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21 décembre 2010 2 21 /12 /décembre /2010 10:25

La photo que vous voyez montre Georges Tailleur, dernier gouverneur de Chandernagor, signer la rétrocession de ce comptoir à l'Union Indienne en mai 1950.

 

048.JPG

 

Pour information, Georges Tailleur a écrit un livre (que nous n'avons pas lu) qui s'intitule "Chandernagor ou le lit de Dupleix".

Nous reproduisons néanmoins le compte-rendu que Jean Bertrand en faisait.

  

1949 ! L’Inde, après son accession à l’indépendance, connaît une crise nationaliste passionnée. La poussée est irrésistible.

Chandernagor, capitale déchue, étouffée par Calcutta, jalousée d’abord puis négligée par Pondichéry, n’est plus qu’un radeau à la dérive. Pas de projets, pas d’ouverture sur l’avenir ; rien n’est venu redresser le prestige français très entamé par la défaite de 1940. Il n’y a même plus de présence française réelle : en dehors de l’administrateur et du commissaire de police commandant le corps des cipayes, un seul ressortissant français rejeton d’une vieille famille de l’Inde française occupant un emploi obscur dans une usine de jute, anglaise... quelques sœurs à l’orphelinat ; de citoyenneté française également, deux fonctionnaires pondichériens, l’un président du tribunal, l’autre préposé au Trésor ; pas d’Européens en dehors du prêtre belge, de quelques sœurs irlandaises et de quelques Anglaises mariées à des Chandernagoriens. Comment les Bengalis de Chandernagor, oubliés et abandonnés, n’ambitionneraient-ils pas de rejoindre leurs frères de l’Union indienne en pleine euphorie d’indépendance ?...

 

On aura recours à un référendum pour fixer le sort de ces populations indiennes. Certes la Constitution l’exigeait, mais l’opportunité d’une telle consultation apparaît aujourd’hui bien contestable, sachant que deux ans plus tard la France allait abandonner les quatre autres comptoirs sans même prévoir l’esquisse d’une opération similaire ; il est vrai que, dans le contexte local de l’époque, elle avait toutes les chances d’y réunir une majorité favorable...

 

A Chandernagor, aucun facteur positif ne jouait en sa faveur et tout scrutin populaire ne pouvait aboutir qu’à des résultats négatifs.

 

C’est à Georges Tailleur, jeune administrateur de la France d’Outre-Mer, que reviendra la périlleuse tâche de diriger les opérations du référendum et le triste honneur d’amener les couleurs. Dernier de la longue liste des gouverneurs et des administrateurs qui présidèrent aux destinées de Chandernagor, il avait le droit et il s’est fait un devoir de relater les événements qui ont conduit au “merging”... To merge : se perdre, se fondre ; c’était bien le cas pour cette modeste mais orgueilleuse cité, autrefois capitale de Dupleix et destinée à être engloutie dans l’immense conurbation de sa rivale de toujours, Calcutta.

 

Réaction au climat d’incompréhension et parfois d’hostilité dans lequel gît la mémoire de l’aventure coloniale, le livre de George Tailleur n’en donne pas moins un récit objectif des événements, un portrait des protagonistes souvent plein d’humour et nous montre comment, infime partie d’un empire moribond, Chandernagor sera le premier maillon d’une chaîne que personne, à Paris, ne voulait prendre la responsabilité de briser.

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commentaires

R
Bonjour, <br /> Je cherche à identifier la source de la photographie de la signature de la rétrocession de Chandernagor reproduite en tête d'article. <br /> Merci pour votre aide. Hélène
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L
Avant 1870, il y avait une petite bourgeoisie Créole coloniale Française de environ 180 personnes à Chandernagor . Entre 1855 et 1860, divers accords de "libre échange" entre la France et la grande Bretagne mettent en faillites les diverses familles bourgeoises créoles Françaises, qui partent de Chandernagor, soit pour rentrer en métropole, partir à l'ile de la Reunion, Madagascar, ou les Antilles. Déjà, en 1905, il ne restait plus que environ 5 Français à Chandernagor. En 1905, la France voulait échanger Chandernagor et ses comptoirs de l'inde (dont Pondichéry) contre les Nouvelles Hébrides. Le projet n'aboutira pas. à partir de 1920, rebellotte : la France voulait échanger ses comptoirs d'Inde, soit contre la Gambie, ou encore une foi, les Nouvelles Hébrides : nouveau refus Anglais. Les 5 comptoirs Français en Inde étaient un boulet colonial qui coûtait cher aux contribuables. En 1945-1947, la situation change : si les Français rendaient les 5 comptoirs à l'Inde, ce serait vu comme un acte de faiblesse, par les Vietminhs Vietnamiens en Indochine Française, en lutte pour l'indépendance. En 1951, Chandernagor sera rendue en toute discretion à l'inde. En 1954, les autres comptoirs sont cédés à l'Inde. 1954, c'est aussi Dien-Bien Phu, et la râclée infligée aux Français en Indochine. En 1961, seuls 3 résidents acceptent la nationalité Française à Chandernagor.. Aucun ne parle Français, 3 parlent le Bengali, et un Bengali et Anglais. Depuis 2004, Chandernagor est devenue Chandannagar.
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R
En 1947, si la France ne souhaitait pas rendre ses comptoirs à l'Inde, c'était pour ne pas faire exploser le Nationalisme en Indochine, ou la France était déjà en guerre. <br /> sinon, Déjà, depuis 1860, avec le régime de Napoléon III, la France souhaitait abandonner ses comptoirs à la grande Bretagne. Elle retenta de les céder en 1905 et 1920, car répartis en 5 ensembles, ils coûtaient chers à l'administration coloniale, et ils ne rapportaient rien : contrairement à l'Inde Portugaise, qui avait un arrière pays agricole, les 5 comptoirs n'étaient que des villes, et ne produisaient rien. Tout au plus, la main d'oeuvre travaillait pour des industries liées à l'Inde Britannique. La présence Française en Inde n'était que symbolique.
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N
Il existe meme aujourd'hui une section française a l’école Kanailal a Chandernagore. Voici le lien:http://kanailalvidyamandirfrench.blogspot.sg/p/history.html
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L
C'est comme pour l'Indochine : si il y avait 40 000 Européens et Américains en 1939, au Cambodge, il n'y avait jamais eu plus de 200 Français, et moins de 50 au Laos...
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