furent de grands défenseurs de la paix et de la liberté. « L'offrande lyrique » de Tagore, traduite par Gide, eut un immense succès en France ce qui valut à Tagore d'être invité dans les salons parisiens et de rencontrer la comtesse de Noailles et Paul Valéry.

Plus tard, lorsque l'Inde fut devenue indépendante, ce furent les relations étonnantes entre Malraux et Nehru.


Vous l’avez compris, ce livre offre à ceux qui s’intéressent à l’Inde une très bonne synthèse des relations entre la France et l’Inde.

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28 janvier 2010 4 28 /01 /janvier /2010 10:48

Notre ami Hemant est toujours à La Rochelle !

Il découvre ainsi notre pays et nous envoie quelques dessins.


1-MORPARIA






























1-Sans titre-1

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13 janvier 2010 3 13 /01 /janvier /2010 15:16

Donation

Comme nous l’avons dit, Claude Martin meurt à Lucknow le 13 septembre 1800.

Le testament du général Martin, écrit en entier de sa main, fut signé par lui le 1er janvier 1800. C'est un document volumineux et fort curieux. L'original, en langue anglaise, fut traduit en français et imprimé dans les deux langues, en vertu d'un arrêté du préfet du Rhône, en date du 28 brumaire an XI, qui stipule que « un exemplaire sera adressé au gouvernement, avec invitation instante d'autoriser la commune de Lyon à accepter le legs mentionné au dit testament ». Cette publication, intitulée « Dernière volonté et Testament du major général Cl. Martin », fut éditée par Ballanche père et fils à Lyon ; elle est datée an XI-1803, et forme un volume in-4° d'environ 150 pages. Le testament est divisé en 34 articles ; il est suivi d'un « Extrait » qui résume les dons,

Son testament prévoit de léguer à trois villes, Lucknow, Calcutta et Lyon, 700000 francs chacune, somme destinée à la fondation d’établissements d’enseignement pour enfants des deux sexes. Pour Lyon, l’établissement de cette institution scolaire doit être décidé par les académiciens lyonnais. Il donne également à la ville de Lyon une somme pour libérer les prisonniers pour dettes. Le conseil municipal de Lyon prend acte du testament le 28 mars 1803. Le début du legs n’arrive à Lyon qu’en 1826 et s’échelonne jusqu’en 1878. Ce retard peut s’expliquer par toute une série de facteurs, dont les guerres napoléoniennes, les réticences anglaises et la lenteur des autorités de la Restauration. En 1822, l’Académie des Sciences, belles Lettres et Arts de la ville de Lyon décide que cette école sera gratuite et portera sur les arts et métiers. En 1825, la ville de Lyon confie à Charles Tabareau, membre de l’Académie, le soin d’établir la future institution qui doit porter le nom de son donateur.

Claude Martin a dons voulu et permis la création de cinq écoles (écoles La Martinière), deux à Lucknow et deux à Calcutta, une pour les garçons et une pour les filles, et enfin une dans sa ville natale de Lyon, écoles qui existent toujours, celle de Lucknow étant dans les murs de Constantia.

L'école La Martinière de Lyon sera très novatrice du point de vue pédagogique, inventant par exemple l'utilisation de l'ardoise, toujours utilisée de nos jours, technique portant d'ailleurs le nom de méthode ou procédé La Martinière utilisé pour l’apprentissage du calcul mental.

Vu avec le recul, il est tout à fait remarquable que Martin, ayant eu une vie d’aventurier aux Indes, ait souhaité que sa fortune serve le noble dessein de l’éducation. Il s’en explique dans son testament :

«J'ai lu beaucoup de choses, la plume à la main, souvent dans des conditions difficiles, et je sais la valeur des premiers rudiments inculqués par le curé de Saint-Saturnin. C'est pourquoi je partage ma fortune en deux. Je tiens à remercier tous ceux qui ont été autour de moi par leur rendant la vie plus facile après ma mort. Je tiens aussi à donner aux enfants des deux de Lyon et de l'Inde, l'instruction que j'ai reçue avec tant de peine. Je veux qu'il soit facile pour les jeunes d'avoir accès aux connaissances spécialement les sciences. »

A la fin de sa vie, Martin, qui n’est pas pratiquant se souvient de sa foi chrétienne et écrit, toujours dans son testament : « J'espère que le Tout-Puissant me pardonnera et sera miséricordieux envers moi, pour ne pas avoir suivi toutes les cérémonies recommandées dans cette religion (la religion chrétienne), ayant eu pour principes de prier et d'adorer Dieu, le Créateur de tous, et d'agir avec les autres créatures comme j'aurais souhaité qu'on eût agi avec moi".

A Lyon, une rue porte son nom :  la rue du Major Martin.

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11 janvier 2010 1 11 /01 /janvier /2010 14:59

Le business man

Il acquiert, grâce aux largesses du nabab, à son travail et à ses différentes opérations commerciales, pas toujours des plus limpides, une immense fortune évaluée à près de 9 millions de francs au moment de sa mort. Cette richesse a été acquise par des commissions sur les achats effectués par l’arsenal, grâce aux loyers perçus sur diverses propriétés, mais surtout par des prêts d’argent à 12 % aux Indiens et aux Européens, par les ventes d’indigo, de lapislazuli et d’autres produits indiens vendus en Angleterre, via Calcutta, par l’intermédiaire de ses agents londoniens, les Raikes. Cette fortune, Martin la gère aussi de façon très prudente, voire même un peu avaricieuse, tout en achetant en Europe des livres et des oeuvres d’art. De plus, il se fait construire, après l’abandon de l’idée d’un retour en Europe, un palais somptueux à Lucknow dans les années 1790.

Martin n'a pas tardé à réaliser l'importance de l'agriculture indigo et investi dans cette entreprise performante dans plusieurs parties de l'Inde du Nord. Il a exporté de l'indigo et du tissu notamment vers l’Espagne. Martin a également réalisé une fonderie de canons, a mis au point une nouvelle méthode de la coupe de diamants. Il mis au point également un procédé nouveau pour l'extraction de l'indigo et le publia dans les Annales de la Société asiatique en 1791.

L’architecte

Ses compétences en architecture étaient très appréciées à Lucknow et sa proximité avec le Nawab Asaf-ud-Dawla lui ont donné une occasion unique de participer à la construction de plusieurs bâtiments à Lucknow. Claude Martin deviendra l’architecte en chef de la ville de Lucknow et réalisera entre autres le Raj Bhavan (maison du gouvernement), la résidence officielle du Gouverneur.

 

La Martinière (Constantia)

 

http://farm3.static.flickr.com/2161/2502495034_83a9495e7a.jpg
Suite à sa décision de ne pas rentrer en Europe, il utilise une partie de la fortune colossale, peut-être la plus importante amassée par un Européen en Inde, pour faire bâtir un palais, Constantia, qui, bien que largement achevé en 1795, ne sera pas complètement terminé à son décès.

Ce palais, initialement conçu comme un tombeau, a d’abord été appelé Constantia avant d’être nommé La Martinière. Martin avait choisi comme blason pour ce palais des éléments rappelant sa vie et comme devise « Labore et Constantia », gravée sur le balcon du premier étage. Si certains pensent que le nom Constantia vient de là, d’autres ont une version plus romantique en faisant remarquer que Martin, avant de s’embarquer pour les Indes, avait été très amoureux d’une jeune fille prénommée Constance.

La construction est imposante et étonnante et tient tout à la fois du château gothique et de la folie baroque.

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/48/Lucknow_-_La_Martiniere_(1858).jpgD'énormes lustres en cristal d'Angleterre décorent la chambre principale. Il y avait aussi des toiles de Johann Zoffani, l'artiste allemand qui était un ami de Martin, et des tables de marbre importées ainsi que de nombreux bustes et statues.

Martin fit venir des milliers de plaques de marbre et fit venir de France des bergères et du mobilier.

Les statues de lion sur le parapet ont été conçues pour tenir des torches enflammées à l'intérieur de leur bouche ouverte. Mais ces lions sont aussi un calembour visuel car Martin était de Lyon.


A SUIVRE

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9 janvier 2010 6 09 /01 /janvier /2010 14:50

Certaines sources biographiques indiquent qu’il adopte son premier enfant indien, Boulone (appelée aussi Lise) âgée de neuf ans, en1775. On verra plus loin que la réalité est quelque peu différente.

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/7a/Asifportrait2_-_Asuf_ud_Daula.jpgCet autodidacte, avide de connaissances, devenu officier, mais aussi architecte, géomètre, ingénieur, est, malgré son travail et son habileté, mal accepté par les hauts fonctionnaires anglais pour cause de roture. Est-ce pour cette raison ou bien parce qu’il est remarqué, pour ses qualités, par le nabab d’Awadh, que Claude Martin est détaché par la Compagnie anglaise des Indes pour passer à son service.

Mais c’est surtout sous le règne de son fils, Asaf-ud- Daula, installé à Lucknow que Claude Martin va prospérer à partir du milieu des années 1770. Asaf-ud-Daula le fait inspecteur de son artillerie, mais aussi son confident. Ces liens avec le nabab de Lucknow ne l’empêchent pas d’aller combattre victorieusement en 1791, en tant qu’aide de camp du commandant en chef anglais, Tipu, le souverain de Mysore, ami de la France. Martin va devoir évoluer, lui l’étranger employé par la compagnie des Indes, mais travaillant à Lucknow au service du nabab, tout en étant surveillé par le résident anglais, dans un environnement des plus délicats sur le plan diplomatique. Il va y réussir parfaitement.

En 1791 il accompagne Lord Comwallis comme aide de camp lors de la Troisème guerre de Mysore puis retourne à Lucknow après la chute de Seringapatam. C'est pendant cette campagne, informé des évènements qui se déroulent en France, qu'il prend la décision de ne pas rentrer en Europe et de terminer sa vie en Inde, contrairement à ses amis Antoine-Louis Polier qui sera assassiné à Avignon par des brigands en1795 et Benoît de Boigne qui se réfugie en Angleterre pendant la Révolution Française. En 1794 il se porte volontaire pour conduire la cavalerie du Nabab de l'Awadh contre les Rohillas révoltés, ce qui lui vaut sa dernière promotion de Major Général.

Le 1er janvier 1800, Claude Martin rédige un long testament sur lequel nous reviendrons. Il meurt à Lucknow le 13 septembre de la même année.

Sur sa tombe est inscrit : «  Ici repose le Major général Claude Martin arrivé en Inde comme simple soldat ».

Au-delà du récit chronologique de cette épopée, il est intéressant d’approfondir certains aspects de la vie de Martin car ses domaines d’action et d’influence ont été nombreux et variés et aussi parce que cet homme qui s’est considérablement enrichi a destiné une grande partie de sa fortune, par voie testamentaire, à une œuvre éducative qui existe toujours.

 

Vie personnelle

Martin ne s'est jamais marié, mais avait plusieurs maîtresses, ce qui était la pratique habituelle à cette époque. Sa maîtresse favorite s'appelait Boulone (c.1766-1844), qui avait trente ans de moins que lui. Il l'avait acheté comme une jeune fille âgée de neuf ans. Martin a toujours affirmé que ils ont vécu heureux ensemble. Boulone est aussi appelé Bibi Sahiba ou encore Gori Bibi. Elle est représentée tenant une canne à pèche dans un tableau peint par Johann Zoffany, peintre allemand (1733 – 1810).

Cependant Martin avait d’autres maitresses et à la fin de sa vie il entretenait 7 favorites dont les deux sœurs de Boulone.

A SUIVRE

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7 janvier 2010 4 07 /01 /janvier /2010 12:36

claudemartin.jpgVoilà un français, un lyonnais, qui eut un destin remarquable en Inde ! A 16 ans il s’embarque pour l’Inde rêvant de destin et de fortune.


Il sera d’abord officier servant la France puis l’Angleterre. Mais il sera aussi homme d’affaires, architecte. Claude Martin s’enrichira en Inde et se fera construire un palais à Lucknow.


Par testament il destinera une grande partie de sa fortune à la création de 5 écoles qui existent toujours en Inde et à Lyon.






Né à Lyon le 4 janvier 1735, ce fils de maître vinaigrier et fabricant de tonneaux de la paroisse Saint-Pierre et Saint-Saturnin, orphelin de mère à moins d’un an, va connaître une destinée peu ordinaire. Ayant appris à lire et à écrire à l’école de la paroisse, il devient apprenti en 1749 chez un chef d’atelier en soierie. On sait qu’à l’école paroissiale il excellait en maths et en physique.

En 1751 il s’enrôle dans la Compagnie française des Indes orientales et s'embarque le 9 décembre à Lorient à destination de Pondichéry où il arrive le 20 juillet 1752.  Au moment de son départ, sa belle-mère tente de le retenir mais en vain. Alors elle lui lance : « Soit, mais ne reviens qu’en carrosse ! » 

Il sert sous les ordres de Dupleix, puis devient membre de la garde personnelle du commandant en chef, en particulier du comte de Lally arrivé en 1758, dont la mission, en pleine Guerre de sept ans contre les Anglais, est de ramener l’ordre dans les troupes de la Compagnie. Pour cela, il utilise des méthodes brutales qui ne contribuent pas à remonter le moral des troupes.

Mais assez vite il se rend compte que le vent a tourné et considère que la France n’a plus d’avenir en Inde (nous sommes 4 ans après la révocation de Dupleix) et toujours motivé par la recherche de la fortune il passera dans le camp britannique. On peut s’interroger sur les raisons qui poussent Claude Martin à passer du côté des Anglais. Est- il révolté par la sévérité de son commandant, ce qui l’aurait poussé à déserter, mais on ne retrouve pas son nom dans les listes de déserteurs ? Est- il fait prisonnier par les Anglais ? Pense-t- il, avec raison, que la fortune ne peut être acquise du côté français qui manque de moyens et d’ambition aux Indes ? Quelle que soit la raison, Claude Martin rejoint les forces britanniques et plus particulièrement la Compagnie Française Libre composée de français ayant rallié l’ennemi héréditaire !

 

Il va gravir les échelons ; nommé enseigne en 1763, lieutenant l’année suivante, capitaine en 1766, major en 1779,http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/6/6b/Early_flight_02562u_%282%29.jpg/200px- colonel honoraire en 1793 pour terminer major général en 1795.

En 1765 il est percepteur à Lucknow. C’est là qu’il passera la plus grande partie de son séjour en Inde. Il semble avoir été muté de l’armée vers des services administratifs puisqu’en 1767 il est géomètre et fait des relevés cartographiques dans le nord de l’Inde. Il sera réintégré dans l’armée en 1769 mais continuera à relever des plans.

Martin est un homme du Siècle des Lumières et il se tient au courant des inventions qui sont produites en Europe. Il fait par exemple la première démonstration d'une montgolfière à Lucknow en 1785, moins de deux ans après le premier vol en France, ce qui est remarquable compte tenu du temps que mettaient les informations pour circuler de l'Europe vers l'Inde.

Il tombera malade en 1773 et connaîtra des problèmes de calculs dans la vessie qui le feront souffrir toute sa vie. Claude Martin ira même jusqu’à s'opérer lui-même, avec succès, de ses calculs de la vessie, par les voies naturelles ; il écrit un papier pour décrire son mode opératoire, papier qu'il envoie au Royal College of Surgeon de Londres mais qui n'est pas pris au sérieux car on doute qu'il ait pu faire cette opération lui-même.

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